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Contre la (saint) valentin…
A l'approche du mois de février, médias et publicitaires nous assènent leurs messages vantant la sacro-sainte fête de l'amour avec un grand A, la Saint-Valentin. Mais loin d'être un heureux événement et une célébration de Cupidon, cette tradition à vocation marchande nous enferme dans une vision unilatérale des relations humaines, contribue à l'aliénation des femmes et nous impose, une fois encore, les normes de la société.
Une fête marchande
Après Noël et les soldes, les commerçant-e-s doivent relancer la consommation, motiver les acheteurs et acheteuses. En un mot, créer l'obligation. Quoi de mieux qu'une fête pseudo-universelle pour inciter, rendre indispensable les nouveaux achats ? Quel valentin, quelle valentine pourrait prendre le risque de refuser cette fête sans avoir peur de vexer l'autre ? La pression des normes semble rendre absolument impérative la participation à toutes ces fêtes commerciales. Et qui dit participation dit consommation…
Une fête excluante
La société impose ses normes. Pour mieux les rendre présentes à nos esprits, certains événements ponctuels viennent nous rappeler à l'ordre. Il faut ainsi être heureux et heureuses à Noël en famille, faire la fête entre ami-e-s pour le jour de l'an, et bien sûr sortir en couple pour la (saint) valentin. En dehors de ces schémas imposés, point de bonheur, espère-t-on nous faire croire. Si bien que culpabilité, honte, impression de rejet hantent toutes les personnes qui n'auraient pas la possibilité de participer à ces "fêtes".
Une fête sexiste
La (saint) valentin fige les femmes dans un rôle stéréotypé et sexiste. Elle consacre la croyance au "prince charmant", homme formidable amoureux pour la vie, qui transforme les femmes de Cendrillon en princesses, comme dans les contes de leur enfance. Elle les conforte dans l'impression qu'elles ont besoin d'un homme à leurs côtés pour pouvoir exister, qu'elles ont besoin de l'approbation d'un homme pour estimer leur propre valeur. Elle les pousse à l'anorexie ou à la boulimie pour être sûres de plaire aux hommes. Hommes qui leur offriront de jolis dessous pour qu'elles correspondent à leurs fantasmes, et se plient encore un peu plus à leurs désirs sans écouter leurs propres envies.
Une fête homophobe
La (saint) valentin consacre les relations hétérosexuelles comme norme absolue. Elle fige l'amour, la relation privilégiée, comme émanant de la rencontre entre un homme et une femme. Elle vient ainsi renforcer l'homophobie ambiante et quelque part justifier toutes les discriminations dont sont victimes les homosexuel-le-s et bisexuel-le-s.
La fête du couple
La (saint) valentin est LA fête du couple. Elle tend à souligner le couple comme unique espace possible à l'épanouissement personnel et aux relations privilégiées. Pour la société, le couple est la seule forme d'amour possible. Mais c'est faire abstraction de l'appropriation émanant du couple. L'appropriation, c'est le fait de considérer "son" copain ou "sa" copine comme nous appartenant. C'est jalouser toute personne qui s'approchera de lui ou d'elle. C'est enfermer la personne que l'on aime dans une prison que l'on a soi-même fabriquée. C'est refuser le droit au bonheur et au plaisir à cette personne en dehors de celui que l'on pourra (voudra) lui apporter. C'est finalement travailler à son propre bonheur, et non pas à celui de la personne aimée… Mais le couple c'est aussi l'obligation de mettre un caractère affectif à des histoires qui auraient pu être simplement sexuelles. Et c'est encore une fois opposer les femmes "biens" celles qui vivent leur sexualité au sein d'une "histoire d'amour", et celles qui tentent de vivre leur envies sans tabous, toujours considérées comme des "salopes".
Le bonheur sur commande…
La société et la (saint) valentin nous imposent un amour normé. Or nous voulons précisément dénoncer ces normes qui nous enferment dans une seule réalité, qui nous imposent le bonheur contre notre gré, qui nous font prendre l'autoroute de la vie et des sentiments et nous interdisent les petits chemins inexplorés ou si peu connus…
Contre l'hétérosystème qui conditionne notre orientation sexuelle et amoureuse.
Contre la fidélité et les relations amoureuses exclusives qui transforment les couples en prison et les hommes et femmes en propriétés privées.
Contre l'ordre moral, il est temps de choisir nos vies, et de fêter notre libération.