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Chirurgie et "psy"

52 ans Lorraine 4326
Suis tombée sur un mémoire de Master 2 professionnel .

Le titre "Peut-on dresser un profil psychologique de l’obésité ? Etude clinique de la violence dans la dynamique psychique de  
personnes obèses."


l'etudiante a etudié dans un service de chirurgie de l'obesité .


J'ai trouvé interessant son master sur plusieurs points .

Je retiens en particulier deux passages , qui demontrent l'importante du travail psy quant à la reussite d'une operation et aussi l'equilibre psy qui peut etre menacé apres une perte de poids importante .

voilà le rapport :

[url]http://www.reseauprevios.fr/resources/DANTIN.pdf [/url]





Les patients obèses posent aux soignants une question déontologique. Car s’ils veulent être opérés, ils ne demandent pourtant pas toujours un travail de fond, et ne sont pas forcément prêts à modifier leur fonctionnement habituel. Il appartiendra donc aux psychologues de faire émerger cette demande si c’est possible, sans pour autant forcer les patients à changer. Car certains patients, en focalisant leurs espoirs sur une opération miraculeuse, se dédouanent de tout effort psychique, ce qui leur permet de conserver leur symptôme tout en bénéficiant d’améliorations physiques. L’attachement au symptôme est une variable à prendre en compte. Car le symptôme a une raison d’être, et ses fonctions sont tellement investies par le patient qu’il serait imprudent de le faire disparaître sans l’avoir interrogé au préalable. Ainsi, une obésité qui aurait une valeur protectrice suite à un traumatisme, pourrait permettre le maintien de l’intégrité psychique. Il conviendra donc de trouver des alternatives avant de vouloir éradiquer ce symptôme, sans quoi un effondrement psychique serait à craindre.
Il s’agit donc de trouver un juste équilibre, entre la demande du sujet (parfois l’immobilisme), et la nécessité thérapeutique (préparation du patient aux bouleversements occasionnés par l’opération). Le travail autour du symptôme semble essentiel, afin de comprendre sa place dans la vie de l’individu, ainsi que les bénéfices qu’il peut lui apporter.



Et l'operation envisagée ( de maniere sans doute inconsciente ) de s'auto-punir en s'infligeant cette violence (violence deja connue par sa femme dans son passé )


" ..... Les lignes analysées dans cet entretien laissent entrevoir plusieurs choses, avec des conséquences thérapeutiques importantes. Une sorte de masochisme se dégage parfois du contrôle excessif que Mme B. a pu s’infliger. Or si cette violence centrée sur soi est à l’origine de la demande d’opération, il faut le savoir pour l’en dégager. Et nous avons vu que Mme B. cherche à être opérée, plutôt qu’à maigrir. Il faudrait connaitre la fonction de la violence chez Mme B. Car la violence subie et souhaitée alliée à la culpabilité pourrait faire penser à une sorte d’auto-punition que la patiente s’inflige. Et il ne faudra pas que l’opération entre dans cette fonction. Cette culpabilité pourrait être symptomatique d’un processus de victimisation, c’est-à-dire dans le développement psychique qui suit une agression quelconque. ...... "
H
37 ans 120
Merci pour ce lien, je me lance dans sa lecture =D>
49 ans Paris 9874
Merci, très intéressant!

Surtout l'idée de vouloir plus l'opération que l’amaigrissement...
H
37 ans 120
J'ai retenue ce passage :
-Car certains patients, en focalisant leurs espoirs sur une opération miraculeuse, se dédouanent de tout effort psychique, ce qui leur permet de conserver leur symptôme tout en bénéficiant d’améliorations physiques. L’attachement au symptôme est une variable à prendre en compte. Car le symptôme a une raison d’être, et ses fonctions sont tellement investies par le patient qu’il serait imprudent de le faire disparaître sans l’avoir interrogé au préalable. Ainsi, une obésité qui aurait une valeur protectrice suite à un traumatisme, pourrait permettre le maintien de l’intégrité psychique. Il conviendra donc de trouver des alternatives avant de vouloir éradiquer ce symptôme, sans quoi un effondrement psychique serait à craindre.
38 ans 4879
Ma psychiatre, avec qui j'en ai parlé une ou deux fois voit cette opération comme une mutilation, et à ses yeux beaucoup d'obèses se font opérer pour "punir leur corps d'être devenu ce qu'il est devenu".
Je pense que c'est en effet le cas dans certains cas, et ça pourrait l'être dans le mien. Elle relevait également une certaine tendance au masochisme (souffrir pour se sentir vivre) qui me correspond très bien, et je trouve que ce texte assez intéressant, complète bien ses propos.
Pour moi la part psy dans ces opérations traumatisantes est vraiment majeure et je trouve dommage que tant l'ignorent (ou préfèrent l'ignorer).
Elle est en tout cas très anxieuse quand à ce que vont devenir tous ces opérés d'ici quelques années (ceux qui ont choisi l'opération comme baguette magique pour résoudre tous leurs problèmes) et je la comprends...
H
37 ans 120
Nenufar a écrit:

