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34 ans 1489
Bonsoir!

Ce mois de juin, mon papa est décédé. Il a fait un avc sur son lieu de travail. Une mort qui n'a pas réellement surpris les membres proches de la  
famille, vu son train de vie et quelques antécédents, mais qui a choqué beaucoup de monde. Mon père n'avait en effet que 54 ans, et il renvoyait une image très active et autoritaire.
Je ne vais pas m'étaler sur la montagne administrative et les responsabilités qui en ont découlé mais je suis obligée de le mentionner: mon père n'étant pas marié et mon plus jeune frère étant encore mineur, c'est mon autre frère (21 ans) et moi-même qui avons dû tout assumer; les funérailles et ce qui va avec, le paiement de ses factures ouvertes, engager une personne qualifiée pour boucler les affaires professionnelles de mon père (ce n'est d'ailleurs pas fini)… A cela s'ajoute tout un b*rdel lié à la succession, mais je vais m'arrêter là parce que je pourrais écrire quinze pages ;) En bref, on en a pour une année d'admnisitratif. Ma belle-mère n'a strictement rien fait, complètement dépassée par le chagrin et la tournure des événements, ce que je peux bien sur comprendre.
Au moment de son décès, j'étais en plein dans mes examen finaux de master et j'avais des entretiens d'embauche à la pelle, enfin vous voyez un peu le truc…

Je ne m'entendais pas vraiment avec mon père, mais on maintenait tout de même des relations cordiales bien que distantes. Il en était de même avec mes frères. Mon papa était absorbé par son boulot et, il faut bien le dire, sa personne. Il était capable de mettre 3 jours à remarquer que sa compagne avait coupé 20cm de cheveux, et aurait pu offrir à mon frère, fan de hip hop US, un cd d'Obispo (deux exemples véridiques ^^). Mais bon, il avait évidemment des qualités, et je pense pouvoir dire que je l'aimais beaucoup.

Actuellement ma situation à moi est un peu plus cool. Je viens d'être embauchée pour un super job (yes 8) ) et j'ai rencontré un type adorable :oops:
Je me sens un peu bizarre, je pense rarement à mon père, je n'ai pas pleuré depuis sa mort. J'attends le fameux "contre-coup" contre lequel tous mes amis me mettent en garde (ainsi que les témoins de Jéhovah qui sont venus me faire chier chez moi :lol:). J'ai un peu honte de dire ça, j'espère ne choquer personne, mais j'ai parfois l'impression de fleurir sa tombe par obligation, et de devoir feindre la tristesse face à ses frères et soeurs.
Depuis une bonne semaine environ, je fais des cauchemars toutes les nuits, qui n'altèrent pas vraiment mon sommeil et mes journées mais me font me poser des questions. Par exemple j'ai rêvé que:
- Je me fais enterrer vivante et réussis à sortir. Tous mes proches savent qui est responsable de cette tentative de meurtre mais personne ne veut me le dire.
- J'enchaine trois paquets de clope en quelques heures (j'ai arrêté il y a un an ^^) et me retrouve à l'hôpital
- Mon grand-père paternel gifle mon frère jusqu'à le faire saigner, en le traitant de fils ingrat

Super ambiance chez mon subconscient! Quand je passe la nuit avec mon copain, je ne fais pas de cauchemar ou ne m'en souviens pas, mais sinon c'est systématique ces derniers jours.

Je ne sais pas vraiment à quel point j'ai un problème de conscience ou non, si je me sens coupable de quelque chose (mais quoi?), ou si j'ai juste l'impression de devoir me sentir coupable, ou si c'est une forme de tristesse..
Quand les parents de ma mère sont morts il y a 3 ans, j'ai mis 2 ans à l'accepter, j'étais très en colère, je tapais dans les murs. Evidemment j'imagine bien qu'il est normal de réagir différemment à chaque expérience de ce type…

Voilà, je voulais juste en parler, et c'est bien sur très volontiers que je lirais d'autres expériences liées au décès d'un(e) proche. La plupart de mes potes ont encore leurs deux parents, c'est parfois une expérience difficile à partager.

Je vous fais plein de bisous :kiss:
44 ans Angers 1764
Je ne sais pas trop quoi te répondre.. Je crois qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réaction.. Peut-être que tu le vis "bien" parce que tu es dans une période positive (le boulot, le copain.. ) Peut-être que c'est simplement ta manière de réagir, tu as le droit de ne pas pleurer ou de ne pas avoir envie d'aller fleurir sa tombe et ce n'est pas parce que tu n'y vas pas que c'est "mal" (même si il y en aura toujours pour le dire/penser). Tu as aussi le droit de pleurer une personne et pas une autre, peu importe les liens de parenté que tu as avec. C'est très personnel dans le fond.

