Bonjour à tous,
Après une grossesse sans la moindre zone d'ombre et arrivée à terme le jour J, notre vie a basculé le 8 décembre dernier...
Après avoir passé la matinée à
avoir des contractions toutes les 10 min, nous nous décidons à aller à la clinique vers 11h. Après 1h de monitoring, une echo et un examen, on me dit que le travail a bien commencé, que je suis dilatée à 1 cm et que je peux rentrer chez moi et revenir plus tard. Nous repartons donc à la maison et là la voiture à du m'aider puisqu'arrivés à la maison mes contractions sont régulières toutes les 4 min.
Je tiens l'après midi, et vers 18h30 dis à mon monsieur qu'il est temps d'y aller cette fois. A la clinique tout le monde nous accueille avec des grands sourires, ils savent que le moment va arriver. On m'installe dans une salle de travail, et me dit que j'en ai pour la nuit. Après examen, je suis dilatée à 3 cm, donc on va pouvoir me poser la péridurale si je la veux. J'hésitai, mais après une journée de contractions je suis pour... Le tracé du monitoring est nickel, ma jolie puce est en pleine forme et commence sa descente.
La sage femme me demande de m'asseoir pour regarder mon dos, le monitoring bouge, elle veut le remettre en place et là n'entend plus le coeur de Juliette. Elle cherche, appele sa collègue, elle ne trouve pas non plus. Le chef de service arrive, me fait une echo toujours à la recherche du coeur de ma puce. Moi je la sens bouger mais eux n'entendent pas son coeur.
Et là, en l'espace de quelques minutes tout à basculer...
En l'espace d'un instant, la chambre est pleine de monde, on me colle un masque à oxygène, je vois mon monsieur blanc comme jamais je ne l'ai vu blanc, et je ne comprend pas... On m'explique, on m'emmène au bloc pour une césarienne d'urgence. Je commence à paniquer et demande à ce qu'on m'explique. Je n'ai pas le temps d'obtenir de réponse que je suis endormie...
Deux heures plus tard, je me réveille toujours dans la même chambre, entourée de sage femmes qui m'expliquent que Juliette a été transférée en réanimation néonat dans une autre maternité et que mon mari est parti avec elle.
Je ne comprend rien, je suis totalement assomée par l'anesthésiant. Tout ce que je comprend c'est que ma fille est en soin néonat, ce qui ne m'inquiète finalement pas plus que ça; elle est née à terme, elle était en plein forme, aucune raison que ça se passe mal. Ils ont dû l'emmener pour des soins "classiques" dûs à la césarienne...
3h après mon mari me rejoint dans la chambre, et m'explique que notre fille est en réanimation que son état est extrêmement critique, qu'elle a un grave problème pulmonaire et que les médecins ne sont pas confiants... Il me dit aussi qu'il ne l'a vue que 15 min, et qu'elle est la plus belle.
Sur le coup je ne comprend pas. Il est 3h du matin, je suis assomée, j'ai bien compris que quelque chose de grave se passe, mais ce n'est tellement pas possible que je "n'intègre" pas.
Le lendemain matin, la pédiatre de la clinique vient me voir et m'explique que ma fille va très très mal, et que quand je la verrai je comprendrai qu'il n'y a pas d'espoir... Je m'éffondre. Cette fois j'ai compris...
J'arrive à négocier avec le médecin qui m'a opérée la veille pour aller la voir ne serait que quelques minutes. On fait venir une ambulance et je rencontre mon amour de puce pour la première fois. Elle est belle, elle est grande, toute douce et branchée de partout. Un respirateur la fait respirer, elle est en hypothermie artificielle et sédatée pour ne pas se désintuber, et on lui a drainé un pneumothorax. Mais c'est ma fille, elle est magnifique...
Le pédiatre vient nous expliquer que son état s'est amélioré mais qu'elle n'est pas tirée d'affaire, que visiblement une infection provoquerait un problème pulmonaire, mais qu'ils ont commencé les antibiotiques et qu'elle réagit bien, en attendant les résultats d'analyses qui permettront de la soigner... C'est dur de voir Juliette comme ça entourée de machines, mais le discours du pédiatre se veut rassurant. Le lendemain, nous appelons le matin pour savoir comment s'est passée la nuit, on nous annonce que Juliette s'est bien stabilisée, qu'elle n'est pas tirée d'affaire mais que déjà le fait qu'elle soit stabilisée est encourageant. Nous allons passer l'après midi avec elle. Elle réagit aux chatouilles, elle nous serre le doigts quand on le met dans sa petite main, elle nous reconnait...
