Bonjour à tous et à toutes,
Après 6 mois de sleeve, l'envie de raconter mon histoire est venue. Même si VLR n'est pas le forum qui accueil le mieux les solutions
radicales comme la chirurgie, je n'ai pas eu envie d'aller ailleurs car c'est ici que j'ai parlé pour la première fois de mes soucis de poids, et je m'y sens bien.
La décision
Je m'étais toujours dit que je ne voulais pas de chirurgie, je m'étais renseignée bien sur mais je me la refusais, trouvant la solution trop radicale et ressemblant à un constat d'échec (que se soit un échec de la perte de poids durable ou un échec de l'acceptation de mon corps, c'était à mes yeux un échec que d'aller vers la chirurgie). Je m'étais cependant fixé une limite, celle de l'obésité morbide. Je me disais que si j'atteignais cette limite alors éventuellement il faudrait y repenser.
Et malheureusement, après trop de régimes n'ayant abouti au final qu'à me faire reprendre du poids bonus et malgré une tentative de RA je n'ai pas réussi à me sentir bien dans mon corps même si je déculpabilisais de manger.
J'ai donc décidé de faire appelle à ce "dernier recours" la chirurgie. Je suis allée voir mon médecin généraliste et le processus a commencé.
Le parcours de santé pré-sleeve
C'est amusant de constater que tous les chirurgiens envoient faire ce parcours mais qu'il est presque chaque fois différent en fonction du chirurgien. Pour ma part, j'ai du faire un bilan chez :
- 3 visites chez le chirurgien
- 1 chez un pneumologue (test dans une petite cabine pour vérifier la capacité de mes poumons)
- 1 chez un cardiologue (test avec des petites électrodes sur le corps)
- 1 visite chez une psychologue
- 2 visites chez une endocrinologue/ diabétologue / nutritionniste
Le parcours s'est bien passé globalement, les médecins étaient très gentils et compréhensif, je n'en dirais pas autant de leur secrétaires... La secrétaire du chirurgien en particulier était extrêmement désagréable avec "nous", les "patientes de chirurgie de l'obésité". Elle "perdait" systématiquement des lettres de consentements l’empêchant de monter le dossier pour la CPAM. Enfin au final je prends tout ça pour un test de motivation :p
Le parcours aura duré environ 7 mois. Il fut rapide mais complet, et étant donné que ma réflexion sur une chirurgie a plus de 10ans, on peut dire que je ne m'y suis pas lancée à la légère.
Juste avant l'hospitalisation
Quand mon chirurgien m'a proposé la date du 26 octobre, j'étais ravie. Cela tombait juste après mon anniversaire, mes 30ans. Je me suis dit que je pourrais faire la fête et manger autant que je voulais pour la dernière fois.
Et là j'ai commis 2 erreurs :
1. l'endocrinologue / nutritionniste m'a donné un régime très très stricte à suivre 1 semaine avant l'hospitalisation. Un régime pour faire réduire la taille du foie pour que l'opération soit moins risquée.
Au final j'en ai beaucoup rigolé, mon anniversaire, je l'ai fêté une semaine avant du coup, et le jour J devant ma maigre assiette j'ai rit. Je n'étais ni triste ni frustrée, j'étais heureuse que l'opération approche et amusée de ce dernier régime de toute ma vie.
2. beaucoup plus surprenante cette deuxième erreur. Je croyais que je serais frustrée de ne plus beaucoup manger, que je regarderais avec envie les assiettes des autres. Mais alors, ce n'est PAS DU TOUT le cas en fait. Je l'expliquerais plus bas mais en tous les cas je n'ai aucun soucis de frustration de ce côté là.
L'hospitalisation
Rien à redire, l'opération et tout s'est bien passé. Le seul "incident" à déclarer est le fait que j'ai été amenée un peu plus tôt que prévue à la radio. Lorsque j'ai du boire le liquide iodé (au passage, pas si horrible que ce que j'ai pu lire sur d'autre témoignages) pour voir si tout allait bien, je n'ai pas pu garder la seconde gorgée et j'ai faillit faire un malaise mais le radiologue était très gentil, il a fait basculer la table et je suis restée allongée quelques minutes. Je n'ai pas eu a boire une autre gorgée, coup de bol, la première avait permis de bien voir.
Ensuite, il m'a fait remonter dans ma chambre, comme j'étais venue, en fauteuil roulant, avec un très gentil infirmier.
A part cela rien à signaler, au bout des 5jours je suis rentrée chez moi avec un arrêt maladie de... 3 semaines. On m'avait dit 1 mois et j'ai été très surprise de ces 3 semaines.
Le retour à la maison
Après les premiers repas liquide, j'ai pu assez vite passer à des purée et de la viande haché. En fait, depuis ma sleeve, je dois avouer que je n'ai eu aucune intolérance. J'ai peut être de la chance, ou bien les cas qui se passent mal parle plus que ceux qui se passent bien, en tous les cas je suis bien heureuse de ce côté là.