Bref, je te lis, tu as l'air bien dans tes pompes, tu n'as pas l'air de te voiler la face mais simplement d'accepter la situation. Tu n'as pas à culpabiliser pour quelque raison que ça soit.
60 ans calvados 16079
Bonsoir,

A mon avis, (avec un certain recul face aux deuils de proches), je dirais que ça dépend de ton ressenti vis à vis de la personne plus de ta façon de gérer tes émotions.

Exemple, j'ai perdu ma mère il y a 6 ans et je n'ai quasiment pas pleuré. Non avons toujours été très proches mais il y a une chose importante que je ne lui ai pas pardonné. Ce qui fait que j' avais fait "une rupture" avec ma mère mentalement.

Il n'y a pas de quoi te sentir coupable, fais selon tes ressentis. Le deuil c'est quelque chose de très personnel, on ne sait pas par avance comment on réagira.

Paraître heureux ne veut pas dire qu'on ne pense pas à ceux qui sont partis.
Pleurer ne détermine pas nécessairement une grande peine.

Ne te culpabilises pas et vis.
35 ans 2571
Je ne suis pas psy, mais je ne vois rien d'inquiétant dans les comportements que tu décris...
Les occupations (agréables ou pénibles) qui remplissent ta vie actuellement ne te laissent pas beaucoup de temps pour penser à ton père. En revanche tes rêves laissent entrevoir que ton esprit travaille à l'assimilation de ce deuil : c'est normal de faire des cauchemars, et c'est aussi une manifestation de la peine ou des émotions souvent plus complexes qu'on ressent dans pareils cas.

J'ai connu un deuil il y a quelques années (pas aussi proche qu'un père) et je devais partir en voyage le jour de l'enterrement, c'était prévu et pas annulable. Je suis donc partie et n'ai plus pensé à ce décès (ou peu). Longtemps après j'ai commencé à faire des cauchemars liés à celui que j'avais perdu, j'ai même pleuré parfois. Mais je crois que la tristesse est venue très tard à cause d'un "décrochage" émotionnel, comme si mon cerveau n'avait pas su traiter cet événement et l'avait mis "en attente" jusque là.

Je comprends que la société nous oblige parfois un peu à manifester nos émotions de manière codifiée, fleurir les tombes par exemple. Mais c'est important de ne pas te couper de tes vraies émotions. Si actuellement tu ne ressens pas l'envie de pleurer, bah écoute tu vas pas te forcer, ça serait malsain.

Ton histoire me fait penser à une planche de la BD Wilson (je sais pas si tu connais), le personnage marche seul dans la nuit en ville et il pense :

"Je me souviens de la mort de ma mère. Elle était tellement malade... au début ça a presque été un soulagement. Mais ensuite... c'était comme... comme si je vous disais qu'à partir de demain vous ne verriez plus jamais la mer. Vous pouvez vivre votre vie comme vous l'entendez, mais vous ne pouvez pas voir la mer... Il se peut que vous n'aimiez pas la mer, mais quand même... oh, merde..."

Je trouve ce texte très juste. Sur ce qu'on ressent.

Bon courage à toi.
43 ans très au sud 7915
Il y autant de deuils différents qu'il y a de relations différentes ente les gens, sachant que chaque personne et chaque relation est unique... tu ne peux pas réagir de la même manière à deux pertes! C'est plutôt de reproduire exactement le même deuil qui serait inquiétant ;)

J'ai perdu une tante et un oncle et encore un autre oncle. Chacun des décès a été différents.
L'une n'a pas été malade et est morte subitement... le choc, la non acceptation.
L'un est mort bien malade mais était resté longtemps fâché à la famille, venait à peine de reprendre vraiment des contacts, le deuil fut douloureux car c'était aussi renoncer à rattraper du temps perdu.
Le 3ème est mort d'un cancer, là aussi le temps d'encaisser, 2 ans de maladie. Mais même dans le shéma de la maladie ça a été différent. Je n'ai pas pu aller le voir une dernière fois et je dois vivre avec ça, c'est douloureux.
Pourtant c'était tous le même degré dans la famille et ils avaient des âges proches tu vois ;)

