Reuters Fernando Exman et Tim Hepher 7 juin 2009
L'armée de l'air brésilienne annonce la découverte par les sauveteurs de deux corps masculins provenant de l'Airbus d'Air France qui s'est abîmé dans l'Atlantique.
L'ARMÉE BRÉSILIENNE RETROUVE DEUX CORPS PROVENANT DU VOL RIO-PARIS
Les corps ont été retrouvés en début de matinée le 6 juin avec des débris de l'appareil, a précisé à Recife Jorge Amaral, porte-parole de l'armée de l'air.
"Ce matin à 8h14, nous avons eu la confirmation du repêchage de débris et de corps appartenant au vol d'Air France", a-t-il déclaré.
Parmi les débris figurent un fauteuil bleu avec un numéro de série correspondant au vol AF 447, un sac à dos contenant une carte de vaccination et une mallette avec un billet Air France à l'intérieur, ont précisé les responsables des secours.
L'accident, pire catastrophe aérienne depuis 2001 et la pire de l'histoire d'Air France, a eu lieu le 1er juin lors d'un vol entre Rio de Janeiro et Paris. Le biréacteur transportait 228 passagers et membres d'équipage.
L'armée de l'air et plusieurs bâtiments de la marine brésilienne effectuent leurs recherches dans une zone située à 1.100 km au nord-est de la côte du Brésil.
L'A330-200 semble avoir rencontré une succession rapide d'incidents techniques après être entré dans une zone de fortes turbulences au-dessus de l'Atlantique.
Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de l'enquête, a établi que l'appareil avait envoyé 24 messages de panne automatiques entre 02h10 et 02h14 GMT avant de disparaître. L'un d'eux montrait des indications incohérentes des capteurs de vitesse.
DYSFONCTIONNEMENTS
Le BEA a révélé samedi qu'Airbus avait décelé des dysfonctionnements sur les détecteurs de vitesse de ses avions A330 avant la catastrophe et invité ses clients à les changer.
Mais le directeur du BEA, Paul-Louis Arslanian, a estimé qu'il était prématuré d'y voir la cause de la chute dans l'Atlantique de l'avion.
"Il existe des programmes de remplacement et d'amélioration des détecteurs de vitesse" pour les Airbus A330 mais "cela ne veut pas dire que sans ces remplacements, l'avion serait défectueux", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.
Airbus a confirmé avoir invité la cinquantaine de compagnies aériennes qui possèdent des A330 à changer ces capteurs, appelés tubes de Patot. Mais selon l'avionneur il ne s'agit que d'une mesure optionnelle visant à améliorer la performance, et non d'un impératif de sécurité.
"Il y a des améliorations et modifications continuelles à apporter à tous les avions," a expliqué Stefan Schaffrath, porte-parole d'Airbus.
Un porte-parole d'Air France n'était pas en mesure de préciser si l'avion qui s'est abîmé en mer avait subi la modification.
Les enquêteurs espèrent récupérer les "boîtes noires" de l'avion pour obtenir davantage d'informations mais craignent de ne jamais les retrouver.
"Voici ce que nous cherchons au milieu de l'océan Atlantique," a déclaré le patron du BEA en tenant la petite balise, de forme cylindrique, qui est attachée aux enregistreurs de vol et conçue pour émettre des signaux pendant 30 jours.
"Nous n'avons absolument pas aujourd'hui la garantie que la balise des boîtes noires soit toujours attachée aux enregistreurs, elle peut s'être détachée," a dit Paul-Louis Arslanian.
Pour localiser les "boîtes noires", qui peuvent reposer à une profondeur comprise entre 864 et 4.000 mètres, la France va envoyer dans la zone un sous-marin à propulsion nucléaire doté d'équipements sonar ultraperfectionnés.
Lors du point de presse, Météo France a confirmé que l'avion avait traversé une zone orageuse mais sans que ces conditions aient un caractère exceptionnel.
Rien n'indique qu'il ait rencontré sur son trajet "un amas orageux d'une intensité exceptionnelle» pour un mois de juin, a déclaré Alain Ratier, directeur général adjoint de Météo France.
Fernando Exman, Tim Hepher, version française Jean-Loup Fiévet et Jean-Stéphane Brosse