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Mon poême préféré

42 ans Une bibliothèque j'espère, sinon ma thèse ne finira jamais... 2848
Kiwikiwikiwi a écrit:
gg95 a écrit:
"Demain dès l'aube" : content de voir que ce poème que j'adore est également apprécié par une représentante de la jeunesse actuelle...  
:P



Merci, il y a un autre poème que je voulais vous faire partager et que j'adore c'est le Roi des aulnes un poème allemand (Erlkönig) de Goethe...

Le Roi des Aulnes
Johann Wolfgang Goethe

Qui chevauche si tard dans la nuit dans le vent ?
C'est le père avec son enfant,
Il serre le garçon dans ses bras,
Il le tient fermement, il le garde au chaud

Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage d'effroi ?
Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le roi des Aulnes avec couronne et traîne ?
Mon fils, c'est une traînée de brouillard.

Toi cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai à de bien jolis jeux avec toi,
Il y a tant de fleurs multicolores sur le rivage
Et ma mère possède tant d'habits d'or

Mon père, mon père, n'entends-tu pas
Ce que le Roi des Aulnes me promet doucement ?
Calme-toi, reste calme, mon enfant,
Le vent murmure dans les feuilles mortes

Veux-tu, petit garçon, venir avec moi ?
Mes filles doivent déjà d'attendre
Mes filles conduisent le Rhin nocturne,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs dances

Mon père, mon père, ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes cachées dans l'ombre ?
Mon fils, mon fils, je le vois bien,
Les saules de la forêt semblent si gris.

Je t'aime, ton joli visage me touche,
Et si tu n'es pas obéissant, alors j'utiliserai la force !
Mon père, mon père, maintenant il me saisit
Le Roi des Aulnes me fait mal.

Le père frissonne d'horreur, il chevauche promptement,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant
Il parvient au village à grand effort
Dans ses bras l'enfant était mort.


J'adore vraiment ce poème (bien plus joli en allemand mais tout le monde ne parle pas forcément assez bien l'allemand pour que je le mette dans sa version germanique...dommage)... Je le trouve vraiment magnifique et d'une tristesse absolue... C'est en voulant protéger son enfant que le père tut son fils... bref, j'aime trop.


Ah oui !

Mis en musique par Schubert dans un Lied magnifique !
J'en avais déja parlé quelque part d'ailleurs

F. ( content :) )
35 ans 1240
Bon oui les jeunes n'ont pas forcément des gouts de chi.... :D nan sans rire les poètes allemands sont forts... (j'en connais d'autres hein!) Mais personne ne poste ds ce sujet!! Vous aimez pas la poésie ou quoi les VLRiens??!!!
877
La derniere fois que je suis remontée en Belgique (Noel dernier) mon petit frère m'avait écrit un poème trouvé dans un livre...
Ce poème m'a retournée...(surtout de la part d'un gosse de 9ans)

Tu m'arrives comme un coup de poing dans le coeur,
J'ai terriblement envie d'hurler de bonheur,
Alors tu deviens mon souffles, mon étincelle,
Celle que j'aperçois au fond de ce tunnel,
Et même au plus profond du jour et de la nuit,
Je te suivrais, encouragé par ma folie,
Pousser ma douce sensation de bien-être,
Et soudain mon coeur a pu ouvrir ses fenêtres,
C'est comme si la terre s'arrêtais de tourner,
Que par amour, son atmosphère, elle a changée,
Mais grâce à toi je la respire à pleins poumons,
Et alors je trouve ce monde un peu moins con!
44 ans Belgique 4012
Je sais que les Fleurs du Mal de Baudelaire sont un grand classique, mais je ne m'en lasse pas:

LA MORT DES AMANTS

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envie leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux:

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

J'en ai un autre d'Alain Bosquet, qui va bien avec les célébrations actuelles:

- Raconte-moi le passé.
- Il est trop vaste.
- Raconte-moi le 20° siècle.
- Il y eut des luttes sanglantes,
puis Lénine,
puis l'espoir,
puis d'autres luttes sanglantes.
- Raconte-moi le temps.
- Il est trop vieux.
- Raconte-moi mon temps à moi.
- Il y eut Hitler,
il y eut Hiroshima.
- Raconte-moi le présent.
- Il y a toi,
et encore toi,
et le bonheur qui ressemble
au soleil sur les hommes.
- Raconte-moi...
- Non, mon enfant,
c'est toi qui doit me raconter
l'avenir.

Un ptit dernier pour la route, de Jacques Prévert:

LES ENFANTS QUI S'AIMENT

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage leur mépris leurs rires leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.


:Fade-color
35 ans Normandie 55
Oh mais pourquoi les adolescents n'ont pas des goûts de chi..., et bien c'est parce que toi et moi nous avons un point commun, nous sommes allés au collège. En effet nous avons étudiés les deux poèmes que tu as cité "Le Roi des Aulnes" et "Demain dès l'Aube". Je les ai appris tous les deux et à mon avis ils doivent faire parti du programme de français et de musique (pour Goethe) de 4ème ou de 3ème. Voila ;)
En effet ils sont excellents je les adore !... Alors on dit quoi ? Merci le collège pour cette éducation ! :p
51 ans près de paris 269
Bon allez, je déterre ce post car je suis tombée dessus en cherchant un texte à lire pour l'enterrement de ma belle-mère après demain :cry: ...
je n'ai pas encore trouvé mon bonheur mais je ne peux m'empêcher de vous faire partager le mien, de poème préféré.