Pour ce qui est des rêves, c'est une façon que j'ai de réagir. Je peux être parfaitement zen le jour mais la nuit, c'est une autre histoire... Déjà dès que je suis stressée je fais d'horribles rêves où je perds mes dents, des dents qui ont des racines monstrueuses. Je me réveille paniquée en me disant ouf c'était un rêve.
Et quand vraiment je me sens oppressée, que je subis des violences psychologiques dans mon quotidien, que je ressens une forte pression alors là je fais des rêves gores. Mais quand je dis gore c'est gore, à faire kiffer les réalisateurs de films gores hein! Du sang, des trucs violents hyper réalistes et des bruits (genre os qui craquent, chair qui éclate) qui me font me réveiller le souffle coupé par la peur. Pourtant à priori ces rêves ne mettaient pas en scène ce qui se passait le jour hein.
C'est une façon de réagir du subconscient. Une manière d'exprimer peurs et angoisses, impuissances aussi (enfin pour moi ;) ). Ces rêves peuvent être très dérangeants, ils arrivent parfois à me perturber vraiment même éveillée quand j'y repense. Et c'est déjà en soi un contrecoup!
Je me souviens que quand l'ex me mettait la pression pour que j'accepte des pratiques dont je ne voulais pas et ben la nuit paf ça ne manquait pas! Quand j'attendais les résultats du concours aussi. En fait à des périodes très stressantes de ma vie où je me sens dépossédée, passive.

Ah ces cauchemars ont lieu en général vers 3-4H du mat', il parait que c'est typique cette horaire là. J'ai essayé de prendre des goutes un temps mais ça endormait sur le coup mais n'empêchait pas les rêves et réveils. Au final de temps en temps quand je suis stressée je fais plutôt un bonne cure de phytothérapie (genre emphytéose ou simili) et ça aide un peu.
34 ans 1489
Merci pour vos réponses :)

ClauBreizhPolska a écrit:
Exemple, j'ai perdu ma mère il y a 6 ans et je n'ai quasiment pas pleuré. Non avons toujours été très proches mais il y a une chose importante que je ne lui ai pas pardonné. Ce qui fait que j' avais fait "une rupture" avec ma mère mentalement.


Je me reconnais dans cet exemple que tu donnes. Je pense que depuis la fin de l'adolescence environ, un peu plus tard peut-être, il y a également eu une sorte de coupure dans la relation que j'avais avec mon père. J'ai réalisé l'énorme manque de points communs, j'avais été déçue par certains de ses actes, la façon dont il traitait ma mère, et même ma belle-mère d'ailleurs. J'avais du plaisir à le voir et à discuter sur certains sujets, mais je n'avais plus cette dépendance affective. Par exemple, il a désapprouvé mes choix professionnels. Et lorsque je réussissais quelque chose, je le lui disais plus pour qu'il arrête de râler, tandis que vis à vis de ma mère, c'était plus important pour moi qu'elle soit fière.

-Celia- a écrit:
Bref, je te lis, tu as l'air bien dans tes pompes, tu n'as pas l'air de te voiler la face mais simplement d'accepter la situation. Tu n'as pas à culpabiliser pour quelque raison que ça soit.


Oui c'est un peu ça, je pense également que la tournure des événements a accéléré ce processus d'acceptation. Je pense au fait de devoir tout organiser avec mon frère alors que ni lui ni moi n'y étions préparés. Le choix du cercueil, trouver toute sa paperasse, les contacts avec la justice… Y'a pas à tergiverser il est bel et bien mort si j'ose dire. Je pense qu'actuellement mon frère et moi avons aussi envie de nous reposer et de nous détendre. On n'a pas eu de vacances à cause de tout ça (comme beaucoup de monde vous me direz) et on aimerait bien un peu de tranquillité maintenant.

Salammbo, j'adore cette BD, c'est fou que tu aies pensé à ce passage parce que moi aussi!!! :shock: J'ai également pensé aux premières pages de l'Etranger, rien à voir avec l'histoire et la psychologie du narrateur, mais juste la façon dont il mentionne la mort de sa mère.

Reinette, je me reconnais aussi dans certains aspects que tu décris par rapport à tes rêves, même si les miens semblent moins fréquents et moins violents. Mais notamment le contraste entre le jour et la nuit, si j'ose dire ^^. Je fais un cauchemar très prenant dont je me souviens bien, mais au réveil je me sens étonnamment calme. Et moi aussi c'est vers 3h-4h du matin. Les rêves liés aux dents sont, parait-il, très fréquents bien que propres à chacun. Mon meilleur pote rêve tout le temps que ses dents tombent et qu'il est forcé de les avaler. Il a des problèmes de drogue et selon dans quelle "phase" il se trouve ces rêves reviennent souvent ou non…

