La violence conjugale est une réalité quotidienne pour nombre de femmes et même de très jeunes femmes.
Liebling a expliqué parfaitement le processus et la difficulté qu'on peut avoir à s'en sortir. Et je tiens à lui dire combien je l'admire non seulement de l'avoir fait, mais d'en témoigner comme elle le fait.
Rien de plus terrible que ces hommes qui ont l'air tout à fait normaux à l'extérieur et sont des brutes chez eux. Ne pas oser en parler est presque une généralité : ces femmes savent bien à quoi elles s'exposent si elles osent ouvrir la bouche. Pour ne plus rien voir, ne plus rien sentir, certaines se réfugient dans l'alcool, les médicaments...
Les spectateurs... Qui de nous n'a pas entendu " ça gueulait dur chez les voisins mais bon c'est leurs affaires, je ne me mêle pas de la vie des autres" (sous entendu "après tout c'est qu'une bonne femme et puis j'ai pas envie d'avoir des ennuis pour des gens que je connais à peine"). C'est vrai que ça n'est pas facile d'intervenir.
Mon mari et moi l'avons fait et nous ne le regrettons pas. Un soir nous avons entendu une dispute entre un homme et une femme. Des cris. Des coups sourds. Des choses qui tombaient et se cassaient. Puis des sanglots et ces mots "Pitié, pitié". Ca dépassait la dispute conjugale "normale". Mais savoir où c'était dans l'immeuble... Mon mari a fait toutes les portes des étages inférieurs, moi celles des étages supérieurs... Rien. Alors j'ai appelé la police. Au début ils étaient un peu réservés. Alors je leur ai dit que j'allais me déplacer et que je ferais une main courante et que s'il se passait qqchose de grave, je saurais bien dire que j'avais signalé un problème.
Ils sont venus. C'était dans l'immeuble qui touche le nôtre. La police a emmené l'homme et les pompiers ont emmené la femme dans l'ambulance.
J'ignore ce qu'ils sont devenus, je ne les ai jamais revus. Mais nous n'avons jamais regretté de nous être mêlés "de ce qui ne nous regardait pas".
Ces hommes comptent sur le silence de leurs femmes et sur l'inertie des spectateurs. C'est leur force la plus puissante. Ceux qui frappent leurs enfants agissent pareil. Mais il parait plus simple de dénoncer un parent qui bat un enfant qu'un homme qui bat une femme. Pourquoi ? Le geste est le même.
Ne t'inquiète pas Yojik, tu n'as pas de honte à avoir. Ces "hommes" là ne méritent pas le nom d'hommes. Et le nom qui leur convient, j'aime mieux ne pas l'écrire ici.