Si dans une grande majorité des patients en obésité morbide souffrent de TCA et leurs obésités n'est pas métabolique exclusivement+ souffrent de dépression et de troubles psychopathologiques, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas de renversement de la vapeur, càd un prisme différent dans la façon de prendre en charge de l'obésité : à savoir, si tu es obèse, ton méd généraliste te ferrait consulter en premier lieu le psychologue, et ce n est qu'ensuite que le patient serait amené à consulter le chir......
48 ans Paradise island 524
harper a écrit:
Nenufar a écrit:

Si dans une grande majorité des patients en obésité morbide souffrent de TCA et leurs obésités n'est pas métabolique exclusivement+ souffrent de dépression et de troubles psychopathologiques, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas de renversement de la vapeur, càd un prisme différent dans la façon de prendre en charge de l'obésité : à savoir, si tu es obèse, ton méd généraliste te ferrait consulter en premier lieu le psychologue, et ce n est qu'ensuite que le patient serait amené à consulter le chir......


ça serait plus logique en effet...comme quand un patient a du cholestérol,il vaudrait mieux lui conseiller de la marche quotidienne+quelques mesures diet plutôt que de lu filer direct des médocs très costauds (avec effets secondaires).mais le médecin moderne veut du résultat concret et vite,le long terme c'est pas son truc ;-) ajouté au fait que peu de médecin comprennent que l'obésité est plus à traiter dans la tête que dans l'assiette.
H
37 ans 120
Mais ce qui est dingue c est que de la manière actuelle comme sont faites les choses, et notamment le parcours on a l impression que l acte chir est au centre du dispositif, et que le patient qui ne fait pas de parcours de la chir bariatrique n'est pas orienté vers cette approche pluridisciplinaire? Un peu comme si seul un risque chir justifiait une telle prise en charge, et surtout autant de surveillance... à moins d'un super généraliste proche du patient qui lui conseillera le suivi psy en plus des analyses et examens médicaux courants et coordonnera le tout....

D ailleurs au passage, je te love mon ancien généraliste <3, au meilleur des cas, 3h dans ta salle d attente en hiver, mais un médecin comme toi, je n en retrouverais pas....snif
38 ans 1547
harper a écrit:
J'ai retenue ce passage :
-Car certains patients, en focalisant leurs espoirs sur une opération miraculeuse, se dédouanent de tout effort psychique, ce qui leur permet de conserver leur symptôme tout en bénéficiant d’améliorations physiques. L’attachement au symptôme est une variable à prendre en compte. Car le symptôme a une raison d’être, et ses fonctions sont tellement investies par le patient qu’il serait imprudent de le faire disparaître sans l’avoir interrogé au préalable. Ainsi, une obésité qui aurait une valeur protectrice suite à un traumatisme, pourrait permettre le maintien de l’intégrité psychique. Il conviendra donc de trouver des alternatives avant de vouloir éradiquer ce symptôme, sans quoi un effondrement psychique serait à craindre.


