Et j'y ajouterai ce temoignage :
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Le point de vue d’un proche
Maureen Barraclough
Conférence “Beat the Benzos” (Grande-Bretagne), 1er novembre 2000.
[Le sevrage de Michael a débuté] il y a six ans, avec l’aide de notre médecin généraliste, qui, bien que reconnaissant son manque de familiarité avec le sujet, a fait de son mieux pour l’aider en lui faisant graduellement substituer le Diazepam au Lorazepam (Temesta, Ativan) en vue d’un sevrage progressif. Des symptômes sévères sont apparus dès le premier jour, et lors d’une consultation avec le Professeur Lader, celui-ci lui a appris qu’il faisait partie des rares personnes qui souffraient d’une intolérance à la substitution du Valium au Temesta.
Cela fait six ans que Michael éprouve, jour après jour, une souffrance physique permanente. Toutes les terminations nerveuses de son corps, tous ses muscles, et jusqu’à son foie sont affectés. Il est atteint d’une forme extrême d’hypersensibilité à la lumière, et il compare la douleur qui touche ses yeux à celle qu’on pourrait éprouver s’ils étaient lardés de coups de tournevis.
Ses intestins sont tellement atteints qu’ils lui causent régulièrement d’affreuses crampes abdominales. J’ai souvent eu à les purger moi-même pour soulager sa constipation.
Les terminations nerveuses de ses jambes sont dans un tel état qu’il peut à peine marcher. Cela fait maintenant plus de douze mois qu’il n’a pas pu laver ses jambes, le simple contact du gant de toilette le faisant atrocement souffrir. Ses pieds sont gonflés à la manière d’une baudruche.
Il prend ses repas assis sur un fauteuil, l’assiette maintenue au niveau de la poitrine, en raison du fort vertige qu’il ressent lorsqu’il s’attable. Il souffre de 69 effets secondaires répertoriés, et peut en avoir 40 dans la même journée, dont 6 de façon concomitante et permanente. Certains jours, au réveil, il tremble tellement que je dois tenir sa cuillère pour l’aider à prendre son petit déjeuner.
Pouvez-vous imaginer qu’on laisse une telle catastrophe se produire ? Ma vie a également été bouleversée, dans la mesure où je suis son principal soutien familial. Michael ne peut entreprendre aucune activité d’entretien de la maison pour laquelle il lui faudrait être debout ou atteindre des objets. Je dois l’aider à s’habiller et à lacer ses chaussures. Comme je suis à la conférence, il ne peut aller se coucher avant que je rentre et restera assis : il dormira sur un fauteuil. Il prendra un sandwich parce qu’il ne peut pas rester debout assez longtemps pour cuisiner, à cause de la douleur musculaire lancinante qu’il ressent au niveau des genoux et des cuisses.
Lui et moi sommes les victimes, non seulement des pratiques vicieuses et immorales des laboratoires pharmaceutiques, mais également de celles des gouvernements successifs qui se sont laissé corrompre. En ce qui concerne le garde des sceaux Monsieur Kennedy, je lui suggère de nous rendre visite pour se rendre compte de ce qu’est réellement la justice dans ce pays. Michael est aujourd’hui âgé de 56 ans, sa carrière a été gâchée, de même que ses ressources financières et sa qualité de vie. Son protocole de sevrage prévoyant une diminution d’un quart de milligramme tous les trois mois (soit un huitième de comprimé), il aura presque 70 ans à la fin de son sevrage.
On a évoqué la possibilité d’ouvrir des centres de jour où les personnes souffrant du syndrome de sevrage pourraient se rendre, dans la mesure où ils pourraient se déplacer. La création de ces centres nécessite un financement et ils seraient donc dépendants des humeurs du pouvoir politique en place. En outre, un tel centre pourrait-il mettre un terme au traumatisme psychologique dont Michael souffre ? Il ne rêve que d’une chose, avoir 35 ans et être en pleine santé, mais le réveil est douloureux : sa vie aujourd’hui est un véritable cauchemar.
Nous demandons compensation pour une vie gâchée. Michael souhaite seulement vivre un peu avant de mourir et l’argent lui permettrait d’employer l’aide à domicile dont il a besoin pour lui permettre de prendre les vacances qu’il n’a pas pu avoir pendant 22 ans. La compensation devrait être financée par les immenses profits des laboratoires pharmaceutiques et non pas par l’argent des contribuables, car cela contribuerait à dresser l’opinion publique contre nous – les compensations ayant été versées pour des bagatelles en ayant sali la signification.
Je tiens à la main la notice pharmaceutique du Diazepam (Valium), qui est apparue opportunément avec un nouveau conditionnement en Juin 1997. Gardons à l’esprit que le Lorazepam est dix fois plus fort que le Diazepam. Si cette information n’avait pas été tenue secrète, comme c’était le cas, si Michael avait eu accès à cette notice, il aurait su pourquoi il s’endormait à son bureau sans aucun signe annonciateur, et au jour d’aujourd’hui, les récepteurs de son cerveau n’auraient pas été aussi abîmés. De même sa capacité cognitive n’aurait pas été autant détériorée, ce qui lui aurait permis de questionner sans crainte son médecin généraliste hélas si ignorant ; si cette information n’avait pas été tenue secrète, la vie de Michael n’aurait pas été détruite de cette façon.
Si les laboratoires pharmaceutiques avaient été producteurs de biens électriques défectueux, responsables de moitié moins de dégâts que ces comprimés, ils auraient été contraints de dédommager leurs victimes et probablement mis en faillite.
Nous avons accumulé quantité considérable de preuves des dégâts occasionnés par ces comprimés, comment se fait-il que les laboratoires ne soient toujours pas sommés de rendre des comptes ? (…)
Pourquoi d’autres revendications ont-elles été couronnées de succès ? Les personnes qui les ont portées sont soutenues par de puissants syndicats ou associations, ils travaillent ensemble, et non séparément, il ne s’agit pas de groupes individuels sans logique d’action collective, mais ils travaillent en équipe.
L’action au niveau local a fait son temps. Je vous demande de mettre de côté la distance géographique et les différences politiques, de vous unir pour devenir une force avec laquelle il faudra compter. Nous devons entreprendre une action de grande ampleur, des manifestations massives devant les plus hautes juridictions.
Si chaque personne souffrant du sevrage aux benzodiazépines pouvait obtenir d’une personne qu’elle l’accompagne dans une marche de protestation, nous pourrions faire porter notre voix et notre désir de justice ne pourrait plus être ignoré comme nos courriers l’ont été. D’autres (…) l’ont fait avant nous, nous pouvons le faire. Que nous soyons faibles, ou valides, c’est aujourd’hui un nouveau point de départ, nous devons nous faire entendre avec force au nom de ceux qui ont été détruits.
Si nous continuons sans nous faire entendre du gouvernement et des compagnies pharmaceutiques, nous n’entreprendrons rien. Pour ma part je n’entends pas accepter en silence les souffrances que les laboratoires Wyeth et Roche ont infligées à Michael. Attaqués hier, nous devons aujourd’hui être assaillants. Merci.