Côté perte de poids, j'étais par contre un poil déprimé. La fatigue joue beaucoup sur mon moral et après avoir lu tant de témoignages sur une perte spectaculaire la première semaine, j'étais déçue d'avoir perdue moins que ce à quoi je m'attendais. Attention, je ne dis pas que je n'ai pas perdu, je dis juste que je n'ai pas perdu autant que je croyais. J'étais fatiguée, les agrafes me faisaient mal et ma mère venue spécialement pour être avec moi, me tapait sur les nerfs. Au final, cette déprime n'était que liée à la fatigue.
La reprise du boulot
Il faut l'avouer, les début était un peu difficile. La fatigue, encore elle. Au bout du 3ème jour, je n'ai pas eu la force de me lever... J'ai été chez mon médecin traitant qui m'a dit que j'avais 9 de tentions... Un comble, je fais de l’hypotension maintenant ?! Il m'a mise en arrêt pour 2 semaines et il m'a proposé de reprendre ensuite le travail en mi-temps thérapeutique.
Ce mi-temps thérapeutique a vraiment été une aubaine pour moi. Je travaillais et donc ne me sentais pas isolée et je rentrais tôt pour pouvoir faire de bonnes sieste.
Au final, j'ai du prolonger d'un autre mois ce mi-temps, pour me sentir vraiment totalement remise. Je prends du bion3 chaque matin en lus de mes cachet pour la thyroïde et tout va bien, j'ai repris a temps-plein depuis un mois et demi et je m'en sors bien ! Plus ca va, moins je suis fatiguée, mon corps s'est habitué à recevoir moins de nourriture.
Le regard des autres
J'ai eu un mal fou a avoir un rendez-vous avec mon chirurgien, au final je ne l'ai vu que 5mois après l'opération. Et là encore c'est la faute à sa secrétaire qui ne fait rien pour "nous" aider.
Petite anecdote qui m'a fait rire la concernant, quand j'ai été a ce fameux rendez-vous au bout de 5mois donc, j'ai pu constater 2 choses :
1. elle était toujours aussi exécrable avec les jeunes filles venant pour leur parcours, elle avait encore "perdu" des lettres de consentement... ha elle m'a fait sourire oui... puis j'ai été voir la jeune fille refoulée pour lui remonter le morale et lui dire que ce n'était pas particulier à elle.
2. vis à vis de moi... c'était une autre femme ! Ha oui perdre quelques kilos ca change le regard de certaines personnes... surtout celles là... 5 min avant de me parler elle envoyait balader la jeune fille et quand moi je suis venue lui parler, elle était redevenue une personne normale. Une personne normale qu'elle n'avait jamais été avec moi... J'avais toujours eu le droit au ton sec, nonchalant voir agressif, et là une personne charmante qui me parle... bref inutile d'épiloguer, l'anecdote parle d'elle même ^^
Le suivi ?
Si le parcours pré-opératoire était au top, il faut admettre que côté suivi, c'est un peu n'importe quoi.
Comme dit plus haut, j'ai mis 5 mois à avoir mon premier rendez-vous avec mon chirurgien (je parle d'après la sortie de l’hôpital, je l'ai bien sur vu à 4 reprises pendant mon hospitalisation). Je le reverrais dans 6 mois normalement, puis tous les ans pour le suivi. Et une fois que la perte de poids sera terminée et stabilisée, une possible lipectomie.
J'ai revue l'endocrinologue / nutritionniste le jour de la sortie de l'hôpital, puis au bout de 3 mois et je la revois dans 6 mois avec les premières analyses de sang a faire juste avant le rendez-vous pour voir si j'ai des carences.
Et... bah rien d'autre...
J'avais entendue parler la secrétaire du chirurgien de réunions entre personne qui allaient subir la chirurgie et d'autre qui l'avaient déjà faite mais elle ne me parlait pas à moi à ce moment là et ça ne m'a jamais été proposé.
Les analyses de sang plus de 6mois après l'opération ? Et si j'ai des carences on les détecte si tard c'est normal ?
Heureusement mon médecin généraliste veille mais je ne me sens pas très bien encadrée je dois dire... Je pense même qu'un suivi psy devrait faire partie du suivi car si ma déprime est vite passée avec la fatigue, je ne pense pas que ça serait du luxe de faire un suivi systématique.
Bref je suis moyennement satisfaite de ce suivi et pour celles qui envisage l'opération, je vous encourage à poser beaucoup de question sur ce suivi.
