Dommage que sur un sujet aussi passionnant il y ait la moitié des pages consacrées aux « règlements de comptes » et à la surenchère de propos insignifiants…
J’ai lu pratiquement tout avec soin et voilà un résumé agrémenté de ma position.
Pour moi il est impossible d’exprimer un avis parfaitement tranché en restant honnête dans mes convictions. Je préfère rester pragmatique et tirer quelques grandes lignes de ce brouhaha (pas le sujet en lui-même mais cette proposition de loi) législatif.
Le titre, déjà, est présomptueux : « Abolition de la prostitution ». Comment croire sincèrement qu’un régime mou du genou comme la gouvernance Ayrault parvienne à réussir là où certaines des pires dictatures (civiles, militaires ou religieuses) ont échoué ? Je pense que vouloir lutter sérieusement contre l’institution prostitutionnelle serait déjà moins prétentieux et beaucoup plus réaliste.
Si on prend l’origine latine, « Abolition » signifie « Suppression ». Pour ceux qui font un parallèle avec l’esclavage, lorsqu’il a été aboli, les esclavagistes ont dû faire profil bas et cesser leurs activités et les esclaves ont été libérés. Mais comment pourrait-on clamer (pour le peu que le texte de loi puisse passer sous cette appellation) que la prostitution est abolie en France alors que des prostituées (des esclaves, donc) continueraient à pulluler dans les quartiers ? Qu’on ne les punisse plus pour racolage, tout à fait normal puisque les prostituées de rues sont toutes des esclaves, mais qu’on les laisse vaquer à leurs occupations habituelles histoire d’appâter le client pour renflouer les caisses, alors là, belle hypocrisie politique, parmi tant d’autres ! Si encore ces nouveaux fonds levés servaient à l’après-prostitution, ça pourrait être tout à fait honorable, mais comme il y a de grandes chances pour que ce soit comme pour la vignette auto, les prostituées, pas plus que les vieux en leur temps, n’en verront la couleur.
* * * * *
Les prostituées sont-elles des esclaves ? Oui, affirmatif et sans appel pour 90 % d’entre elles. Et ce chiffre correspond à peu de choses près au nombre de prostituées étrangères (Europe de l’Est, Afrique et Chine, principalement) qui sont maquées industriellement par de grands réseaux criminels (les souteneurs « traditionnels » se faisant de plus en plus rares). La lutte devrait donc être implacable, mais surtout contre ces organisations dont les « produits » seront toujours disponibles sur le trottoir si on s’en tient à ce qui est prévu par la future loi. J’ai pu lire que la prostitution n’était pas immorale mais que c’était sa consommation qui l’était. La belle affaire ! Ça revient à dire qu’un vendeur d’armes exerce une activité comme une autre mais que ce sont ces clients qui sont immoraux. Encore une jolie mentalité et une belle hypocrisie.
Si on estime à 40 000 le nombre de prostituées en France (ce chiffre n’inclut pas les occasionnelles), ça signifie qu’il y a 4 000 prostituées libres. En supposant que parmi elles, une sur dix exerce vraiment par goût, restent 3 500 qui posent « problème ». Le fait qu’elles tapinent à contre-cœur fait-il qu’elles doivent être considérées comme des esclaves ? Pour moi la réponse est non. Même si c’est par nécessité, elles choisissent de se prostituer en toute connaissance de cause, au même titre que les centaines de milliers (ou millions) de travailleuses laborieuses, qui se prostituent chaque jour pour des patrons esclavagistes et pour des clopinettes. Car à mon sens, le problème tient de la définition même de la prostitution qui est systématiquement associée à une activité sexuelle. En latin, se prostituer veux dire « Se mettre en avant ». Aucune référence n’est dont établie entre l’acte et le rapport sexuel. Et sur Internet j’ai trouvé une définition de la prostitution que je trouve intéressante :
« Corruption d’un idéal par des intérêts financiers »
La femme qui se prostitue sexuellement le fait donc au même titre que l’ouvrière qui trime huit heures par jour pendant trente ans. Et personne ne peut décréter que les prostituées libres préféreraient se crever dans une usine. Chaque situation est à prendre au cas par cas et seule la parole des personnes concernées peut faire foi. Même si ça ne correspond pas à son idéal, je peux parfaitement comprendre qu’une étudiante fauchée et misérable puisse choisir de se prostituer quelques heures par semaines plutôt que de travailler chez Mc Donald ou de faire le ménage dans une grande entreprise de minuit à quatre heures du matin. Chacune est libre de son choix et je ne vois pas en quoi l’État viendrait fourrer son nez dans des affaires qui relèvent du privé alors que ces femmes ne sont pas soutenues par un mac. Il n’y a pas de travail dégradant et tous les travaux sont dégradants. Personne ne peut non plus définir au nom de tout le monde que tel travail, aussi pénible soit-il, est honorable et utile, et que tel autre ne l’est pas.
