En France, près d’une personne sur deux est en surpoids et 15 % de la population est obèse, soit 6,5 millions de personnes dont l’IMC est supérieur à 30. La proportion des personnes en situation d’obésité est donc passée de 8,5 % à 14,5 %, entre 1997 et 2009. Une augmentation observée dans toutes les tranches d’âge, y compris les seniors. Cependant, l’obésité semble légèrement plus importante chez les femmes (15,1 %) que chez les hommes (13,9 %). Une situation qui outre les problèmes de santé pouvant en découler, stigmatise fortement les personnes souffrant de surpoids, notamment les femmes, particulièrement ciblées par la grossophobie.
Une grossophobie ciblant particulièrement les femmes
Ainsi, selon une enquête du Défenseur des droits, près de 20 % des personnes obèses et au chômage estiment avoir été discriminées à l’embauche à cause de leur poids. De même, une femme obèse à 8 fois plus de risque d’être discriminée en raison de son surpoids, qu’une femme mince. Les hommes en surpoids ont 3 fois plus de risque de l’être, toujours selon une enquête du Défenseur des droits, intitulée “Le physique de l’emploi”. Une grossophobie avérée, qui cible donc particulièrement les femmes.
Les corps minces sont associés à la performance
Les femmes rondes sont encore victimes de nombreux stéréotypes et préjugés, liés à leur corps. Dans notre perception collective, les corps beaux, c’est-à-dire minces, sont associés à l’intelligence, la bonté, la réactivité, etc. Tandis que la laideur, à savoir les corps gros, est associée à la méchanceté, la passivité, la paresse et la bêtise. Ce type d’associations entre caractéristiques morales et physiques est particulièrement ancien, puisqu’on le retrouve toujours dans les contes pour enfants et autres histoires anciennes. Ces mêmes préjugés se constatent également à la télévision et au cinéma, où les rôles confiés aux personnes grosses sont particulièrement caricaturaux, idem dans les émissions de télé-réalité.
Le grand public associe l’obésité à un manque de discipline
Les personnes obèses sont souvent représentées “sans volonté”, car leur corps présentant un excès de masse graisseuse est jugé comme étant le résultat d’une alimentation “mauvaise”. Les personnes en surpoids sont ainsi perçues comme étant incapables de réguler leur appétit. Un jugement d’autant plus acerbe que notre société valorise la responsabilité individuelle, en particulier en matière de santé. Dans ce contexte, l’obésité est associée à une maladie qui ne concerne que les personnes obèses, incapables de prendre en main leur santé.
Les femmes rondes seraient “bonnes vivantes” et « paresseuses »
Autre cliché véhiculé par l’imaginaire collectif, les femmes rondes seraient de fait des bonnes vivantes, un stéréotype associé à celui de la sexualité. Étant donné qu’elles apprécient la nourriture, les femmes en surpoids seraient donc nettement plus portées sur le sexe. Autant de stéréotypes dont peuvent souffrir les femmes concernées.
Il existe également de nombreuses croyances associées aux régimes. Pour la majorité des gens, le simple fait de suivre un régime alimentaire adapté permet de maigrir. De fait, la simplicité de ce raisonnement induit la conclusion que ceux et celles qui n’y parviennent pas manquent de volonté. Ces mêmes croyances sont à l’oeuvre lorsqu’il s’agit d’autres problématiques liées à la santé, comme l’alcoolisme et le tabagisme.
Outre le fait d’être cataloguées comme paresseuses et manquant de volonté, les femmes en surpoids souffrent de bien d’autres clichés associés à leur physique. De fait, elles seraient forcément “rigolotes” et “compréhensives”, “la bonne copine” en quelque sorte. Dans les médias, la femme ronde est ainsi représentée toujours souriante et amusante, à l’instar de la présentatrice Valérie Damidot (M6), que les caméras filment de manière humoristique.
Les normes esthétiques et corporelles plus contraignantes pour les femmes
La grossophobie touche davantage les femmes, pour des raisons liées aux normes esthétiques et corporelles induites par notre société, nettement plus contraignantes pour ces dernières. L’effet de cette discrimination de genre se constate notamment en termes d’opérations bariatriques permettant de perdre du poids. Ce type d’actes chirurgicaux qui modifient le système digestif est ainsi pratiqué par plus de 80 % des femmes, alors qu’elles sont en moyenne autant obèses que les hommes. À noter que la norme de la minceur pour les femmes est d’autant plus forte qu’elles se trouvent dans des professions socialement élevées.
En outre, la prévalence de l’obésité est plus forte dans les milieux sociaux défavorisés, or, les personnes pauvres ont longtemps été -et le sont encore- associées à des stéréotypes sociaux liés à la paresse. Les personnes grosses, d’autant plus lorsqu’elles sont des femmes, constituent ainsi le bouc émissaire moderne et l’antithèse des valeurs que prône notre société moderne, à savoir la responsabilité individuelle, la performance et la minceur.