Je demande à sortir de la maternité dés le vendredi matin, j'habite plus près de l'autre hopital et je veux pouvoir être proche de ma fille. Après discussion avec le médecin, je suis autorisée à sortir dés 11h le lendemain.
Vendredi matin j'appelle le service de réa, Juliette a passé une très bonne nuit, toutes ses constantes sont bonnes, elle va mieux.
L'après midi, nous allons la voir à 13h, toute l'équipe est souriante, on me parle même de la possibilité de l'allaiter via la sonde avec mon lait. Nous allons prendre un café vers 15h et en revenant, toute l'equipe est autour d'elle... Le pédiatre nous "convoque" et nous explique que son coeur a dangereusement ralenti, qu'il espèe qu'il s'agit d'un nouveau pneumothorax puisque dans ses cas la ils pourront arranger ça. Il nous aussi que si malheureusement ce n'est pas ça et que si son coeur venait a s'arrêter, médicalement ils ne pourront rien faire puisqu'elle est déjà complétement assistée. Mon mari ne réagit pas, nous ne voulons pas se faire à cette idée.
Nous retournons voir notre fille, il s'agit bien d'un pneumothorax, ils posent donc un drain et son rythme cardiaque se stabilise. Ils ont tous le sourire. Nous sommes quelque peu rassurés, même si une des infirmières vient nous demander des choses plus "administratives" : voulons nous la faire baptiser, si le pire arrivait est ce que l'on souhaite une autopsie etc. Avec le recul on se rend compte qu'ils nous ont mis en garde mais nous n'avons pas voulu l'accepter... Ils nous disent également que d'ici 21h le soir elle serait "réchaufée" et qu'ils espèrent que cela améliorera son état...
17h, retour à la maison, nous attendons...
A 21h, j'appele pour savoir comment elle a réagit a son "réchauffement". La on me dit que son état s'agrave et qu'il faudrait que l'on vienne.
15 min plus tard nous sommes la bas, on nous dit de venir près de notre puce, mais nous voyons ses constantes et elles ne sont pas bonnes du coup. On me demande si je veux la prendre dans les bras... Nous comprenons tout de suite...
Tout cela à durer une heure en tout et pour tout. Son petit coeur s'est arrêté de battre à 22h20 dans mes bras...
Mon mari craque. Moi pas, nous sommes extrêmement soudés, et le fait de le voir craquer "m'interdit" de le faire, il a besoin de moi. Je ne réagis pas. Je crois que je ne comprend pas ce qu'il se passe... Une infirmière vient nous voir et nous explique qu'ils vont la "préparer" et que nous pourrons passer encore du temps avec Juliette si nous le désirons.
1h après, elle est là, juste endormie... Ils lui ont mis un petit pyjama blanc, c'est un magnifique ange. Nous la prenons dans nos bras pour la caliner, l'embrasser et lui dire que nous l'aimons très très fort... C'est fini, le pire est arrivé...
Les "démarches" nécessaires achevées, nous rentrons chez nous. J'ai perdu une partie de moi et j'ai l'impression que mon coeur s'est arrêté de battre. Je ne pleure toujours pas...
J'ai commencé à craquer le samedi matin, elle me manque. J'ai un vide à la place du ventre, et elle n'est pas dans mes bras. Tout ça n'est pas juste. Je ne pensai pas que l'on pouvait aimer autant...
Tout cela est arrivé il y a à peine deux semaines. Je ne sais pas comment nous allons sortir de tout ça. Mon monsieur semble aller mieux, il a expliqué à la psy que pour lui elle était partie et qu'il l'avais accepté...Moi pas... Notre amour de puce nous manque terriblement, elle nous pensons à elle tout le temps, nous l'aimons très très fort
Aujourd'hui je ne peux pas dire que je vais "mieux" mais disons que je vais "moins mal". Le temps fera son travail, mais c'est tellement dur surtout avec les fêtes qui arrivent...
J'arrive à prononcer son nom sans m'effondrer, mais je craque encore pas mal. Ca ne dure pas mais pleurer me "soulage"...
Je ne sais pas comment on se remet de tout ça, certainement qu'on ne s'en remet jamais vraiment et qu'on apprend à vivre avec. Elle fait partie de notre vie, et nous ne l'oublierons jamais...
Merci de m'avoir lue, vous racontez tout ça me fait souffrir mais paradoxalement l'exprimer me fait du bien.