Pour clôturer sur ce point, la lutte contre l’esclavage est une croisade noble, mais à condition que la vision des choses ne s’arrête pas aux frontières ! Comment prôner activement son abolition, parler du respect de la dignité humaine, de conspuer le pouvoir de l’argent qui permet de tout acheter (ouvrières, femmes de ménages bonniches et prostituées. On pourrait aussi aborder le cas des esclaves chinois dans les ateliers clandestins et des hommes asservis, en général, mais là on y passerait la nuit) et aller sereinement s’offrir le dernier iPhone, iPad ou la paire de baskets portée par Zlatan en sachant pertinemment que tous ces produits sont fabriqués par des bataillons d’enfants esclaves qui crèvent à petit feu dans des pays lointains ? Mais c’est vrai que ce ne sont pas des petits blancs alors tout le monde s’en fout.
* * * * *
La prostitution se limite-t-elle aux « contrats » passés entre les clients et les prostituées ? Non, pas à mes yeux. J’ai pas retenu le nom et j’ai la flemme de tout re-parcourir, mais une membre a parlé du cinéma porno. Je le considère comme de la prostitution puisque qu’il s’agit de sexe tarifé où les actrices ont des rapports en échange d’argent. La différence c’est que ça n’est pas celui qui copule qui paie (lui en plus on le rémunère pour ça) mais le producteur, dont il n’y a pas à se demander pourquoi cette profession est-elle toujours aussi mal vue. Et les clients achètent les films ou vont les visionner dans les sex-shops. La chaîne de rémunération est différente mais le principe est le même, à mon avis c’est de la prostitution.
Pour ceux qui distinguent le désir et le consentement et qui veulent également mettre bon ordre dans la prostitution libre, un bon coup de balai sera aussi nécessaire dans le milieu du cinéma X. Car si certaines actrices, les vedettes, le font réellement par goût et par plaisir, la majorité est constituée de pauvrettes exploitées jusqu’au trognon (pardonnez ce mauvais jeu de mot). La plupart le font pour gagner de l’argent, sans idéal et subissent donc les mâles qui les pénètrent à tout va, tout comme les prostituées occasionnelles (qu’on va énormément racoler dans les pays de l’Est depuis le milieu des années 90).
Il suffit aussi de visionner certains tournages (comme c’était le cas dans le temps dans « Le journal du hard ») pour constater comment les filles sont traitées par les metteurs en scène : « Vas-y, baise-la, encule-la plus fort ! Oui, bien, comme ça ». Et les acteurs s’agitent dans les bouts de viande qui leur sont offerts. Eux ont le super rôle dans l’histoire : on leur propose de baiser des jolies filles et on les paie pour ça. D’eux, on n’a pas à se demander si ils le font à contre-cœur, leur érection attestant de leur désir. C’est légal, je ne les blâme pas, c’est un marché qui rapporte énormément d’argent mais vu le nombre de témoignages de filles, salies, qu’on laisse sur le bas-côté quand elles ne font plus affaire, il y a des questions aussi à se poser à propos de ce milieu.
Dans les années 1990-2000 il y avait une actrice qui s’appelait Élodie Chérie. Avant d’entrer dans le X elle grattait comme ouvrière dans une usine et elle avait choisi le porno car elle en avait assez de se prostituer pour un patron. Tout était dit.
* * * * *
Il y a dans les messages quelqu’un qui a fait une comparaison avec les boîtes échangistes. Pour ma pomme, il y a aussi prostitution dans certains cas ou plus exactement proxénétisme. Lorsqu’il s’agit de rencontres de couples, chacun paie sa part et basta, rien à dire de plus. Mais certains clubs acceptent les hommes seuls à des tarifs délirants. C’est fait pour limiter leur nombre et ils sont triés sur le volet, les propriétaires étant très physionomistes avec les clients. Ces hommes servent à « compléter » des parties fines et sont recherchés par certains couples pour constituer des trios. Là tout le monde y trouve son compte mais en grattant un peu, on comprend qu’un homme qui paie 100 euros de droit d’entrée compte bien rentabiliser son investissement. Quoi de plus normal puisque cette somme est l’équivalent de 10 entrées avec conso dans une discothèque classique moyenne gamme de province. Comme il vient seul, qu’il « n’échange » rien, il ouvre donc son portefeuille pour baiser comme le ferait un client de prostituée. Et c’est le gérant de la discothèque, qui en encaissant son billet de 100 endosse la casquette de souteneur puisqu’on en est là-aussi à l’équation argent contre sexe.
* * * * *
Il existe bien encore d’autres formes de « contrats » passés en un homme et une femme moyennant finances. Mais on ne va pas les explorer cas sinon on n’a pas terminé. Concernant la prostitution classique, il serait bon aussi de parler des hommes prostitués, les gigolos qui se font payer par des bourgeoises pour un cinq à sept agréable. Étant très sélectifs, ils ont tout le loisir de choisir leurs clientes (c’est de toute façon une obligation car sans désir, pas d’érection), ils gagnent beaucoup d’argent et je serais curieux de savoir ce qui se passera lorsqu’un flagrant délit sera constaté par les forces de l’ordre. La cliente sera-t-elle condamnée à 1 500 euros d’amende ?