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Bonjour StefaniaW,
Ce message sera très personnel (et long), j'espère qu'il répondra à tes questions, même si à l'évidence, je ne parlerai que de mon cas.
Moi non plus, je ne veux pas d'enfant. C'est un désir que je n'ai pas, et je suis reconnaissante au sort de pouvoir ici et maintenant faire ce choix sans avoir à en subir les stigmates sociaux. Encore que ...
Je pense que me concernant, cela vient du fait que je n'ai pas aimé le sentiment d'impuissance que j'avais étant enfant, et même jeune adulte. Entendons-nous bien, j'ai eu une enfance heureuse et privilégiée. Il n'en reste pas moins qu'un enfant est soumis à la volonté de ses parents, et ça m'a pesé très tôt. Je ne me vois pas faire subir cela à un enfant, même s'il s'en moquerait, je ne peux pas durablement me mettre dans une position où j'imposerais ma volonté à quelqu'un, où je devrais faire preuve d'autorité, or c'est la base de l'éducation.
Et puis, je suis trop indépendante pour délibérément fabriquer une situation où quelqu'un dépendrait de moi, complètement. Ce serait une contrainte, et je sais que quelque part, j'en voudrais à cette personne qui ne m'a rien demandé de me l'imposer. Même si on relativise l'injonction contemporaine qui veut que les enfants soient la priorité de leur(s) parent(s), il est indéniable qu'un enfant réclame du temps, tout le temps.
Sans parler de la responsabilité qui m'écraserait. Je suis anxieuse, et facilement angoissée. Je sais bien qu'avoir des enfants donne un nouveau sens au lâcher-prise, mais je sais que dans mon cas, la seule peur de l'échec, et des conséquences, me paralyseraient. Or dans ce domaine, il n'est pas possible de tout bien faire. Et je ne pourrais pas vivre dans cette situation. J'ai déjà du mal avec l'idée que j'échoue quotidiennement, alors que c'est moi qui en subit toutes les conséquences !
J'ai d'autres raisons de ne pas vouloir d'enfant, et oui, l'égoïsme en fait partie, je ne veux pas avoir à penser à quelqu'un d'autre avant moi-même. Je suis honnête sur ce point. Mais vouloir des enfants n'est-il pas tout aussi égoïste ? Je veux dire qu'à partir du moment où il s'agit d'un choix personnel que la personne effectue pour elle-même, elle le fait dans son propre intérêt (elle pense à la joie que l'enfant va lui apporter, à son épanouissement en tant que mère, au fait de ne pas vieillir seule, à laisser une trace après sa mort, que sais-je d'autre ?). Comment penser à l'intérêt de quelqu'un qui n'existe pas encore ?
Je n'ai pas de deuil à faire, je sais que l'enfant idéal que je pourrais visualiser n'existe pas. J'ai déjà ressenti ce sentiment d'amour immédiat et inconditionnel qui surgit quand on tient un nouveau né dans ses bras, il ne s'agit pas d'une quelconque carence d'amour maternel. Mais sans doute y ai-je trop pensé, trop réfléchi. Avoir un enfant est avant tout un acte de foi dans l'avenir, et cette foi, je ne la possède pas.
Je pense que ce débat commence à émerger parce que la possibilité de ce choix, enfanter ou ne pas enfanter, est assez récente. Or, c'est en contradiction avec un supposé instinct de reproduction, la nécessité d'assurer la pérennité de l'espèce. Or, si la personne qui choisit de ne pas se reproduire n'est plus "la vieille tante aigrie" ou "le vieil oncle original", mais tout un chacun, cela pose des risques quant à la structure de la société. La suite logique est de marginaliser ce choix, et celles et ceux qui le font.
Quant aux remarques condescendantes, je les connais pas cœur. A quelqu'un que je connais peu qui me demande pourquoi je n'ai pas d'enfant, je réponds que je ne peux pas en avoir (ce qui de mon point de vue est aussi vrai qu'une incapacité physique). Sinon, si la personne est plus proche, je retourne la question, je lui demande pourquoi elle en veut ou en a voulu. La réponse qui vient généralement en premier est que "c'est normal", que c'est "partie intégrante d'une vie de femme épanouie". Ensuite, quand on creuse, les raisons sont plus diverses, mais mon expérience est qu'une femme qui a voulu/veut des enfants se pose rarement des questions sur ses réelles motivations ...
