Mon histoire peut paraitre abracadabrante, digne des meilleures séries de l’été et pourtant tout est vrai. Moi qui disais qu’il ne m’arrivait jamais rien d’extraordinaire ! Pour résumer, j’ai découvert
la semaine dernière, par le biais de la meilleure amie de ma grand-mère que j’aime beaucoup, un secret de famille gardé depuis bientôt 70 ans.
On m’a toujours dit que ma grand-mère avait eu un unique frère, né en 1923 et mort en 1945 d’une pneumonie contractée lors de sa mobilisation. Dans sa maison, il y a quelques photos de lui en uniforme, quelques lettres qu’il a envoyées alors qu’il était mobilisé…
J’ai appris que ce grand-oncle (qu’on appellera Jean) n’était pas mort de blessure mais c’était suicidé. En 1943, (on ne m’en a jamais parlé) il s’était marié. Au retour de mobilisation, sa femme était enceinte d’un autre homme. Il s’est jeté sous un train. (il faut rajouter ici qu’il avait aussi manifestement des troubles psychologiques au départ, peut-être de l’autisme, mais qui n’avait pas été dépisté comme tel à l’époque). Il faut savoir qu’à l’époque, le suicide était considéré comme une hérésie, l’Eglise refusant de célébrer un enterrement religieux ou de permettre l’incinération dans l’un de ces cimetières. Depuis ce jour, et je ne le savais pas jusque-là, ma grand-mère n’a jamais mis les pieds dans une église.
Plus incroyable encore, le fils né de l’adultère porte le nom de Jean (c’est-à-dire mon nom), a hérité de la moitié fortune de mon arrière-grand-père (le père de Jean si vous suivez) au même titre que ma grand-mère et a toujours habité et travaillé dans la même ville que nous.
Enfin dernière révélation choc, cet homme a eu un fils qui a une dizaine d’année de plus que moi et qui se trouve être mon pharmacien !! J’ai toujours su qu’on avait le même nom de famille mais j’ai toujours cru que c’était une pure coïncidence (c’est un nom français très courant). Il semble qu’il soit, pour sa part, au courant de toute l’histoire.
Voilà l’idée qui m’ai venue et sur laquelle je voudrai votre avis : j’aimerai aller proposer à mon pharmacien de prendre un café, de lui raconter cette histoire et d’enterrer cette douloureuse histoire familiale. Je pense qu’il est temps de se réconcilier avec notre passé, nous qui sommes la troisième génération dans cette histoire qui est à l’origine de nombreux non-dits dans notre famille. J’aimerai également parler de cette rencontre avec ma grand-mère, la confronter enfin à la réalité, et finalement, l’apaiser un peu avant la fin.
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que je me mêle de ce qui ne me regarde pas ? Est-ce qu’il y a prescription ? Est-ce qu’il faut laisser ma grand-mère en paix avec toute cette histoire ? Est-ce que je risque d’ouvrir une boîte de Pandore ? Je suis perdue.