Je pense que vous avez toutes raisons par rapport à la culpabilité. Le truc plutôt bien, c'est que mes frères et moi avons dû assumer tellement de trucs en peu de temps, le tout doublé de nos propres obligations, que lorsque que quelqu'un (souvent un des frères et soeurs de mon père) émet un avis sur notre façon de gérer la situation, ça nous passe complètement au-dessus :lol:
Une de mes tantes a dit à mon frère qu'il semblait détaché, tout en critiquant le vin choisi pour l'apéro après les funérailles :roll: Mon frère lui a répondu qu'il était navré d'être mature et responsable, et qu'on aurait accepté les dons pour boire des grands crus et du Dom Pérignon après la cérémonie :P

Je vais voir comment ça évolue, continuer "comme ça", essayer d'être attentive à ces rêves aussi. Merci beaucoup à vous d'avoir répondu, de manière juste et rassurante qui plus est :)
45 ans 306
Bonjour,

j'ai perdu mes deux parents, il y a 15 (père) et 10 ans (mère).
tu ne parles pas de ta maman?

les réactions sont très différentes et en effet tu peux avoir un contrecoup.

pour mon père c'est tout le socle familial qui s'est écroulé, des secrets de famille se sont révélés, ça a été dur d'admettre tout cela, et j'ai été très choquée par son décès (je passe les détails). j'étais encore étudiante, il a fallu s'occuper des papiers (ma mère étant en maison de repos), c'est ma soeur ainée qui l'a fait pour la plupart, moi j'étais sous le choc, je me suis laissée un peu aller (même si je trouve ça normal aussi), j'étais en plus en période difficile personnellement, amoureusement, et de naturel très nostalgique, reveuse etc ... je me susi pas mal lamentée, mais j'ai tenu le cap, j'ai fini ma maitrise, j'ai fait mon 1er CDD, et quand j'ai recherché un boulot derrière, grosses crises d'angoisse, contre-coup ... j'ai du prendre des anxiolitiques.

j'ai fait ma vie, j'ai déménagé, emmenagé avec mon chéri. tourné quasiment la page (rupture avec la famille de mon père notamment mais snas douleur tellement je les connaissais peu).

et ma mère qui meurt 5 ans plus tard. ma mère allait très très mal dans sa tête, n'était plus que l'ombre d'elle même, n'était pas heureuse je crois. et elle nous avait caché l'ampleur de sa maladie respiratoire, tout en nous faisant croire qu'elle avait arrêté de fumer... bref,
quand elle est morte, le choc a été complètement différent. J'étais iorpheline. il n'y avait plus personne. C'était plus la famille qui mourrait avec elle aussi. j'ai géré les papiers (ma soeur arrivait de l'étranger pour l'enterrement, j'ai du tout faire et ça m'a convenu. J'ai noyé mon chagrin dans cette activité, de tout préparer, tout m'occuper, ...). Je suis allée au crématorium, mais j'ai refusé l'Eglise (elle ét sa famille son croyantes, moi non et je n'aurait pas supporté de devoir être "digne" (me lever, assis, faire la bise à des inconnus etc) alors que je voulais vivre ma douleur avec moi même. mon chéri a souffert de ne pas pouvoir me consoler, me prendre dans ses bras, j'avais besoin de pleurer seule, je ne voulais pas qu'on me console, car perdre sa maman, c'est pas quelque chose de consolable si?

je me suis sentie abandonnée par la vie, le destin. plus de parents, on avait entre 20 et 30 ans toutes les 3. c'est pas ça la vie, c'est pas normal. c'était injuste...

et puis le temps passe, bientôt 10 ans. J'ai du supporter des petites phrases débiles convenues, sans arrioère pensées, mais qui me font souffrir à chaque fois comme "comment tu fais ? moi je pourrai aps supporter !".
ha bon parce que tu crois que j'ai choisi ???!!! tu supportes, c'est malheureusement la vie et on continue nous ... ceux qui restent !

sinon je pense à ma maman (mon père j'évite parce que c'est bcp plus compliqué, vu qu'il a fait beaucoup de malm autour de lui), je me souviens, par moment, parfois sans aucune raison de date ou de lieu, c'esst comme ça, je pense à elle, ma famille idéalisé dans ma petite tête me manque. Je me révolte contre la vie en disant que c'est pas juste, je me demande ce que j'ai fait pour mériter ça etc... et des fois je me dis "et si on avait fait ci ou ça"... mais je suis plutot en paix avec moi et ce que moi et mes soeurs avons fait. on a fait notre maximum finalement. et nos parent nous ont quand même donné une enfance et adolescence pourrei, volontairement ou pas (maladie, mais aussi possessivité etc).