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.


c'est de Pierre de MARBEUF
57 ans 39
Ouvre les yeux, réveille-toi
Ouvre l'oreille, ouvre ta porte
C'est l'amour qui sonne et c'est moi
C'est moi c'est moi qui te l'apporte
II
Ouvre la fenêtre à tes seins
Ouvre ton corsage de soie
Ouvre ta robe sur tes reins
Ouvre, ouvre qu'on voie!
III
Ouvre à mon coeur ton
coeur trop plein
J'irai le boire sur ta bouche
Ouvre ta chemise de lin
Ouvre ouvre tout grand qu'on touche!
IV
Ouvre les plis de tes rideaux
Ouvre ton lit que je t'y traîne
Il va s'échauffer sous ton dos
Ouvre, ouvre l'arène
V
Ouvre tes bras pour m'enlacer
Ouvre tes seins que je m'y pose
Ouvre aux fureurs de mon baiser
Tes yeux tes seins tes lèvres roses!
VI
Ouvre tes jambes prends mes flancs
Dans ces rondeurs blanches et lisses
Ouvre aussi tes genoux tremblants
Ouvre, ouvre tes cuisses!
VII
Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir
Dans les chauds trésors de ton ventre
J'inonderai sans me tarir
L'abîme ce bel abîme où j'entre
64 ans Au bord de la mer 15536
Il est de qui ce poème flytothemoon ? :D

Je vais vous mettre non pas mon poème préféré, car je ne saurais le choisir, mais l'un des derniers qui m'a touché.....

Un poème de James Sacré, extrait de Ecrire pour t'aimer, à S.B.


Il y a c'est sûr des mots pas faciles à mettre dans cette histoire.
Des mots qui sont comme du linge et des affaires intimes,
On les devine à travers les banalités qui sont dites
Comme d'autres plus excessifs clichés.
Causer de ce qu'on est ensemble mêle dans le rouge des joues
La pudeur et l'énormité, le coeur
Se désarroit entre du sourire et du poil bouclé.
Il n'y a de possible vraiment que les exclamations les plus éculées :
Ah ! je t'aime, je t'aime tellement, qu'est-ce que çà peut faire
Qu'on puisse pas bien comprendre d'où vient
Cet emportement de parole ?
S
113 ans 3793
Fan des vers de Whitman... ce ne peut être que celui là....

Mon esprit est tourné vers Toi, Cher Frère,
Ne prête pas attention au fait que si certains prononcent ton nom, ils ne te comprennent pas ;
Moi, je ne le prononce pas et pourtant je te comprends (et tant d'autres font de même ;)
Je parle de toi avec joie, Ô mon Camarade, salut à toi, et à tous ceux qui t'accompagnèrent, t'accompagnent - et à tous ceux qui te rejoindront,
Nous travaillons tous ensemble, à transmettre une même tâche, un même héritage ;
Nous, si peu, égaux, de tous pays et de tous temps ;
Nous, de tous continents, de toutes castes, de toutes théologies,
Êtres de miséricorde, percepteurs, reflet de l'humanité,
Nous marchons silencieusement parmi les disputes et les revendications, sans rejeter ni ceux qui se disputent, ni ce qui est revendiqué ;
Nous entendons braillements et tapages - nous sommes la proie de divisions, jalousies, récriminations de toutes parts,
Péremptoirement ils nous entourent afin de nous assiéger, mon Camarade,
Pourtant nous marchons sans entraves, libres, sur toute la terre, voyageant en haut et en bas, jusqu'à ce que nous laissions dans le temps et les diverses époques, une empreinte ineffaçable,
Jusqu'à ce que nous saturions le temps et les époques, que les hommes et femmes de toutes races et de tous âges à venir, soient épris, comme nous le sommes, de fraternité et d'amour.
S
45 ans sur le chemin... 1248
Apres celui de keepling qui a déjà été cité, je mettrai celui-ci:

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Verlaine, Poèmes saturniens
64 ans Au bord de la mer 15536
chonchonette a écrit:
Fan des vers de Whitman...

Encore un point commun !!! :D
57 ans 39
Provence a écrit:
Il est de qui ce poème flytothemoon ? :D ?


En l'occurence, il s'agit d'un texte de Edmond Haraucourt, Plus connu sous le pseudo de : sire de chambley (1856 - 1941).
64 ans Au bord de la mer 15536
Merci :D
57 ans 39
A ton " service" ...
Avec un pseudo pareil, c'etait un plaisir de TE faire plaisir ;)
S
113 ans 3793
Je fais remonter le sujet parce qu'aujourd'hui est un grand jour pour moi et que ce poème correspond parfaitement à mon etat d'esprit :

Liberté

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Dur miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.
Paul Eluard
B I U