ladybugette a écrit:Je reste persuadée qu'on est pas obese "par hazard" . Et ne pas comprendre à quoi ca nous sert avant de perdre brutalement tous ces kg, forcement, c'est dangereux
DaDaDiAbLeSsE a écrit:
C'est pour çà que je vis aussi mal mon parcours ?
Parce qu'au final j'ai été opérée pour raison medicale, trop de comorbidités.
Sans vraiment chercher le debut de tout ? le pourquoi du comment ?
Je ne peux parler que pour moi. Ce n'est pas un hasard en ce qui me concerne et ce n'est pas un choix au sens conscient/volonté rationnelle. C'est pour ça que je suis sensible à l'idée de symptôme (au sens psychanalytique et non "médical" strict). Ça me parle.
C'était très violent pour moi de percevoir qu'il pouvait y avoir un intérêt inconscient, tout de suite j'utilisais cela pour me culpabiliser et je retournais contre moi ce qui aurait pu, bien au contraire, représenter un soulagement dans le fait que ça puisse prendre sens et désamorcer ce qui se cristallise autour de tout ça. (Je parle au passé, mais je suis loin d'en être sortie.) Je pense aussi que ça menaçait ce qui tient lieu pour moi de "solution", d'où la difficulté pour moi à vraiment le mettre au travail et la gravité de l'état où je suis arrivée. (gravité toujours relative évidemment)
Après j'ai été aussi marquée par le fait qu'avoir un corps obèse ne répond pas chez moi aux mêmes enjeux que le fait de développer des TCA ou d'avoir une difficulté à respecter ses sensations alimentaires.
Je ne sais pas si c'est "dangereux" (je suis d'un naturel prudente sur ce genre de mots), mais cheminer sur ce que ça nous fait d'être tel qu'on est, je pense que c'est important, que le psy va être très pertinent dans cette démarche mais pas suffisant non plus.
L'expérience peut aussi permettre que soient mises au travail ces questions. Ce qui me semble important, c'est surtout qu'il y ait un cadre où on se sente contenu pour ne pas trop être fragilisé.
Je n'en suis pas revenue de l'excitation et l'angoisse qui sont montées en moi quand j'ai retrouvé un corps capable de bouger sans douleurs. C'était effrayant et grisant. Je "
savais" bien, avant, qu'il y avait eu quelque chose qui me poussait à être "plombée" par le poids, incapable de bouger et arrêtée dans la vie. Mais là, en redécouvrant le mouvement, c'était autre chose d'être au contact des émotions qui s'emballaient, de l'avidité que je ressentais, du besoin constant d'éprouver mon corps, de l'angoisse insoutenable de ne plus connaître mon corps et de chercher constamment des signes observables que je ne trouvais jamais.
Je crois que tout ça je le ressentais à chaque régime dans la phase de perte, mais j'étais incapable de reconnaître, nommer ces vécus comme aujourd'hui (je les assimile à ce qu'on peut évoquer quand on parle d'euphorie, d'auto centrage et de difficultés à contenir ses élans chez les personnes en plein régime). C'est en le vivant une énième fois et parce que j'avais sûrement fait un peu de chemin que cette expérience, pourtant familière, a pris un autre relief.
Ta question Dadiablesse, elle me fait penser à une certaine culpabilité, comme si: est-ce que c'est parce que je n'aurais pas fait ce qu'il aurait (peut être) fallu faire que je suis mal aujourd'hui ?
Tu aurais pu voir un psy régulièrement et ne jamais te mettre au travail en restant centrée sur ta plainte et l'angoisse. Tu aurais pu voir un psy et te décaler de ça, ça aurait pu t'aider à aborder la chirurgie ou au contraire, te fragiliser davantage ? Personne le sait, je crois. Est-ce que c'est important pour toi?
Ça me met mal à l'aise car je ne suis pas sûre de bien comprendre cette question. (Peut être justement parce que je l'ai mal lue ^^)
Et puis ça risquerait de placer une démarche psy à un drôle d'endroit : une sorte d'injonction, d'impératif, un truc à "contrôler" de plus.
Tu pourras sûrement déployer ce qui te questionne sur ton expérience avec ton psy et dans le temps. Peut-être qu'il était important que tu te dégages de la réalité de ton corps (réalité organique, médicale en l'occurrence) pour pouvoir penser à toi autrement ?
Selon notre histoire, ça résonne différemment. Pour certains la dimension sociale sera la motivation; pour d'autres ce sera l'image de soi (corps gros ou non), pour d'autres, ce sera la dimension médicale; pour d'autres, la question de la fécondité, ou la famille etc, ou un peu de tout ça. Les motivations à la chirurgie me paraissent toutes inscrites dans la réalité (ça a un vrai impact sur plein de domaines, selon le degré d'obésité et la façon dont on le vit) mais appropriées différemment selon chacun, et c'est cette façon de le vivre qui est intéressant de questionner. Pourquoi c'est cette dimension qui motive mon choix (en faveur ou non de la chirurgie) ?
Enfin, à un bémol près: ça me paraît différent si l'état médical actuel est considéré comme engageant la vie à l'instant T, ce qui est je suppose, très rare (cf la dimension préventive: opérer précisément pour éviter d'en arriver là).