Je me souviens que ça m'avait sérieusement fait réfléchir, justement. J'avais lu sur le forum (peut être la page générale infos sur la chirurgie ?) le taux de suicide post-chirurgie qui m'avait paru considérable. C'est ce qui est "mesurable",mais en revanche, le nombre de décompensations (suivies ou non), je n'ose pas imaginer... Ça soulève une hypothèse autour de ce qu'on qualifie d'échec (reprises de poids). Et si ça permettait de continuer à vivre? Est-ce que ça n'évite pas un autre type d'effondrement ?
H
37 ans 120
En décompensations tu penses à quoi Papilles? Addictions?
38 ans 1547
Je ne pense pas à quelque chose en particulier, j'imagine que ça dépend de chacun, de son histoire, et que ça dépend aussi du temps (inébranlable sur le plan psychique) nécessaire pour avoir le temps de vivre bien les choses.
Pour moi, c'est un peu l'idée qu'il y aurait un équilibre d'ensemble qui tenait - non sans souffrance - et qui peut céder brutalement et laisser apparaître des fragilités. De quel ordre, ça... addiction, peut-être. Mais je pense à des messages lus ici: dépression, obsessions, montées d'angoisse, état d'agitation, comportements à risque, rapport à la réalité fragilisé,etc. Bref, tout ça fait partie de tout un chacun, et on a parfois des fragilités qui se révèlent selon les expériences qu'on vit. Je ne peux pas croire qu'il y ait UN profil type psy de l'obèse, donc la façon dont la personne va être touchée (dans ses émotions) autour d'un parcours chirurgical et la façon dont elle va se construire après (après l'opération, pendant les changements corporels, etc), je crois que ça peut donner lieu à milles choses différentes, pas forcément grave, mais qui peuvent aussi sérieusement nous fragiliser. C'est ce fameux taux de suicide et des lectures sur cairn qui m'avaient alerté là-dessus (lesquelles, je ne sais pas, c'était il y a longtemps, mais c'était sur l'obésité et la question du symptôme je crois, j'imagine que dans le lien proposé il y a des éléments ?) et j'avoue que personnellement, je trouve ça important.
38 ans 4879
harper a écrit:
Nenufar a écrit:

Si dans une grande majorité des patients en obésité morbide souffrent de TCA et leurs obésités n'est pas métabolique exclusivement+ souffrent de dépression et de troubles psychopathologiques, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas de renversement de la vapeur, càd un prisme différent dans la façon de prendre en charge de l'obésité : à savoir, si tu es obèse, ton méd généraliste te ferrait consulter en premier lieu le psychologue, et ce n est qu'ensuite que le patient serait amené à consulter le chir......


A mes yeux ça devrait être la démarche à appliquer dans de nombreux cas, mais pas du tout dans d'autres, certaines personnes grossissant uniquement parce qu'elles aiment manger et mangent trop. Mais bon, ça ne ferait de mal à personne de voir un psy pour juger de tout ça, même si malheureusement, la plupart de ceux qui souffrent de TCA, obsédés par l'idée de maigrir VITE, mentent pour tromper les psy et pouvoir se faire opérer quand même (combien j'ai lu de témoignages en ce sens...)avec bien sur toutes les conséquences qui vont avec... Dur dur.
52 ans Lorraine 4326
Ce qui m'avait pas un peu surprise aussi, c'est le taux de divorce/separation apres une chirurgie de l'obesité.

Je n'avais pas idée de cette auto-punition, masochisme Nenufar


Papille j'aime bcp te lire .
Je reste persuadée qu'on est pas obese "par hazard" . Et ne pas comprendre à quoi ca nous sert avant de perdre brutalement tous ces kg, forcement, c'est dangereux
43 ans BanLieuSarde 1213
ladybugette a écrit:
Je reste persuadée qu'on est pas obese "par hazard" . Et ne pas comprendre à quoi ca nous sert avant de perdre brutalement tous ces kg, forcement, c'est dangereux


C'est pour çà que je vis aussi mal mon parcours ?
Parce qu'au final j'ai été opérée pour raison medicale, trop de comorbidités.
Sans vraiment chercher le debut de tout ? le pourquoi du comment ?
38 ans 1547
ladybugette a écrit:
Je reste persuadée qu'on est pas obese "par hazard" . Et ne pas comprendre à quoi ca nous sert avant de perdre brutalement tous ces kg, forcement, c'est dangereux


DaDaDiAbLeSsE a écrit:

C'est pour çà que je vis aussi mal mon parcours ?
Parce qu'au final j'ai été opérée pour raison medicale, trop de comorbidités.
Sans vraiment chercher le debut de tout ? le pourquoi du comment ?


Je ne peux parler que pour moi. Ce n'est pas un hasard en ce qui me concerne et ce n'est pas un choix au sens conscient/volonté rationnelle. C'est pour ça que je suis sensible à l'idée de symptôme (au sens psychanalytique et non "médical" strict). Ça me parle.