le moment le plus douloureux a été il y a 4 ans pendant ma grossesse et juste après la naissance de ma fille, ma mère me manquait tellement. ma belle mère est présente, me dit je ne remplacerai jamais ta maman mais je suis là, ça me fait pleurer encore plus. je ne veux pas qu'on remplace ma mère, ma mère telle que j'ai eue, connue, n'aurait pas été une bonne grand mère, mais elle me manque cruellement parce que je l'idéalise quand même dans mes moments de mauvaise foi et de déprime. le baby blues a été super dur malgré la présence de ma famille. j'ai vu un psy, tout tourne autour de ces parents, cette enfance et adolescence compluqués et le deuil ...

pardon du pavé, j'en ai profité pour parler de tout ça, je ne l'ai jamais fait comme çà. mais je pensais que ça pouvait t'aider à voir que chacune deuil est différent, car chaque relation est différente, la place dans la famiille, la présence des parents, le caractère de chacun, les moments de la vie ...

bon courage
60 ans calvados 16079
Lady_in_green, malheureusement le côté administratif et matériel est parfois trop lourd à porter et nous tombe dessus brusquement.
Ensuite, il est fréquent d'avoir besoin de se poser. C'est une façon aussi de se retrouver face à soi-même avec ses émotions.
Ne les repousses pas si elles viennent, c'est important de passer ce cap "au mieux" si je puis dire.
Et si le chagrin ne vient pas, ne fais pas attention aux personnes moralisatrices.

Il n'y a aucune règle pour vivre la perte d'un être proche.
Sois juste attentive à toi-même et prends soin de toi.

De plus on est rarement informés sur ce sujet dans notre société et c'est bien dommage.
34 ans 1489
audreybzh a écrit:
Bonjour,

j'ai perdu mes deux parents, il y a 15 (père) et 10 ans (mère).
tu ne parles pas de ta maman?

les réactions sont très différentes et en effet tu peux avoir un contrecoup.

pour mon père c'est tout le socle familial qui s'est écroulé, des secrets de famille se sont révélés, ça a été dur d'admettre tout cela, et j'ai été très choquée par son décès (je passe les détails). j'étais encore étudiante, il a fallu s'occuper des papiers (ma mère étant en maison de repos), c'est ma soeur ainée qui l'a fait pour la plupart, moi j'étais sous le choc, je me suis laissée un peu aller (même si je trouve ça normal aussi), j'étais en plus en période difficile personnellement, amoureusement, et de naturel très nostalgique, reveuse etc ... je me susi pas mal lamentée, mais j'ai tenu le cap, j'ai fini ma maitrise, j'ai fait mon 1er CDD, et quand j'ai recherché un boulot derrière, grosses crises d'angoisse, contre-coup ... j'ai du prendre des anxiolitiques.

j'ai fait ma vie, j'ai déménagé, emmenagé avec mon chéri. tourné quasiment la page (rupture avec la famille de mon père notamment mais snas douleur tellement je les connaissais peu).

et ma mère qui meurt 5 ans plus tard. ma mère allait très très mal dans sa tête, n'était plus que l'ombre d'elle même, n'était pas heureuse je crois. et elle nous avait caché l'ampleur de sa maladie respiratoire, tout en nous faisant croire qu'elle avait arrêté de fumer... bref,
quand elle est morte, le choc a été complètement différent. J'étais iorpheline. il n'y avait plus personne. C'était plus la famille qui mourrait avec elle aussi. j'ai géré les papiers (ma soeur arrivait de l'étranger pour l'enterrement, j'ai du tout faire et ça m'a convenu. J'ai noyé mon chagrin dans cette activité, de tout préparer, tout m'occuper, ...). Je suis allée au crématorium, mais j'ai refusé l'Eglise (elle ét sa famille son croyantes, moi non et je n'aurait pas supporté de devoir être "digne" (me lever, assis, faire la bise à des inconnus etc) alors que je voulais vivre ma douleur avec moi même. mon chéri a souffert de ne pas pouvoir me consoler, me prendre dans ses bras, j'avais besoin de pleurer seule, je ne voulais pas qu'on me console, car perdre sa maman, c'est pas quelque chose de consolable si?

je me suis sentie abandonnée par la vie, le destin. plus de parents, on avait entre 20 et 30 ans toutes les 3. c'est pas ça la vie, c'est pas normal. c'était injuste...