Les repas
J'ai deux sentiments assez contradictoires. D'un côté je suis hyper contente, je mange très peu mais je n'ai plus d'envies comme avant. J'étais sûre que je serais hyper frustrée, que j'aurais plein d'envie et que je ne pourrais rien manger. Au final je mange peu mais je mange ce que je veux. Comme je le disais, je n'ai aucun intolérance. Par contre, vu que j'ai souffert de la fatigue, j'essaie de me forcer à manger correctement nutritionnellement parlant. J'entends par là que les repas à base de glace on évite hein :p
Après l'opération j'ai pu très vite remanger de tout. Par contre il y a des aliment qui me conviennent mieux que d'autres. Par exemple le pain, même si je peux en manger, je vais en prendre très très très peu car quand j'en mange, il me gave tout de suite. Si je prends un sandwich je vais en manger 2 bouchés et je ne pourrais plus rien avaler alors que si je prends une salade ca ira mieux.
Il ya aussi des jours où je mange plus que d'autres, et rien à voir avec les aliments choisi, c'est selon ma contrariété du moment on va dire... si je suis stréssée ou contrariée je vais manger vraiment très peu, 1/2 steack haché, 2 bouchées de légume et c'est terminé. Si je suis dans un bon jour je pourrais manger le steack haché en entier et même ajouter un petit peu de dessert (une boule de glace ou un demi-fruit).
Il y a aussi le paradoxe des boissons gazeuses chez moi. Théoriquement ça devrait être impossible. Je devrait avoir mal au ventre en essayant d'en boire... et bien non ça passe bien. La nutritionniste me les a tout de même fortement déconseillées et il est vrai que j'enlève systématiquement une partie du gaz mais je n'ai pas mal comme c'est parfois le cas chez certaines personnes. Bon j'en limite la consommation du coup mais je ne me refuse pas un peu de coca light dégazéifié quand j'en ai envie.
Je parlais de deux sentiments contradictoires au début du paragraphe. Voilà le revers. Socialement parlant, c'est difficile de cacher cette opération... d'un seul coup je ne mange plus rien... les collègues le devinent même si je n'ai rien dit... ils savent. C'est un peu gênant mais bon la délivrance de me sentir un peu mieux dans mon corps chaque jour compense cela.
Mais surtout... il y a les restos. Soit je prends un plat et j'en mange 1/4, je dois alors proposer à mes collègues ou amis de finir mon assiette sous peine de voir débarquer le chef cuisinier pour me questionner. Soit je prends qu'une entrée, mais la encore je suis capable de ne pas la finir... En plus, comme je le disais, le stress ou la contrariété me font manger encore moins que normalement.
C'est frustrant, je n'ai pas envie de manger plus, j'ai juste pas envie de laisser mes assiettes aussi remplies, je me sens un peu honteuse.
Au final, je suis contente de ne pas avoir de frustration alimentaire, je mange ce que je veux et les envies sont là. Les envies passent juste très rapidement car souvent au bout de 2 bouchées je n'ai plus aussi faim. Par contre socialement c'est assez difficile pour moi. Heureusement que mon chéri, rencontré il y a 4mois, m'aide à finir mes assiettes ;)
La perte de poids
Au final je perds plus doucement que je n'aurai cru. J'avais lu des chiffres hallucinant mais comme je suis partie d'un poids moins élevée (je ne fais qu'1m60 aussi), il est normal que je ne perde pas autant que les témoignages trouvés sur le net.
Il y a aussi que je ne me prive pas vraiment... il m'arrive même souvent de grignoter un peu. Comme je zappe quasi systématiquement la case dessert, je prends un petit truc sucré vers 15h.
Je suis cependant à environ 2/3 de la perte de poids prévue avec la sleeve. Encore quelques kilos et ma nutritionniste pourra déclarer l'opération comme une réussite. Je ne me fais aucun soucis la dessus, c'est une réussite.
Je bouge mieux, j'ai perdu 2 tailles et demi en vêtement, je me sens mieux, j'ai un petit copain, bref le moral est là et c'est l'essentiel.
La perte de poids avec la sleeve est de 60-75% de l’excédent de poids. Elle n'est donc pas suffisante "seule" mais elle est un énorme boost et une aide ultra efficace.
Aujourd'hui j'avoue que je me pèse presque tous les jours... mais je ne le fais que pour avoir un petit sourire en plus le matin. J'achète quelques vêtements, dans des magasins "normaux" (bon pas encore dans tous, je peux pas aller dans ceux pour anorexique). Je revends aussi tous mes vieux vêtements que je ne veux plus jamais remettre, et ça me fait du bien.
Je vais continuer sur ce chemin, et malgré ce beau récit, j'ai conscience que tout aurait pu se passer beaucoup plus mal, j'ai eu de la chance, et je compte bien en profiter.
Si vous avez des questions à me poser sur la sleeve, n'hésitez pas, je ne suis pas une spécialiste mais je peux vous répondre sur ce que j'ai vécue personnellement.