-tiret- a écrit:pensez-vous que vous l'avez choisi par réèlle passion, ou parce qu'à un moment donné, faut bien se nourrir aussi et que les rêves, ca ne fait pas tout dans la vie?
j ai choisi mon métier à la fois par "élimination" et par goût.
quand j'étais petite je voulais faire plein de métiers ( écrivain, coiffeuse, factrice, enseignante, etc ).
en grandissant ( vers le collège/lycée , quand il faut commencer à penser à "l'après" ) , j'ai réalisé que certains métiers seraient incompatibles avec mon caractère:
- trop timide et coincée pour être prof de français : je n'aurais pas supporté que des élèves se fichent de moi ou n'écoutent pas mon cours, j'aurais eu peur chaque jour de ne pas savoir les intéresser avec mes cours, etc )
- pas assez de "talent" et de patience pour être écrivain, etc )
- trop timide et inquiète pour choisir une filière qui m'aurait obligée à passer par la face ( je me disais : je suis si timide que si je me retrouve dans un amphi, avec des centaines de jeunes, je n'oserai jamais aborder une personne en particulier et du coup je serai toujours seule, je ne me ferai pas d'amis, alors que si je choisis une filière où je serai dans une école, avec des classes avec peu d'élèves fatalement j'aurais moins de mal à prendre contact avec les autres, etc )
- indépendante et timide , ce qui me faisait redouter d'avoir un patron ( je me disais : je n'aime pas recevoir d'ordres, or si j'ai un patron j'en recevrai, et en plus vu comme je suis timide je n'oserai pas me rebeller et je subirai du coup la situation sans oser rien faire, bref ce sera l'horreur )
- bizarrement pas très "sociable" , et du coup je me disais qu'avoir un boulot "sans collègue et sans patron" serait pas plus mal pour moi ( genre : je gère mon boulot comme je le sens , sans dépendre de personne )
Et puis à côté de toutes mes interrogations, en parallèle, j'avais une vieille voisine sourde et atteinte de la maladie de parkinson de naissance que j'accompagnais parfois ( elle ne voulait pas marcher seule dans la rue , elle avait des problèmes d'équilibre ) chez l'orthophoniste et du coup j'ai découvert l'existence de métier.
et d'une chose à l'autre arrivée en première S, en fin d'année, quand il s'agit , avant la terminale, de vraiment commencer à avoir un projet pro , je me suis dit " bon: j'aime le français, je ne me sens pas d'être prof ni écrivain, visiblement pour le boulot d'orthophoniste il faut être plutôt littéraire et scientifique ( or j'aimais le français et j'étais en filière scientifique option sciences de la vie et de la terre ) ma foi pourquoi ne pas essayer de devenir orthophoniste".
j'aime mon métier , j'aime le fait d'être "indépendante/sans patron" ( bon dans les faits on pourrait dire que mes patients sont mes patrons , et si j'ai pas de patients je gagne zeros euros , mais bon... ) Côté "pratique " à côté de tous les avantages y'a aussi quelques aspects moins cool ( certes on est libre de nos horaires puisque c'est nous qui les fixons mais nous sommes dépendants de l'offre et de la demande: et quand je ne reçois pas de patients je ne gagne pas d'argent : pas de congés payés ,si je suis malade ben pareil : pas vraiment d'arrêt maladie avec une rémunération derrière, etc ) .
Après je suis une personne mega flemmarde et très sincèrement dans l'idée j'aime bien "ne rien faire", et si demain on me disait :"
tu vas toucher à vie une rente tu n'es plus obligée de travailler" eh bien ....franchement dans un premier temps je crois que j'arrêterai de travailler ( juste parce que je trouve ça super de ne pas avoir de réveil à mettre le matin, de ne pas avoir de "choses à faire de façon obligatoire" dans la journée, de rien faire si on a envie de rien faire, etc... bref je suis une vraie grosse feignasse quoi ... ).
Mais après je ne sais pas si au bout d'un moment mon métier ne me manquerait pas quand même , je ne sais pas.... Je n'ai jamais eu de vraie période d'inactivité ( je devrais dire "j'ai eu la chance de ne pas avoir de période d'inactivité ", car j'ai bien conscience que c'est un luxe de ne pas avoir connu de telles périodes ) : je suis allée au lycée, puis j'ai fait mes études sup' , et de suite après mon diplôme j'ai commencé à travailler , donc je ne sais pas trop ce que ça fait de ne "rien avoir à faire" pendant de longues périodes; là je me dis " purée ça doit être cool de ne rien avoir à faire du tout" mais tout autant au bout de quelques mois ça me saoulerait et je n'aurais qu'une envie : bosser :lol:, je ne sais pas.... Bref ! c'est un autre débat :lol:
tout ça pour dire que mon métier ce n'est pas ma "passion" mais je l'aime et je vais au travail avec "intérêt" ( je veux dire par là que ce que je fais m'intéresse ) et je peux même dire avec "plaisir" ( bon y'a des séances plus ou moins intéressantes/sympa, certes... ).
Après j'ai bien conscience que j'ai eu beaucoup de chance de pouvoir choisir comme ça mon métier et de pouvoir l'exercer.
A côté de ça je vois plein de gens ( mes frères, par exemple ), qui malgré leurs études sup' n'ont pas malheureusement pas pu trouver d'emplois ( l'un a eu un DEA en biologie cellulaire/génétique, et n'a pas pu trouver de boulot dans sa branche, saturée, et à du se rabattre sur des concours administratifs sans rapport , du tout, avec cette filière ) dans leur branche et font des boulots pas super excitants, fatigant physiquement ( l'un bosse finalement dans le bâtiment ), etc. Bref...
Bref... pourvoir faire un métier qui nous plaît c'est bien ( après il faut se dire que quoi qu'il arrive, même si au départ on aime son métier, au bout de 30 ans à faire un truc forcément il peut arriver que même un truc qu'on aimait à la base vienne à nous gonfler ... ) , mais ce n'est pas un truc qu"il faut viser de façon désespérée et sans concession. Le marché du travail est ce qu'il est et il faut parfois se résoudre à prendre un travail qui nous plaît moyennement mais qui nous permet tout de même de toucher un salaire. Car bah ça reste tout de même la fonction première du travail , quand on est adulte: gagner des sous pour être aussi indépendant que possible.
et si on a la malchance de faire un boulot qui nous déplaît il faut réussir à prendre du recul et se dire qu'on ne se "résume" pas à notre métier, et que si notre métier ne nous plaît pas et qu'on a pas le choix : autant en prendre son parti, voir juste le salaire que ça nous permet d'avoir (
et être fier de se dire qu'on travaille pour gagner sa vie, quel que soit le travail que l'on fait, chaque travail est utile et respectable ) , et se dire que pour ce qui est de l'épanouissement personnel on peut plutôt viser ça au sein de notre famille , de nos loisirs, etc.
( navrée pour la méga tartine :lol: )