Lilirose, je suis désolée de l'histoire qui est arrivée à ta fille, je sais pour avoir vécu l'enfer à l école combien c'est difficile.
Je voudrais te faire partager mon vécu avec mon fils ainé qui a beaucoup souffert à l'école également.
Des insultes etc.. et ensuite des coups.
Quand il avait 10 ans, une bande de garçons de 11 ans ont embeté son petit frere de 7 ans, lors d'une sortie commune (joutes sportives dans le cadre de l'école.
Mon second fils n'avait pas la langue dans sa poche et quand ils l'ont traité de connard à répondu "c'est celui qui dit qui l'est ou un truc du genre".
Ils ont menaçé de le cogner s'il continuait à répondre, le petit disait "je m en fiche" enfin bref, je pense qu ils savaient qu'ils auraient des problèmes en attaquant un petit de 1er année (mon fils est en plus petit de taille" et donc le "chef" de la bande est venu vers mon ainé pour lui dire "tu sais que ton frere est un connard et qu'on va devoir lui mettre une raclée" et mon fils ainé qui dit "c'est toi le connard si tu le touches".
Cela a été le signal et les 4 garçons se sont mis à frapper mon fils qui sous les coups est tombé à terre. Ils le frappaient avec pieds ensuite. Mon second fils hurlait tellement fort qu'il a réussi à alerter un adulte qui passait un peu plus loin, (sans rapport avec l école car c'était sur le chemin du retour). Cette personne est venu leur dire qu'il appelait la police s ils continuaient et ils l'ont laissé tranquille enfin, sans dégats physiques importants car il s'était mis en boule en se protégeant la tete (son cousin avait été agressé et on leur avait dit que c'est ce qu'il fallait faire) les dégats sur son psychisme ont été longs et c'est encore un sujet douloureux pour lui actuellement, cette impuissance qu'il a ressenti à ce moment là. Il a ensuite fait un sport de combat qui lui a redonné confiance en ses capacités en se défendre.
J'aurais du porter plainte, mais mon fils ainé m'a tellement supplié de ne pas le faire que je me suis laissé fléchir. Je ne sais pas encore aujourd'hui si cela aurait été mieux, mais au final j'ai essayé une autre méthode, en réfléchissant uniquement au fait que le but pour moi était que mon fils puisse retourner à l'école et que ces violences cessent.
J'ai donc appelé les enfants pour les rencontrer. Il était absolument impossible d'avoir un dialogue avec les parents de ses enfants qui vivaient des situations familiales compliquées et difficiles.
Ils étaient très agressifs au début en me disant "c'est une poule mouillée qui va pleurer dans les jupes de sa mère votre fils etc.."
Je leur ai dit que je pensais qu ils n'étaient pas obligés d'apprécier mon fils, qu ils pouvaient meme se dire que c'était un faible etc.. mais que dans n'importe quel système honorable "viril" normalement ce qui est important c'est la proportionnalité, c'est à dire qu une insulte, tu peux répondre une insulte pas un coup et surtout, d'être à 4 contre un ne faisait pas de cela un combat à la loyale, mais un réglèment de compte.
J ai essayé de leur faire comprendre ma position, en prenant sur moi la responsabilité que peut etre j avais pas préparé mon fils a la réalité en lui disant que la violence ne résolvait rien et que peut etre je m'étais trompée, ensuite un m'a dit "peut etre que nous on aimerait bien que notre mère elle prenne notre défense mais dans la vie c'est pas comme cela.
J'ai dit que je comprenais et j'ai demandé à mes fils de leur présenter des excuses de les avoir traité de connard et je leur ai demandé de leur présenter des excuses pour l'avoir frappé.
J'ai surtout été très claire que vu leur jeune age et le fait que mon fils ne voulait pas, je ne porterais pas plainte, mais que je me sentirais obligée de le faire s il y avait une seconde fois. J'ai demandé à mes fils de jurer de faire comme s'ils n'existaient plus et ils se sont engagés à faire de meme.
Ils ont respecté cette parole.
Plus tard, dans une autre école, mon fils a de nouveau été agressé par un autre garçon et le directeur de l'école a mis en place une médiation et un dialogue qui a permis qu'ensuite l agresseur soit devenu sympa avec mon fils.
Vers 16 ans, il a de nouveau été agressé, mais hors du cadre de l'école et là nous avons porté plainte, ainsi qu'il y a deux ans dans le cadre du pere de son amie qui lui a mis un poing qui lui a dévié la cloison nasale.
Tout cela pour dire que parfois, meme si on porte plainte, si on doit continuer à voir ses agressseurs, une médiation peut etre intéressante. Le principe c'est d écouter et d'entendre ce que les agresseurs veulent dire sans etre agressifs, reconnaitre une part de responsabilité chez notre enfant, faire présenter des excuses à chacune des parties et essayer de créer un peu d'empathie chez l'agresseur (cela ne marche pas à chaque fois ) en lui disant si c'était ta fille, ta petite soeur, penses-tu qu'elle aurait mérité que tu la mettes à terre car elle t'a insulté. Une insulte en retour aurait peut etre suffisante ?
Lui dire qu'elle est plus forte physiquement de toute façon apparemment, mais est ce une raison pour devoir le démontrer de cette manière etc.. Lui dire que tu vas maintenir ta plainte car c'est la loi par contre et qu'elle peut tout à fait déposer plainte pour insulte de la part de ta fille qu'elle est prete à assumer les conséquences de cela, cela permet aussi à ta fille de quitter le role de victime qui est un role qui déclenche des pulsions chez les bourreaux malheureusement.
En fait, si la personne n'a aucune empathie, est du genre sociopathe, cela ne marchera pas, mais parfois les agresseurs sont comme cela car ils n'ont pas eu le choix d etre autrement du fait de leur parcours.
En fait, il n'y a aucune solution facile, mais si ta fille doit retourner dans ce lycée, il faut explorer toutes les pistes.
Regarde avec l'école s'il y a un médiateur formé pour cela ?
Plein de courage à toi et à ta fille.