Je ne vais pas parler de la peur des futures opérées mais justement de l'absence de peur, qui peut parfois être préjudiciable car quand accident il y a, il est très dur de remonter la pente!
Il y a deux semaines, nous étions trois à nous faire opérer d'un bypass par le même chirurgien.
Une connaissance (grâce à un fofo) et moi-même étions plus qu'angoissées, notamment moi, je m'étais tellement préparée au pire en termes de douleurs, de complications, voire même pire que je m'étonne encore aujourd'hui que tout aille relativement bien.
La troisième personne était elle complètement détendue, bien qu'ayant subi une migration intragastrique de son anneau, une hémorragie abdominale, une suite sévère d'ulcères (honnêtement je me demande comment après avoir subi autant de complications et je suppose autant de douleurs, elle était prête à remettre le couvert!!!).
Alors que l'on parlait de l'alimentation post-op (histoire d'imaginer un après, tant l'opération paraissait une épreuve insurmontable) : on se disait au revoir coca zéro et autres boissons gazeuses - elle nous répondait : je suis trop accro du coca pour ne plus en boire; c'est n'importe quoi l'interdiction de ces boissons- donc on lui explique ce qui nous avait été préconisé par le chir et la nutri (risque de dilatation). Ensuite, on échangeait autour du régime liquide - elle nous soutenait : vous allez voir, vous tiendrez pas deux jours au liquide, croyez moi trois jours après vous mangerez comme avant - donc on lui répond (toujours en vertu des dires des spécialistes) qu'il fallait une phase liquide et une phase mixée pour favoriser la cicatrisation interne.
On en revient donc en fin de soirée à parler de l'opé, elle nous dit : je ne comprends pas pourquoi vous avez peur il peut rien arriver, c'est une opération banale! La preuve, je peux vous dire que samedi je suis à mon stand (nous étions lundi soir), cette jeune femme était foraine.
Bref, nous en restâmes là pour cette soirée, à se demander finalement si nous avions raison d'être aussi angoissées et que nous ferions mieux d'adopter le même point de vue que cette personne et que ça se passerait probablement mieux.
Bilan : La personne que je connaissais est passé à 10h30, la jeune dame dont je vous parlais passait à 12h00 et moi même à 13h30.
J'ai vu revenir la première avant de partir au bloc, j'ai croisé la deuxième dans les couloirs du bloc.
Le soir, toutes dans notre chambre, 21h00 branle-bas de combat, la jeune dame repart au bloc de toute urgence, hémorragie abdominale, pronostic vital engagé.
Nous avons eu de ses nouvelles quelques jours plus tard, le chirurgien était réintervenu avec succès et elle avait été placée en surveillance aux soins intensifs du CHR.
La conclusion serait une fois de plus de se dire que la peur peut être bénéfique dans la mesure où elle nous aide à envisager l'ampleur du changement tante physiologique que psychologique que l'on s'apprête à vivre.
Elle nous permet de mieux gérer, à mon sens, ce qui peut survenir en terme d'éventuelles complications par la suite.
Cette personne, bien qu'étant sortie d'affaire actuellement, a beaucoup de mal à récupérer psychologiquement tant elle a maintenant conscience d'avoir échappée à une issue tragique, pour une opération qu'elle considérait comme "banale".
Je pense que partir à l'opé la fleur au fusil, en ne pensant qu'à un après où tout n'est "que du bonheur", est de la pure inconscience. Avis aux futures opérées : prenez la mesure de votre engagement!