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Manipulée?

C
40 ans Isère 2330
Bonjour,

J’ai l’impression d’avoir été manipulée, qu’on a usé de ma gentillesse (naïveté camouflée ?) et de mon empathie.
Besoin de l’écrire car ça me ronge.

Je vous explique la situation :
Là où  
je travaille, ils ont prit une petite jeune en alternance depuis le mois de septembre.
Il s’est avéré que cette personne cumule les problèmes.
Au début je me disais qu’elle n’avait vraiment pas de chance, j’ai voulu lui donner le bénéfice du doute (alors que tout le monde autour de moi avait déjà tiré la sonnette d’alarme, et que même mon mari m’avait dit de me protéger quand je lui racontais les mésaventures de cette personne).
Je me suis dit qu’elle était dans une spirale d’autodestruction mais que ce n’était pas de sa faute, que la vie était hard avec elle.
Elle aime se mettre dans des situations dangeureuses :
- elle vient et rentre en autostop du travail tous les jours, alors qu’elle a une carte de bus mais semble faire exprès de le louper à chaque fois (une ou deux fois je veux bien, mais tous les jours ?)
- au début où elle était là, elle était en colocation avec des personnes dangeureuses, qui la séquestrait dans sa chambre, qui la menaçaient,… (elle a changé de logement depuis, suite à des menaces par un des colloctaires avec un couteau, mais il a fallu que j’en dise pour qu’elle se sorte de la bàs et qu’elle porte plainte!)
- quand elle raconte ce qui lui arrive (des choses graves à mes yeux et aux yeux de mes collègues également), elle rigole, et donne l’impression que ça l’amuse d’avoir été dans des situations aussi dangeureuses.
- elle met sa santé en danger, elle est anorexique et fait du sport à outrance quand elle a osée manger un aliment qu’elle s’interdit (un bout de pain par exemple)
- elle est en alternance, et quand elle va à l’école, qui est loin de son studio, elle dort dans sa voiture (peu importe les températures extérieures)

J’ai voulu aider cette personne, depuis qu’elle est là, elle a changé de logement, je lui ai dit d’aller consulter une psy + une nutri pour son problème d’anoréxie, elle m’écrit beaucoup de textos (desfois elle n’attend même pas de réponses, elle écrit sa vie, ses états d’âme), et me dit que je suis « son ptit ange, sa grande sœur ».
Elle m’a avoué ne jamais s’être confiée à quelqu’un comme elle le fait avec moi.
Qu’elle ne sait pas comment je m’y prends, mais avec moi elle arrive à se confier.
J’ai essayé de la réconforter, de la porter à bout de bras, de lui dire de ne pas rester seule le midi mais de venir manger avec nous, de la faire rire, de lui montrer les bons côté de la vie…
Elle me disait qu’elle voulait s’en sortir, elle est allée consulter psy + nutri, elle positivait devant moi, essayait de prendre son bus à l’heure, la dernière fois où elle était en période « école » elle a même réussi à trouver une chambre pour la semaine pour ne pas dormir dans sa voiture.
Enfin bref, je m’étais pris d’affection pour elle, je voulais qu’elle s’en sorte, j’avais de l’espoir pour deux !
Mais il y a deux semaines, je me suis aperçue qu’elle me mentait, et j’avais cette mauvaise impression d’avoir été manipulée.
Elle me disait ce que je voulais entendre, et j’ai été blessée, j’ai eu ce sentiment d’avoir été trahie, et surtout ce sentiment de ne pas pouvoir l’aider tant qu’elle n’avait pas décidé qu’elle voulait aller mieux.

