Mon homme est cuisinier, pour utiliser le terme générique. Et bien lorsque je pense pénibilité du travail, boulots à éviter, tout ça, c'est à lui que je pense.
Il travaille dans une chaleur épouvantable. Une fois, il m'a faite rentrer dans la cuisine bien une heure après la fin du service et l'extinction des feux (il avait oublié un truc) : je n'ai pas tenu, je suis ressortie aussi sec.
Il piétine toute la journée, d'environ 9h du matin (parfois plus tôt) à 1h ou 1h30 certains soirs. Parfois en continu. Parce qu'il a bien des horaires en coupure, mais ça suppose que tout le monde ait bien fait son boulot de nettoyage (et que tout le monde soit "de confiance", sinon il vaut mieux repasser derrière refaire les vérifications), qu'il n'y ait pas d'inventaire, de jour de nettoyage de la hotte (et c'est pas la petite hotte de la maison) et/ou de la chambre froide, etc. Et que les clients n'aient pas trop pris leur temps pour manger, parce que certains resteraient bien la journée s'ils pouvaient :? Mais bon, même... Deux heures de pause c'est franchement pas grand chose, d'autant qu'il faut en retirer les trajets.
Sans compter le travail en décalage par rapport à tout le monde, le boulot pendant les Fêtes. Surtout Noël, d'ailleurs. Parce que moi je croyais que Noël c'était une fête de famille, qu'on cuisinait en famille, tout ça (comme on fait chez nous, quoi). Tintin, ouais ! Les gens vont en famille... au resto. Et bien entendu ils prennent leur temps comme s'ils étaient à la maison, sauf qu'ils oublient que les employés pendant ce temps ils ne sont pas en famille. Alors, quand le patron est correct, c'est payé un peu plus cher, pour compenser. Mais s'il ne l'est pas, il ne faut pas non plus s'attendre à un mot gentil de la part des clients genre "Joyeux Noël". Résultat, mon homme déteste cordialement les Fêtes. Qu'il bosse ou non, c'est l'horreur pour lui.
Et je passe sur le harcèlement psychologique. Entre les patrons exploiteurs et les petits chefaillons qui se prennent pour des chefs étoilés et qui ont, les uns comme les autres, besoin d'asseoir leur domination en détruisant les autres. Ça il en a rencontré un paquet.
Parfois, ceci dit, le patron et/ou les collègues sont sympa et le salaire pas forcément dégueulasse. Parfois.
Bon, en même temps, il a choisi. Mais je doute vraiment qu'on comprenne ce que ça implique au moment de choisir le métier qu'on va faire. C'est après, quand on a les deux pieds dedans, qu'on a fait plusieurs chefs, plusieurs patrons, tout ça. On croirait pas, vu de l'extérieur.
Alors, pour moi, ça fait partie des boulots à éviter. Enfin, tant que les conditions de travail seront telles qu'elles sont... parce que sinon ça peut vraiment être un beau métier, de donner du plaisir aux gens.