Ce message sera très personnel (et long), j'espère qu'il répondra à tes questions, même si à l'évidence, je ne parlerai que de mon cas.
Moi non plus, je ne veux pas d'enfant. C'est un désir que je n'ai pas, et je suis reconnaissante au sort de pouvoir ici et maintenant faire ce choix sans avoir à en subir les stigmates sociaux. Encore que ...
Je pense que me concernant, cela vient du fait que je n'ai pas aimé le sentiment d'impuissance que j'avais étant enfant, et même jeune adulte. Entendons-nous bien, j'ai eu une enfance heureuse et privilégiée. Il n'en reste pas moins qu'un enfant est soumis à la volonté de ses parents, et ça m'a pesé très tôt. Je ne me vois pas faire subir cela à un enfant, même s'il s'en moquerait, je ne peux pas durablement me mettre dans une position où j'imposerais ma volonté à quelqu'un, où je devrais faire preuve d'autorité, or c'est la base de l'éducation.
Et puis, je suis trop indépendante pour délibérément fabriquer une situation où quelqu'un dépendrait de moi, complètement. Ce serait une contrainte, et je sais que quelque part, j'en voudrais à cette personne qui ne m'a rien demandé de me l'imposer. Même si on relativise l'injonction contemporaine qui veut que les enfants soient la priorité de leur(s) parent(s), il est indéniable qu'un enfant réclame du temps, tout le temps.
Sans parler de la responsabilité qui m'écraserait. Je suis anxieuse, et facilement angoissée. Je sais bien qu'avoir des enfants donne un nouveau sens au lâcher-prise, mais je sais que dans mon cas, la seule peur de l'échec, et des conséquences, me paralyseraient. Or dans ce domaine, il n'est pas possible de tout bien faire. Et je ne pourrais pas vivre dans cette situation. J'ai déjà du mal avec l'idée que j'échoue quotidiennement, alors que c'est moi qui en subit toutes les conséquences !
J'ai d'autres raisons de ne pas vouloir d'enfant, et oui, l'égoïsme en fait partie, je ne veux pas avoir à penser à quelqu'un d'autre avant moi-même. Je suis honnête sur ce point. Mais vouloir des enfants n'est-il pas tout aussi égoïste ? Je veux dire qu'à partir du moment où il s'agit d'un choix personnel que la personne effectue pour elle-même, elle le fait dans son propre intérêt (elle pense à la joie que l'enfant va lui apporter, à son épanouissement en tant que mère, au fait de ne pas vieillir seule, à laisser une trace après sa mort, que sais-je d'autre ?). Comment penser à l'intérêt de quelqu'un qui n'existe pas encore ?
Je n'ai pas de deuil à faire, je sais que l'enfant idéal que je pourrais visualiser n'existe pas. J'ai déjà ressenti ce sentiment d'amour immédiat et inconditionnel qui surgit quand on tient un nouveau né dans ses bras, il ne s'agit pas d'une quelconque carence d'amour maternel. Mais sans doute y ai-je trop pensé, trop réfléchi. Avoir un enfant est avant tout un acte de foi dans l'avenir, et cette foi, je ne la possède pas.
Je pense que ce débat commence à émerger parce que la possibilité de ce choix, enfanter ou ne pas enfanter, est assez récente. Or, c'est en contradiction avec un supposé instinct de reproduction, la nécessité d'assurer la pérennité de l'espèce. Or, si la personne qui choisit de ne pas se reproduire n'est plus "la vieille tante aigrie" ou "le vieil oncle original", mais tout un chacun, cela pose des risques quant à la structure de la société. La suite logique est de marginaliser ce choix, et celles et ceux qui le font.
Quant aux remarques condescendantes, je les connais pas cœur. A quelqu'un que je connais peu qui me demande pourquoi je n'ai pas d'enfant, je réponds que je ne peux pas en avoir (ce qui de mon point de vue est aussi vrai qu'une incapacité physique). Sinon, si la personne est plus proche, je retourne la question, je lui demande pourquoi elle en veut ou en a voulu. La réponse qui vient généralement en premier est que "c'est normal", que c'est "partie intégrante d'une vie de femme épanouie". Ensuite, quand on creuse, les raisons sont plus diverses, mais mon expérience est qu'une femme qui a voulu/veut des enfants se pose rarement des questions sur ses réelles motivations ...