Du coup, je lui ai dit que j’avais besoin de prendre du recul face à cette situation, que c’était difficile vu l’énergie que j’avais mis dans cette relation, que je l’appréciais beaucoup, que j’espèrais qu’elle s’en sorte, et qu’au final elle ne le voulait pas.
Je lui ai dit que je devais revoir ma vision des choses, et prendre de la hauteur car ça m’avait beaucoup affectée.
Mais elle a compris (je me suis surement mal exprimée) que je ne voulais plus d’elle, que je l’abandonnais (« comme tout le monde le fait avec moi, je suis irrécupérable »).
Elle ne m’a plus envoyé de textos pendant le weekend qui a suivi, mais écrivait des messages sur FB qui m’étaient destinés (« mon cœur est brisé, même la plus solide des cordes n’a pas tenu face à ce fil usé,… »)
La semaine dernière (4 jours après lui avoir dit que j’avais besoin de prendre du recul face à la situation ), elle m’a avoué avoir été aux urgences pour « une connerie », je lui ai demandé pourquoi ?
Elle m’a dit qu’elle avait eu mal au ventre, je lui ai demandé pourquoi, elle m’a dit qu’elle avait pris des cachets.
Je lui ai alors demandé si elle avait essayé de se suicider, elle a baissé les yeux et n’a pas répondu.
Je lui ai alors dit que c’était du chantage à l’affectif malsain et que c’est pas comme ça que les choses s’arrangeront.
Depuis, je culpabilise à mort, je me sens nulle de l’abandonner alors que je l’aide depuis presque 1 an.
Il y a ses phrases qu’elle me disait il y a quelques mois qui résonnent « toi tu ne m’abandonnent pas, tu tiens, comment tu fais, tout le monde m’a abandonné, tu es la seule qui me comprends …»
En plus de ce sentiment de l’abandonner, j’ai ce sentiment d’avoir été vidée, d’avoir été usée et manipulée, et je suis en colère contre elle.
Du coup ce sont des sentiments contradictoires que j’ai beaucoup de mal à gérer.

C’est vrai qu’il n’y a pas de questions dans le pavé que je viens de poster.
Mais j’aimerais avoir vos avis, vos impressions, si vous avez déjà été dans ce genre de situation, comment la gérer ?

Merci de m’avoir lu en tout cas !
40 ans 886
Salut Cha_Cha,

J'ai lu ton histoire, dur-dur pour toi.

Si j'ai bien compris, quand elle t'avais dit s'être "amélioré" avoir pris une chambre au lieu de dormir dans la voiture etc. c'était du flan et elle continuait comme avant?

Je pense effectivement que tu as été manipulée, mais pas dans le sens classique de quelqu'un qui veut de toi de l'argent ou des faveurs, mais par quelqu'un de très instable qui a besoin d'être important aux yeux des autres.
C'est un peu le cas de nous tous quand on y pense, mais dans son cas c'est quasiment pathologique, dans le sens où elle a un égoisme total qui fait qu'elle ne te respecte pas: elle ne voit pas de problème à te mentir, te faire du chantage affectif, et n'a en fait pas de considération pour tes sentiments car ce qui lui importe c'est que tu te soucie d'elle quelques soient les moyens à employer (la vraie ou fausse tentative de suicide)

J'avoue que de mon côté ce genre de personne je les fuis comme la peste... C'est très beau de ta part d'avoir voulu l'aider mais je ne suis pas sûre que tu le puisse vraiment. Le fait de lui marteler d'aller voir un psy était déjà bien. Après c'est le travail d'un professionnel d'essayer de l'aider.
Mais il ne faut pas (plus)que tu sois impliquée émotionnellement dans sa vie... Et surtout ne culpabilise pas pour la tentative de suicide et les messages sue fb. Elle le fait exprès parce qu'elle sait que ça te bouleverse et c'est un moyen de garder ton attention... Si elle sent que cela n'a plus d'emprise sur toi, elle ne devrait pas recommencer.
49 ans région parisienne 5831
Cha_cha a écrit:
elle m’a avoué avoir été aux urgences pour « une connerie », je lui ai demandé pourquoi ?
Elle m’a dit qu’elle avait eu mal au ventre, je lui ai demandé pourquoi, elle m’a dit qu’elle avait pris des cachets.
Je lui ai alors demandé si elle avait essayé de se suicider, elle a baissé les yeux et n’a pas répondu.


Oui, ça ressemble bel et bien à du chantage: elle te dit à demi-mot qu'elle a tenté de se suicider à cause de toi, mais sans le dire clairement. C'est ce qu'il y a de plus efficace: si elle t'avait dit ça clairement, tu te serais rebiffée, tu aurais été en colère. Mais là, vu que tout n'est que sous-entendu, c'est clair qu'elle cherche à te faire culpabiliser.

