Malgrè tout, même si il existe des travailleurs du sexe qui ont librement choisi ce métier et qui en sont très fiers, je m'interoge toujours sur
une personne qui fait le choix de pratiquer une activité que beaucoup vont considérer comme "dégradante". Je me demande quel pourcentage fait un choix relativement éclairé, et quel pourcentage fait un choix "par souffrance".
Je me souviens d'un reportage sur une jeune fille qui était actrice porno, et qui disait que c'était son choix, qu'elle trouvait ça génial...etc... Et au final, elle avoue qu'elle a été violée et qu'elle considère qu'être actrice porno est sa punition. :?
Bref, ce n'est qu'un exemple, mais je pense que choisir un tel métier est rarement anodin. Il y a certes les gens qui le choisissent parce qu'ils le trouvent sympa, mais combien aussi le choisissent pour le côté "réprouvé par la société des bonnes moeurs"?
Je ne sais pas, ce sont elle (eux), les travailleurs du sexe, qui savent.
Un extrait d'article que je trouve juste très pertinent :
"Nous ignorons également qui est cette pute que notre société veut tant cacher, dominer, réglementer, supprimer… Nous ne l’entr’apercevons qu’au détour des reportages racoleurs d’M6, qui nous romancent le scénario au point qu’on se croirait dans un épisode des Experts.
Et ce qu’on nous montre alors, c’est un cliché de putain, une fille sexy au nombril nu, de celles qu’on qualifierait de « faciles » dans une soirée, parce que courts vêtues… La pute du reportage, on nous la montre comme une sorte de cagole extravertie, afin de conditionner notre esprit à ce confortable amalgame entre pute et salope, qui d’emblée la ravale à une condition de sous-femme.
Là, elle est confrontée à ce gentil flic persuasif et faussement bienveillant. Elle est jeune, un peu blonde. Et elle est cadrée par un cameraman discipliné dont l’objectif remonte lentement de ses talons aiguilles à son décolleté. On lui a dit de la filmer comme la pute que le téléspectateur imagine. On ne lui a pas dit de respecter cette femme. Le plan resserré sur le piercing du nombril et les seins arrogants nous transmet un message sans ambiguïté : regarde, téléspectateur, cette pute est peut-être une victime, mais c’est également un danger, t’as vu comment elle est sapée ? Regarde ses seins, ce ventre nu, ces talons, tout l’attirail de la putain des villes… Ce n’est pas une femme à part entière, c’est une pute et elle menace l’ordre social, elle menace ta vie, et peut-être même ton couple.
On nous montre aussi parfois la putain suisse, dûment installée et tapinant dans le luxe. Là, c’est une prostitution glamour qu’on nous donne à contempler. De victime, il n’est plus question, c’est une entrepreneuse qui te parle, à toi téléspectateur perdu. Du coup, tu ne sais plus : les putes, elles sont victimes, esclaves, ou ce sont de vénales salopardes se vautrant dans le luxe ? Quelque part, pour 5000 €, tu ne le vendrais pas, toi, ton cul, plutôt que de trimer à la caisse de Carrefour ?
Et puis on te montre aussi la putain-bétail, qui est importée en lot, battue, droguée, violée. Elle est originaire des pays de l’Est ou d’Afrique, et elle mourra d’épuisement, ou sous les coups de son mac, ou encore d’une overdose.
Voilà ce qu’on nous montre de la prostitution dans les médias : un aperçu manichéen, partiel et partial, qui fait le lit des affrontements idéologiques.
Alors ton empathie se tarit, et tu n’as plus trop envie de plaindre la pute, mais du coup tu lui en voudrais presque. Comme on a mélangé dans ton esprit la petite polonaise, putain esclave importée comme une marchandise, et la call-girl des beaux quartiers, tu ne sais plus trop. Tu as envie de dire « c’est bien fait après tout », et tu finirais presque par penser que la gamine battue à mort par son proxo ou collectivement violée par des flics n’a fait que subir un châtiment mérité par cette immorale putain suisse en Armani. C’est flou. C’est qui, finalement, toutes ces putes ?
Nous n’en savons rien, parce qu’il n’y a pas une prostitution, mais des putes, toutes différentes, toutes uniques. Leurs parcours, leurs attentes, leur existence, nous sont étrangers parce qu’avant même de chercher à savoir vraiment, nous exprimons une opinion, fermement persuadés de notre bon droit, et de notre légitimité à penser à la place des putes, que l’on suppose toujours esclaves, toujours muettes, par la force des choses.
(...)
Moi je n’affirme rien. Je m’interroge. Parce que je ne sais pas :
Pourquoi le sexe ne pourrait-il pas faire l’objet d’une transaction financière, aux yeux de la société ?
On ne la choisit pas, la prostitution ? Ok. Mais le mec qui bosse à l’usine, il a choisi ? Ce n’est pas pareil ? Pourquoi ? Parce qu’on ne lui enfonce rien dans la bouche, le vagin ou l’anus ? Il n’est pas humilié, abruti, maltraité ? C’est mal de comparer ? On ne peut pas comparer ? Ah, ok, c’est indécent de comparer. Pardon. C’est vrai. C’est pas comme si des gens se suicidaient dans les usines."
le reste là
http://www.acontrario....n-cul-dignorante-sinterroge-2/
Je suis un peu pareil que l'auteure ,je me pose beaucoup de questions, sur les histoires de choix, de pas choix, de liberté de disposer de soi-même, de la volonté de "sauver" les gens contre leur gré, de la lutte contre l'esclavage (qui est un combat différent), de tout ça...