C'était très violent pour moi de percevoir qu'il pouvait y avoir un intérêt inconscient, tout de suite j'utilisais cela pour me culpabiliser et je retournais contre moi ce qui aurait pu, bien au contraire, représenter un soulagement dans le fait que ça puisse prendre sens et désamorcer ce qui se cristallise autour de tout ça. (Je parle au passé, mais je suis loin d'en être sortie.) Je pense aussi que ça menaçait ce qui tient lieu pour moi de "solution", d'où la difficulté pour moi à vraiment le mettre au travail et la gravité de l'état où je suis arrivée. (gravité toujours relative évidemment)

Après j'ai été aussi marquée par le fait qu'avoir un corps obèse ne répond pas chez moi aux mêmes enjeux que le fait de développer des TCA ou d'avoir une difficulté à respecter ses sensations alimentaires.

Je ne sais pas si c'est "dangereux" (je suis d'un naturel prudente sur ce genre de mots), mais cheminer sur ce que ça nous fait d'être tel qu'on est, je pense que c'est important, que le psy va être très pertinent dans cette démarche mais pas suffisant non plus.

L'expérience peut aussi permettre que soient mises au travail ces questions. Ce qui me semble important, c'est surtout qu'il y ait un cadre où on se sente contenu pour ne pas trop être fragilisé.

Je n'en suis pas revenue de l'excitation et l'angoisse qui sont montées en moi quand j'ai retrouvé un corps capable de bouger sans douleurs. C'était effrayant et grisant. Je "savais" bien, avant, qu'il y avait eu quelque chose qui me poussait à être "plombée" par le poids, incapable de bouger et arrêtée dans la vie. Mais là, en redécouvrant le mouvement, c'était autre chose d'être au contact des émotions qui s'emballaient, de l'avidité que je ressentais, du besoin constant d'éprouver mon corps, de l'angoisse insoutenable de ne plus connaître mon corps et de chercher constamment des signes observables que je ne trouvais jamais.

Je crois que tout ça je le ressentais à chaque régime dans la phase de perte, mais j'étais incapable de reconnaître, nommer ces vécus comme aujourd'hui (je les assimile à ce qu'on peut évoquer quand on parle d'euphorie, d'auto centrage et de difficultés à contenir ses élans chez les personnes en plein régime). C'est en le vivant une énième fois et parce que j'avais sûrement fait un peu de chemin que cette expérience, pourtant familière, a pris un autre relief.

Ta question Dadiablesse, elle me fait penser à une certaine culpabilité, comme si: est-ce que c'est parce que je n'aurais pas fait ce qu'il aurait (peut être) fallu faire que je suis mal aujourd'hui ?
Tu aurais pu voir un psy régulièrement et ne jamais te mettre au travail en restant centrée sur ta plainte et l'angoisse. Tu aurais pu voir un psy et te décaler de ça, ça aurait pu t'aider à aborder la chirurgie ou au contraire, te fragiliser davantage ? Personne le sait, je crois. Est-ce que c'est important pour toi?

Ça me met mal à l'aise car je ne suis pas sûre de bien comprendre cette question. (Peut être justement parce que je l'ai mal lue ^^)

Et puis ça risquerait de placer une démarche psy à un drôle d'endroit : une sorte d'injonction, d'impératif, un truc à "contrôler" de plus.

Tu pourras sûrement déployer ce qui te questionne sur ton expérience avec ton psy et dans le temps. Peut-être qu'il était important que tu te dégages de la réalité de ton corps (réalité organique, médicale en l'occurrence) pour pouvoir penser à toi autrement ?

Selon notre histoire, ça résonne différemment. Pour certains la dimension sociale sera la motivation; pour d'autres ce sera l'image de soi (corps gros ou non), pour d'autres, ce sera la dimension médicale; pour d'autres, la question de la fécondité, ou la famille etc, ou un peu de tout ça. Les motivations à la chirurgie me paraissent toutes inscrites dans la réalité (ça a un vrai impact sur plein de domaines, selon le degré d'obésité et la façon dont on le vit) mais appropriées différemment selon chacun, et c'est cette façon de le vivre qui est intéressant de questionner. Pourquoi c'est cette dimension qui motive mon choix (en faveur ou non de la chirurgie) ?

Enfin, à un bémol près: ça me paraît différent si l'état médical actuel est considéré comme engageant la vie à l'instant T, ce qui est je suppose, très rare (cf la dimension préventive: opérer précisément pour éviter d'en arriver là).
B I U


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