Quoi qu'il en soit, dis-toi bien que si tu veux l'aider, il ne faut surtout pas que tu continues ou que tu recommences comme avant: elle a clairement un problème, mais tu ne l'aideras pas comme ça.

Si tu veux l'aider, il faut qu'elle se sorte de cette spirale où elle comptes sur toi plutôt que sur elle, il faut qu'elle arrête de te prendre pour son ange-gardien et qu'elle se responsabilise elle-même: ce n'est pas toi qui va la tirer de là, c'est elle-même... ou personne.

Le plus sensé à faire, à mon avis, c'est de lui dire de consulter un psy: tu ne peux rien faire pour elle, mais un psy pourra avoir le recul nécessaire pour l'aider. Encore faut-il qu'elle en ait envie...

De ton côté, protège-toi. :kiss:
35 ans 102
Coucou,
Déjà tu as eu beaucoup de courage, et de bonté surtout pour te lier à cette personne.
Mais il est très dur d'avoir une relation normale dans ce cas-là. Pour l'aider sans se briser sois-même, il faudrait réussir à garder une distance affective. Mais ce genre de personne nous demande bien plus...
Ne t'en veux pas, au contraire, sois fière de ce que tu lui as apportée jusque là!
Même si on n'aime pas voir les gens souffrir, il faut savoir se protéger aussi de ce genre de relations. Tu n'as pas de regrets à avoir, il faut qu'elle aussi, puisse te comprendre. Un minimum.
Courage à toi en tout cas!
48 ans 785
Ce que tu décris m'évoque un peu les personnalités borderline. Cette jeune femme est manifestement un gouffre affectif sans fond et si elle t'a menti, c'est probablement pour te donner à entendre le discours qu'elle supposait devoir te servir pour conserver ton attention.

Sa demande d'investissement est tellement massive qu'elle t'oblige à la rejeter en quelque sorte. Quelles que soient tes limites, même si tu les déplaçais de plus en plus loin, elle les dépasserait probablement.

http://psychiatrie.fre...-etats-limites-borderline.html
42 ans aude 792
Cha_cha, est-ce que tu connais l'analyse transactionnelle? Dans ta situation, on dirait que cette fille adore se victimiser en permanence et faire passer tous les autres soit pour ses sauveurs soit pour ses bourreaux. Elle ne me paraît pas du tout adulte dans sa tête, ni autonome et responsable.
Tu n'es pas son assistante sociale ou son psy ou son infirmière et tu ne peux pas l'aider. Tu as déjà fait beaucoup et il me semble que la relation n'est que "one way". Tu y as déjà laissé beaucoup de temps et d'énergie, alors arrête. Car si tu continues, qu'est-ce qu'il va se passer? Tu vas devenir son "gendarme" à qui elle sera redevable et elle continuera à faire joujou avec tes bons sentiments.
Tu ne lui dois rien, elle ne te doit rien.
Comme Ali-a, je la fuierais. En plus ça lui rendrait service: si elle veut grandir, elle va devoir apprendre à compter sur elle-même, car elle ne trouvera pas toujours une "maman" ou un "papa" pour la tenir par la main.
C
40 ans Isère 2330
Merci à toutes pour vos réponses.
:kiss:
Ca m'aide à me persuader que je ne peux rien pour elle.