et puis le temps passe, bientôt 10 ans. J'ai du supporter des petites phrases débiles convenues, sans arrioère pensées, mais qui me font souffrir à chaque fois comme "comment tu fais ? moi je pourrai aps supporter !".
ha bon parce que tu crois que j'ai choisi ???!!! tu supportes, c'est malheureusement la vie et on continue nous ... ceux qui restent !

sinon je pense à ma maman (mon père j'évite parce que c'est bcp plus compliqué, vu qu'il a fait beaucoup de malm autour de lui), je me souviens, par moment, parfois sans aucune raison de date ou de lieu, c'esst comme ça, je pense à elle, ma famille idéalisé dans ma petite tête me manque. Je me révolte contre la vie en disant que c'est pas juste, je me demande ce que j'ai fait pour mériter ça etc... et des fois je me dis "et si on avait fait ci ou ça"... mais je suis plutot en paix avec moi et ce que moi et mes soeurs avons fait. on a fait notre maximum finalement. et nos parent nous ont quand même donné une enfance et adolescence pourrei, volontairement ou pas (maladie, mais aussi possessivité etc).

le moment le plus douloureux a été il y a 4 ans pendant ma grossesse et juste après la naissance de ma fille, ma mère me manquait tellement. ma belle mère est présente, me dit je ne remplacerai jamais ta maman mais je suis là, ça me fait pleurer encore plus. je ne veux pas qu'on remplace ma mère, ma mère telle que j'ai eue, connue, n'aurait pas été une bonne grand mère, mais elle me manque cruellement parce que je l'idéalise quand même dans mes moments de mauvaise foi et de déprime. le baby blues a été super dur malgré la présence de ma famille. j'ai vu un psy, tout tourne autour de ces parents, cette enfance et adolescence compluqués et le deuil ...

pardon du pavé, j'en ai profité pour parler de tout ça, je ne l'ai jamais fait comme çà. mais je pensais que ça pouvait t'aider à voir que chacune deuil est différent, car chaque relation est différente, la place dans la famiille, la présence des parents, le caractère de chacun, les moments de la vie ...

bon courage


Pas de soucis pour le pavé, le post est fait pour ça ;)
C'est très rude de perdre ses deux parents aussi jeune, j'ai été particulièrement touchée lorsque tu as parlé de ta grossesse et du fait que tu aurais souhaité voir ta maman devenir grand-mère.. Ton expérience montre bien les difficultés et la complexité de ce qui est lié au deuil, et au fil de ton texte on lit que malgré les divers épisodes de souffrance tu as continué à faire tes choix de vie et à être attentive à tes proches.
Même si ce n'est pas du tout la même situation, je connais aussi des moments de colère vis à vis de la mort de mes grands-parents maternels, il y a beaucoup de choses que j'ai faites que j'aurais voulu partager avec eux. Comme dirait mon frère "ça fait chier".
La mort de mon père m'a également fait penser à ma mère, au fait qu'elle pourrait aussi mourir, j'ai ressenti des sentiments similaires aux angoisses qu'on a étant enfant à cette pensée. "C'est la vie", mais c'est évidemment injuste que tu aies subi cette perte et j'espère que tes sentiments s'apaiseront, même si il est évidemment possible que tu ressentes toujours ce manque.

Mes frères et moi sommes aussi passés par certains questionnements liés à l'organisation, la famille de mon père est très catholique et nous pas du tout. On en a parlé, c'était difficile de choisir, et ma belle-mère ne répondait pas à nos appels. On a finalement choisi de faire une cérémonie avec un curé, surtout pour mon grand-père encore vivant qui perdait son deuxième enfant, et aussi pour éviter que le reste de la famille "nous casse les couilles" comme dirait mon frère ^^. Mais on a quand même précisé que nous étions non-croyants, pas baptisés, et que mon père n'était pas pratiquant du tout, pour ne pas donner la fausse vision d'un homme pieux etc.
ça a du être difficile pour toi de ressentir la famille désapprouver, comme si tu n'avais pas assez de charge émotionnelle à ce moment là...

ClauBreizhPolska a écrit:
De plus on est rarement informés sur ce sujet dans notre société et c'est bien dommage.


