Je ne vois pas la nécessité de comparer la douleur de la perte d'un proche, même d'un animal pour moi.
La personne qui souffre que l'objet de son affection soit mort a le droit d'exprimer sa souffrance sans qu'on lui dise "oui mais moi c'est pire" ou sans qu'on lui dise "c'est quand moins grave que de perdre un enfant".
Pour ma part, j'ai beaucoup souffert de la perte de mon papa, j'en souffre encore 23 ans après, mais j'ai réussi à à me construire une vie heureuse malgré cette perte. Je retrouve en mon fils ainé, certains traits ou certaines attitudes de manière fugace et cela me donne un sentiment de joie et tristesse en même temps.
Pourtant pour moi c'est plus dans l'ordre des choses que les parents partent avant les enfants. C'est à dire que je ne suis pas sure que j'arriverais à me relever de la perte d'un de mes enfants, j'en sais rien et dans le fond je ne vois pas la nécessité d'y penser puisqu'ils sont vivants.
En fait le principe pour moi est le même que pour tout. C'est pas parce qu'on est obèse qu'on ne peut entendre la souffrance de quelqu'un moins gros, c'est pas parce qu'on a vécu un cancer qu'on ne peut écouter se plaindre quelqu'un qui a une maladie moins grave, etcc.
Je crois qu'il est intéressant de ne pas trop ramener à soi quand quelqu'un nous parle et essayer d'avoir une écoute réelle, sans jugement. C'est pas toujours facile, il m'arrive régulièrement de ne pas réussir à le faire en instinctif, mais ensuite j'essaie de retravailler sur le sentiment que les paroles de mon interlocuteur a éveillé en moi.
J'avais une relation un peu compliquée avec mon papa dans le sens ou sans alcool c'est le papa le plus gentil de la terre mais alcoolisé il disait des fois choses pas sympas.
A sa mort, j'étais très dévastée et une de mes collègues de travail à qui j'avais parlé de son alcoolisme m'a dit "oui mais c'est quand même moins pire pour toi que pour moi si je perdais mon papa qui est tellement extraordinaire et avec qui j'ai une relation tellement forte".
Sur le moment cela m'avait fait bien tiquer et ensuite cela m'a fait réfléchir sur le fait qu'il fallait que je sois attentive à la douleur de chacun et que ce n'est pas parce qu'on pense que c'est pire que cela l'est. Chacun sa souffrance et elle doit être respectée, même pour un animal, cela ne me choque pas.