Ali-a :
Elle m’a dit qu’elle était seule, pas d’amies, que j’étais la seule personne dans son entourage, et ça tous les soirs, limite dans chaque texto, qu’elle n’avait que moi (d’où mon sentiment de culpabilité de l’abandonner). Or j’ai vu des photos d’elle avec des amies du sport où elles se faisaient des sorties ensemble hors sport (elle me montrait d’autres photos sur son portable, et est allée trop loin dans la visionneuse), au mois d’aout elle part en vacances avec sa meilleure amie. Donc non, je ne suis pas la seule dans sa vie (comment j’ai pu le croire !)
Elle me disait qu’elle commençait à s’alimenter normalement, mais continuait à se punir (comme elle dit), de ne pas intégrer les aliments qu’elle s’interdit comme la nutri lui avait conseillé, et lorsqu’elle le faisait, elle faisait 2 fois plus de sport.
Elle me disait prendre son bus, mais j’ai su qu’en fait, même si elle partait à l’heure, elle faisait du stop.
Pour le cas « dormir dans sa voiture », je ne suis même pas sûre qu’elle était bien chez quelqu’un la fameuse semaine où elle m’a dit qu’elle ne dormait pas dans sa voiture.
Et c’est là que je me dis qu’elle a dû sentir que c’était mon point faible, comme je l’appelle chez ma psy : mon syndrome St Bernard. J’aime protéger les gens, j’aime essayer de leur rendre la vie meilleure, et je me rends compte que là, j’ai juste été la bonne poire tellement facile à manipuler.
J’essaye de ne plus lui montrer que ça me touche, mais ça me coûte vraiment, et ça me met dans un état d’angoisse/culpabilité, et j’ai l’impression de ne pas être une bonne personne !
Pourtant j’en suis consciente que ce n’est plus à moi de l’aider, qu’il faut qu’elle le veuille, et qu’elle consulte, mais c’est plus fort que moi cette sensation de ne pas être en phase avec ce que j’ai l’habitude d’être : dévouée aux autres. (mais j’y travaille avec ma psy)

Mamykro :
La fois où je lui ai dit que je devais prendre du recul, je lui avais évoqué le fait qu’elle était devenue dépendante de moi, et que ce n’était pas une bonne chose pour elle (et ni pour moi d’ailleurs, mais je pense avoir autant mes torts qu’elle)
« ce n'est pas toi qui va la tirer de là, c'est elle-même... ou personne. »
C’est ce que je me dis, mais c’est difficile d’être confrontée à ce sentiment d’impuissance, car je sais qu’elle se tue à petit feu, elle me l’avait dit au début « tant que mon corps ne lâchera pas, je continuerai à me nourrir ainsi, et à faire du sport » et ce même si ses os ne le permettent pas (elle a de l’ostéoporose à cause de son anorexie).

Sira :
Je me suis casser les dents dans cette relation, et je m’en veux de ne pas avoir su prendre le recul nécessaire.
Ce qui ressort de vos messages c’est que je dois me protéger, mais j’ai vraiment du mal.
J’y travaille avec ma psy (car ça date pas d’hier le fait que je me dédie une mission d’aider les gens, mais d’habitude, je n’en souffre pas autant et ne me ramasse pas autant non plus à l’arrivée), mais c’est tellement installé en moi de devoir protéger les autres dans ma vie de tous les jours, et là encore plus avec une personne en grande souffrance (réelle ou extrapolée ?), que c’est difficile d’en changer !

Mephisto :
J’ai lu l’article que tu as mis en lien, merci c’était intéressant (bien que j’ai dû le relire 2 fois :D)
Je pense que tu as vu juste.
Ce qui a d’écrit dans le paragraphe « modalités relationnelles », c’est exactement son type de fonctionnement.
Une expression aussi a attiré mon attention « son chao interne ». C’est tellement l’impression qu’elle me donne.

Helvetia:
J'ai lu rapidement ce qu'était l'analyse transactionnelle, peux-tu m'en dire plus?
Je mets de la distance depuis une semaine, et j’ai peur qu’elle prépare encore un truc pour attirer mon attention, et surtout je crains la manière dont je vais réagir.
Je ne sais pas si je peux être capable de la fuir comme ça, même si je sais que c'est la meilleure chose à faire.
Je la ressens comme nocive, mais encore une fois j'ai peur que mon côté St Bernard soit plus fort!
42 ans aude 792
En fait, il faudrait la considérer comme l'adulte qu'elle est, et non comme une petite fille. Tu dis que c'est "une petite jeune" mais quel âge a-t-elle? 18 ans au moins je suppose?
Alors elle est responsable de ses actes, et si "elle vient et rentre en autostop ", c'est qu'elle CHOISIT de le faire. Quand elle restait habiter avec des gens qui la séquetraient et la menaçaient ( :shock: ) et que sans toi elle y serait encore, c'était son CHOIX aussi. Si elle rigole de se trouver dans des situations dangereuses, c'est son CHOIX aussi, car elle est responsable de ses actes. Elle CHOISIT de ne pas consulter, elle CHOISIT de faire du sport à outrance, elle CHOISIT d'avaler des cachets...
Donc je ne vois pas comment toi toute seule tu peux lutter contre tellement de mauvaises décisions/choix immatures/actes inconscients.
42 ans aude 792
C'est mon psy(chiatre) qui m'avait fait lire Le triple moide Gysa Jaoui (la maman d'Agnès)qui est une explication de l'analyse transactionnelle (AT). En fait, on a tous en nous une partie Enfant (puisqu'on l'a tous été), une partie Adulte (celui ou celle qu'on est à l'école ou au travail: neutre, qui traite des informations, qui effectue son travail sans émotion) et Parent (puisqu'on en a tous eu, ou alors des grand-parents, des parents d'adoption...).