Ah ben ça je suis bien d'accord (avec le reste aussi d'ailleurs) ! C'est déjà difficile pour beaucoup d'en parler dans le cadre familial, on ne savait pas exemple pas du tout si mon père souhaitait être enterré ou brûlé, sa position quant au don d'organes, si il avait émis ce types de volontés…
Et au niveau administratif aussi, si c'est la première fois qu'on vit cela ce n'est pas évident de penser à tout, de savoir quoi faire. Quand la police m'a appelée pour me dire que mon père avait été retrouvé mort, on s'est retrouvés avec mes frères comme des cons, jusqu'à ce que ma mère nous dise "Appelez les pompes funèbres, appelez machin, faites ci et ça…"
Par ailleurs, je pense que tu as très bien compris ce que j'entendais par besoin de se poser. Jusque-là, j'ai consacré mes moments libres (assez rares) à mes amis et mon copain, ce qui m'a fait beaucoup de bien. Mais il s'agissait d'une soirée ou d'un repas de midi par-ci par-là, au mieux un week end. On m'a accordé 10 jours de vacances en octobre et je vais essayer de m'organiser pour n'avoir strictement rien à faire :lol:
60 ans calvados 16079
Le pire c'est que dans le cercle familial, on n'en parle ni avant ni après.
Vu que chacun a sa façon de vivre la perte d'un proche on ne se permet pas d'évoquer la personne disparue de crainte de faire souffrir (j'ai le cas avec mes fils au sujet du décès de ma fille)
Ca crée plein de non-dits et des frustrations, ça n'est pas toujours facile. Certains ayant besoin d'évoquer des souvenirs et d'autres préférant éviter d'en parler(pour se protéger souvent).

Au sujet de l'administratif, en France (je ne sais pas comment ça se passe ailleurs) on n'est pas tendre ! Tout nous tombe dessus brusquement, comme si on n'avait pas déjà assez avec la perte de la personne.
On se retrouve avec plein de corvées administratives à gérer face à des personnes pas toujours sympas et loin de prendre des pincettes.
Alors on prend sur soi en attendant que tout cet aspect "matériel" soit réglé. C'est là, après, qu'il faut bien faire attention à soi et à ses émotions. Se poser oui, c'est vital après tout ça.
:kiss:
34 ans 1489
ClauBreizhPolska a écrit:
Au sujet de l'administratif, en France (je ne sais pas comment ça se passe ailleurs) on n'est pas tendre ! Tout nous tombe dessus brusquement, comme si on n'avait pas déjà assez avec la perte de la personne.
On se retrouve avec plein de corvées administratives à gérer face à des personnes pas toujours sympas et loin de prendre des pincettes.
Alors on prend sur soi en attendant que tout cet aspect "matériel" soit réglé. C'est là, après, qu'il faut bien faire attention à soi et à ses émotions. Se poser oui, c'est vital après tout ça.
:kiss:


Oui c'est effectivement quelque chose dont j'ai peur! Et je pense que la France doit être presque aussi terrible à ce niveau-là, mais la Suisse c'est vraiment le pays de la paperasse! Après j'imagine que ça dépend aussi beaucoup du train de vie de la personne décédée..

J'ai effectivement beaucoup de chance de pouvoir parler de cet événement assez librement avec mes frères… je pense que si on ne s'entendait pas ce serait vraiment la cerise sur le gâteau des ennuis!
38 ans Paris 232
J'ai pas eu le courage de tout lire et je crois que heureusement que je n'ai pas lu ton message plus tôt. Au moment où tu as posté ton premier poste ... je venais tout juste d'enterrer mon père. A 2 jours près.

Je ne réagi pas du tout de la même façon que toi. Déjà il y a 5 mois quand on a découvert son cancer j'ai pleuré 3 soirs de suite. Je savais que ça irait vite. Mais pas si vite. Et puis j'espérais. Quand il est mort il y a 2 mois ça a été terrible. Je ne l'accepte toujours pas. J'ai pleuré tous les soirs en me couchant pendant prés de 2 semaines...
Je ne pense plus à lui tous les jours mais c'est très récent. Il "m'habite". Pendant 1 mois et demi je pensais à lui tous les jours et même plusieurs fois par jour. "tiens je me demande ce qu'il aurait dit" "j'aurai aimé savoir ce qu'il pense de ça" "je suis sure qu'il aurait aimé ça" "j'aurai aimé lui raconter ça". Et la semaine dernière encore je me suis écroulée. Alors être en larme quand tu bosses (et qu'en plus tu bosses avec des gens - dans le relationnel si je puis dire) c'est franchement pas terrible !!!
Alors voilà moi faire le deuil de mon père, pour le moment je n'y arrive pas. C'est douloureux au plus au point. Je trouve ça trop injuste qu'on me l'est enlevé de la sorte. Mais c'est la vie. Et il va falloir que j'apprenne à vivre avec son absence...