Quand on est adulte (plus de 18 ans), on est sensé avoir un âge mental d'adulte la plupart du temps, donc de faire des choix et de les assumer. C'est pour ça que je t'en parle, parce que je pense que l'âge mental de ta copine est bien inférieur à son âge réel et qu'elle doit se faire aider par des professionnels pour acquérir de la mâturité.

L'AT parle pas mal aussi des jeux psychologiques, dont voilà une explication: http://www.analysetran...-base/les-jeux-psychologiques/
Il me semble qu'il colle bien à la situation.

Je te suis sur ton autre post et je crois que tu continues de voir ta psy; peut-être tu pourrais lui demander de te l'expliquer mieux si ça t'intéresse? Bon courage pour la suite! Et surtout ne culpabilise pas, tu as fait tout ce que tu as pu.
49 ans région parisienne 5831
Bah, je remarque qu'elle a bien choisi sa victime: quoi de mieux qu'une personne souffrant du "syndrôme du saint-bernard" pour s'occuper d'elle? ;)

Tu sais, je pense que toi aussi tu dois trouver une gratification dans votre relation: tu as dû en parler avec ta psy, mais cela te donne aussi une certaine importance, l'impression peut-être d'être "toute puissante", l'ange qui va la sauver... Il va falloir que toi aussi tu renonces à cela. ;)

Tu ne peux pas la sauver contre son grès, son bonheur ne dépend pas de toi, mais de elle seule: partant de là, c'est plus facile de renoncer à être son "ange-gardien", puisque tes efforts ne la rendront pas plus heureuse, mais te rendront, toi, malheureuse.

Encore une fois, protège-toi: si tu n'arrives pas à te protéger toi-même, comment pourrais-tu la protéger, elle?
49 ans région parisienne 5831
Continuer à "être sa protectrice", c'est continuer à lui renvoyer l'image qu'elle est elle-même incapable de s'occuper d'elle. Pour qu'elle devienne majeur et responsable, il faut la traiter comme telle...

Evidemment, cela risque d'être dangereux pour elle, elle risque de faire des âneries, mais c'est ça aussi, être adulte: on peut faire des tas de choses... mais souvent à ses risques et périls.

Ceci dit, je comprends que ce ne soit pas simple pour toi. ma mère et ma soeur ont été de multiples fois dans la même situation que toi, je sais que ce n'est pas facile de sortir de se cercle de culpabilité.

La piste de l'analyse transactionelle est très intéressante, à mon avis, pour apprendre à parler avec elle sans te mettre dans la position du parent qui aprle à son enfant, mais plutôt dans une position d'adulte à adulte.
44 ans Dans un arbre à Tecolotlan 962
Je suis d’accord avec tout ce qui a été dit.
Vouloir aider quelqu'un dans de si grandes difficultés n'est pas sans risque et il aurait été préférable de fixer des limites à ton implication dès le départ. Quelqu'un qui s'autodétruit à ce point ne peut pas s'en sortir avec simplement la gentillesse de sa collègue. C'est à elle seule de comprendre pourquoi elle prend autant de risques et à elle seule de sortir de ce schéma.