Donc on peut dire qu'entre nous deux il y a une grande différence sur notre façon de gérer la perte. Mais de ce que je peux lire je pense qu'il y a aussi une grande différence entre les relations qu'on avait chacune avec notre père.
Est ce qu'il y a une façon meilleure qu'une autre de faire son deuil ? Je ne crois pas ! C'est un coup dur et on fait peut comme on peut et essayer d'y laisser le moins de plumes possibles.

Et pour ma part je ne fleuris pas sa tombe, aller au cimetière pour regarder la tombe, savoir que la dessous il y a une boite avec de la poussière est que c'est tout ce qui reste de mon père (il a choisi de se faire incinéré) ... c'est vraiment douloureux. Je ne suis pas croyante faut dire. En tout mettre des fleurs, cacher le décès de mon père ... ça ne le fera pas revenir.

Voilà, ça y est, je pleure :roll:
51 ans Out of nowhere 3834
Vos textes sont très émouvants.

La mort, on y pense tous même si la société place un couvercle dessus. Y penser c'est finalement aussi un moyen de se protéger en essayant de " l' apprivoiser", même si en fait on ne fait malheureusement que la subir. Néanmoins, je pense parfois à la mort de mes parents (c'est horrible mais je le fais) pour me préparer le jour venu car c'est une fatalité. Je sais par avance que ce sera une épreuve terrible, mais j'essaye de me convaincre que c'est dans l'ordre des choses.

Lady in Green, ce que tu dis ne m'étonne pas tant. Notre souffrance par rapport à la perte d'un proche est largement fonction de notre vécu et de la relation qui s'est établie. Je n'ai pas ressenti vraiment d'émotion à la mort de ma grand-mère. Nos relations étaient très distantes.
La proximité du lien familial joue mais n'est pas forcément fondamentale pour évaluer l'intensité du choc subi lors de la rupture.
Je pense donc que ta réaction n'a absolument rien d'anormal.
34 ans 1489
Je suis navrée pour la perte de ton papa Perilipine :kiss: , et même si comme tu le dis bien nous n'avons pas eu du tout les mêmes rapports avec nos paternels respectifs ni la même réaction, je me reconnais dans certaines choses que tu décris. Je me demande aussi régulièrement quel aurait été son avis sur tel sujet, ou si il aurait apprécié telle personne… Je me souviens de lui comme quelqu'un de curieux (enfin seulement quand il le décidait ^^) et me dis parfois un peu bêtement qu'il aurait sans doute aimé vivre ou voir plus de choses. Encore une fois je suis navrée et espère que tu vas bien tout de même.

Les quelques semaines qui sont passées depuis que j'ai posté, j'ai eu pas mal de pensées d'une autre sorte, liées à un sentiment de culpabilité toutefois léger. Comme je l'ai dit, nous n'étions pas très proches et parfois je me dis que j'aurais dû plus m'exprimer, de pas "lâcher l'affaire" si j'ose dire.. Je me dis que j'aurais pu faire quelque chose pour que nos rapports soient meilleurs. Mais à côté de ça, mes sentiments restent similaires. Certaines personnes sont parfois choquées qu'on puisse ne pas ressentir un attachement profond à quelqu'un de si proche dans la famille. J'ai le sentiment que c'est quelque chose de tabou.

Merci pour ton message Wildtendercat :) , moi aussi il m'arrive de penser à la mort de personnes très proches encore vivantes comme ma mère ou mes meilleurs amis, mais comme tu le dis c'est absolument horrible et je refoule immédiatement. Imaginer que mes petits frères puissent mourir m'est aussi absolument impensable.
34 ans 1489
Ah oui et puis j'ai également vécu une expérience très récemment qui a quand même provoqué une réaction émotionnelle très forte, peut-être la plus difficile pour moi en rapport avec cet événement:
J'étais chez moi copain en train de manger, et sa mère a téléphoné pour dire que son papa, qui était alors en voyage dans un pays étranger éloigné avait fait un arrêt cardiaque et allait être rapatrié d'urgence. Pour des raisons de mauvaises connections, elle n'en savait pas plus sur le moment. Evidemment mon copain est devenu tout blanc, il s'est tout de suite préparé pour rejoindre sa famille et m'a demandé de l'accompagner. Je me suis sentie complètement inutile car j'étais complètement bloquée, j'avais peur et je me disais "ah non ça suffit" et je n'arrivais pas à parler, j'étais quasi muette, je sentais une énorme boule dans ma gorge et j'ai mis un certain temps à reprendre mes esprits.
(mais finalement tout va bien, beau-papa a perdu connaissance à cause de l'altitude et le guide a paniqué, il n'a absolument pas eu de crise cardiaque :) )
B I U