D'autre part, ce genre de personne peut être, volontairement ou pas, extrêmement toxique, surtout pour les personnes comme toi qui ne savent pas dire non (pardon si je me trompe, c'est ce que j'ai cru lire dans certains de tes posts). Je ne sais pas si tu as des TCA, mais si c'est le cas, s'impliquer autant auprès de quelqu'un d'anorexique qui ne désire pas guérir, c'est pas terrible non plus.

Sans forcément lui en vouloir, prends tes distances car ses problèmes te dépassent. Pose-toi aussi la question de pourquoi tu t'es investie à ce point dans cette histoire ?

Il m'est arrivé une situation analogue avec une collègue qui en attendait beaucoup trop de moi et m'a bien fait culpabiliser à coup de "je n'ai que toi". J'ai décidé de couper les ponts, au risque de passer pour quelqu'un de sans coeur. Je lui ai dit que je ne voulais plus la voir, pas à cause d'elle, mais parce que j'étais incapable de l'aider et trop fragile (l'entendre raconter inlassablement les tentatives de suicide de son fils était devenu insupportable). Je ne suis pas fière de cette histoire, mais quand la relation devient malsaine, il vaut mieux tout arrêter.

Il ne s'agit pas d'être indifférent à la détresse humaine, et on peut toujours aider les gens, mais il faut savoir aussi se protéger et avoir conscience de ses limites.
C
40 ans Isère 2330
Encore une fois, je suis conforter dans le fait d’avoir poster sur ce sujet, vous m’apportez tellement de multitudes de pistes à explorer, et j’ai vraiment l’impression que faire du sur place n’est pas possible avec vous, merci :kiss:

Plus je vous lis, et plus, certes je sais qu’elle ne donne pas sa part au chat niveau instabilité psychologique, mais plus j’ai l’impression d’avoir moi aussi une « pathologie » (je trouve ce mot fort, mais je ne trouve que celui-ci).

Je ne le prends pas mal, bien au contraire, je le sens que j’ai quelque chose de pas normal dans mes rapports à l’autre (j’ai d’ailleurs commencé ma psychothérapie il y a 7 mois à cause de ça).
Comme tu l’as évoqué Mamykro, j’en tire une certaine satisfaction/gratification d’aider les autres, de jouer la « sauveteuse ».
Je suis en train de dénouer tout ça avec ma psy, mais il semblerait que :
- j’ai toujours été protectrice envers ma mère (ça a commencé avec elle), mais le pourquoi, je ne le sais pas trop encore, et dès qu’on l’évoque, ma barrière protectrice interne s’érige et je fond en larmes, sans pouvoir mettre des mots dessus. Du coup ce rôle de protection, je l’applique dès que je vois une personne malheureuse (car c’est comme ça que je voyais ma mère enfant)
- récemment avec ma psy, nous avons mis le doigt sur quelque chose qui je pense est une bonne piste à approfondir :
Quand j’étais petite, mes parents m’ont souvent répété que je ne devais pas me plaindre (je la fais court).
Du coup j’ai pas mal refoulé plein de sentiments/ de souffrance, allant de petites choses (on m’a traité de grosse à l’école, ça m’a blessé), à des choses graves (taire les souffrances physique que ma sœur maltraitante m’infligeait).
J’ai compris qu’en fait j’étais très égocentrique au final, et que j’avais trouvé ce supterfuge pour pouvoir me plaindre : le faire à travers les autres, en prenant en compte leurs souffrances que je jugeais graves par rapport aux miennes que je minimisais.
Enfin tout ça est vraiment complexe, et il y a surement d’autres explications…

Mais du coup : je fais ma psychothérapie ok, j’essaye de comprendre mon mode de fonctionnement ok, mais avec tout ça, je fais quoi en attendant d’aller mieux, de casser ce schéma que j’ai des relations avec les autres, je ne cotoie plus personne ?
Ou au contraire, d’avoir eu cette expérience, ça m’aide à comprendre là où j’ai foiré, et à ne plus refaire les mêmes erreurs en les comprenant ?

Helvetia : Je viens de lire le lien que tu as mis sur les jeux psychologiques : je suis en plein dedans.
C’est exactement ce que je ressens : d’avoir jouer les 3 rôles : sauveteur au début : j’ai choisi cette place, puis il y a eu un « coup de théatre » quand elle m’a menti je suis mise dans la position de victime, et persécuteur maintenant que je la laisse tomber. Je pense qu’il y a beaucoup à explorer et à comprendre encore, je vais me pencher davantage sur l’analyse transactionnelle, et évoquer la chose avec ma psy également.

Mamykro, tu as dit une chose très juste : son bonheur ne dépend pas de moi.
Mais put*** que j’ai du mal à me résigner à cette idée, ça touche un truc trop profond et douloureux en moi.
C’est comme si il y avait 2 personnes en moi : celle qui sait que le bonheur des gens ne dépend pas de moi, et celle qui s’essoufle à vouloir essayer de contredire la première…

De temps en temps, j’arrive à lui parler d’adulte à adulte, mais c’est difficile, elle tourne tout en métaphore, en blague sur tout ce que je peux lui dire pour essayer de l’aider.
Ex : elle a un beau projet, je lui ai dit de s’accrocher à celui-ci pour ne pas flancher, que c’était bien d’avoir un projet, que ça permettait d’avancer, elle m’a répondu qu’elle essayait de s’accrocher mais qu’elle n’avait pas assez de force dans les bras malgré le sport qu’elle faisait….
C’est sa manière à elle dire qu’elle doute de ses capacités j’en conviens, mais de le tourner en « rigolade » comme ça tout le temps, ça m’agace.

Tecolote, tu ne te trompes pas du tout : je ne sais pas dire non, pourtant j’y travaille en ce moment, mais ça me coûte vraiment, l’impression d’être égoiste, mais il faut que je passe par là pour aller mieux et me protéger.
Je pense qu’elle m’a manipulée et a été toxique non volontairement, mais le résultat est là, elle me court après pour garder « mon amitié » et moi je suis paumée !
(Pour les TCA je n’ai pas, et je pense que si j’en avais eu peut être que ça aurait été ça ma protection, je me serais dit que non je ne peux pas la sauver, il faut que ça vienne d’elle car j’aurai davantage compris sa position, je sais pas…)
Par rapport à la relation avec ta collègue avec qui tu as coupé les ponts, comment ça s’est passé vos relations après ? Et toi tu t’es senti comment ? Mieux, pas mieux ?
48 ans 785
Pathologie est effectivement un mot un peu "fort" :D

Il y a sans doute effectivement des choses à creuser derrière ton besoin de "réparer" ou "soutenir" les autres dans la souffrance. Le travail que tu fais avec ta thérapeute te permettra sans doute d'explorer la place réelle ou symbolique que tu as occupé dans tes relations à l'autre (et notamment à ta famille) mais aussi de te dégager de certaines "modalités relationnelles" qui pourraient t'être préjudiciable.

D'un point de vue personnel (et pour l'avoir vécu), je trouve aujourd'hui qu'il y a quelque chose de très orgueilleux à imaginer qu'on pourrait sauver quelqu'un qui souffre par notre simple implication auprès de lui.

C'est orgueilleux et surtout c'est culpabilisant parce que c'est impossible de guérir la souffrance psychique de quelqu'un seulement armé de bonnes intentions.

Comme si on avait le pouvoir magique de guérir les lésions d'un cancéreux auquel on finirait par reprocher de mourir malgré l'énergie qu'on aurait consacré à sa rémission!

Mon propos n'est pas du tout de te faire culpabiliser (contrairement à ce que j'ai l'air de dire) mais de te ramener à cette réalité que nous sommes très souvent impuissants face à la souffrance de l'autre. Il n'y a guère que les enfants pour croire qu'ils sont les seuls responsables du chagrin de leurs parents et qu'à ce titre il leur incombe de le soulager.
C
40 ans Isère 2330
Citation:
Il n'y a guère que les enfants pour croire qu'ils sont les seuls responsables du chagrin de leurs parents et qu'à ce titre il leur incombe de le soulager.

C'est bien là qu'est le fond de mon problème... :-k
Je me suis contruite sur ça, et je suis l'adulte que je suis aujourd'hui à cause des croyances d'enfants que j'ai gardé et bien ancré au fond de moi!
B I U