Bon, je vais essayer de répondre à toutes, je pourrais avoir le point de vue paresseux qui serait de relever ce que j'ai dit dans ma précédente intervention concernant l'adéquation patient - thérapeute, mais vu que je vous apprécie toutes, qu'on se connait virtuellement un peu, que je sais qu'il ne suffit pas de dire quelque chose une fois pour que ça signifie que l'énonciation de la chose est suffisamment claire pour passer le stade de la compréhension objective et surtout subjective (ô lointains souvenirs d'analyse transactionnelle ;)), je vais essayer de reformuler autrement. :)
Faites gaffe les filles, je risque encore de ne pas être très claire, on est bien d'accord j'espère qu'on procède par essai-erreur là, qu'on n'a pas d'autre choix. :lol:
Déjà, ça va peut-être vous déconcerter par rapport à mon discours ci-dessus, mais il m'arrive à moi aussi de conseiller la RA, parfois par exemple quand je traîne sur le forum Chirurgie un peu habitée par l'esprit d'un brave saint-bernard : je trouve que la RA a celà de bien que pour les filles qui n'ont aucune idée de l'existence d'autres moyens d'aller bien que les régimes, c'est un bon début.
Ensuite, concernant mon expérience de la RA.
J'ai fait la démarche de tenter la RA fin 2006 si ma mémoire est bonne. Je suis allée sur le site du GROS, ai demandé la liste des thérapeutes, ai voulu prendre RDV avec les thérapeutes fondateurs mais leurs carnets étaient pleins à craquer, la secrétaire m'a donc aiguillée vers une autre thérapeute, du même cabinet, qui avait des dispos pour prendre un nouveau patient. Cette thérapeute est médecin nutritionniste.
Les premiers RDV se sont déroulés rue de la Boétie. Première fois, j'ai expliqué ma problématique, la thérapeute est peu intervenue, ça ne m'a pas choquée. Je lui ai demandé quelle approche elle souhaitait qu'on mette en oeuvre, sachant que j'étais équipée du bouquin "Maigrir sans régime", que j'étais déjà membre de VLR (un autre pseudo, que j'ai grillé) depuis 2004 donc étais je pense bien imprégnée de l'esprit des fondateurs, justement. Je précise bien que je venais la voir en toute confiance.
Elle me demande de démarrer un carnet alimentaire. Ayant déjà suivi une TCC (qui était un semi échec) auparavant, j'ai obtempéré, en lui exprimant mes doutes. Mais étant positive sur ma démarche, la voyant inflexible sur la question, j'ai commencé à noter dans mon petit cahier que j'avais toujours sur moi.
A noter, honnêtement, scrupuleusement. Même quand j'avais honte.
Et j'ai revu cette thérapeute. Une seconde fois rue de la Boétie, nous avons parlé poids. Chiffres. J'ai posé des questions sur le set point, je n'ai pas eu vraiment de réponse. Elle a regardé mon carnet alimentaire, a commencé à avoir un regard très critique "mais, en fait vous ne le remplissez pas correctement, il manque forcément des choses puisque vous semblez manger normalement". Bon. J'étais un peu interloquée, mais ai interprété la chose comme étant une invite à l'acceptation d'une bonne image de moi quant à mes pratiques alimentaires. Je me disais que, OK finalement tout n'était peut-être pas à jeter, et j'étais aussi très émue.
Le troisième RDV était prévu à son cabinet personnel, qui était une pièce de son propre domicile. Examen du carnet alimentaire. J'avais quelques incartades, alors j'avais noté mes ressentis éprouvés sur le moment des incartades. Elle était bizarre me semblait-il à ce RDV, semblait irritée, elle n'avait pas voulu aller sur le chemin des ressentis, elle avait strictement une démarche de nutritionniste à ceci près qu'elle ne comptait pas les quantités, ne parlait pas chiffres en général. Mais elle a commencé à me donner des conseils pour rééquilibrer mon alimentation. Ca m'a agacée, mais j'ai convenu d'un 4e RDV, pensant qu'il fallait laisser le temps au temps.
4e RDV, toujours chez elle. On démarre par l'examen du carnet alimentaire. C'était une semaine où j'avais eu une très grosse charge de boulot, et avec l'équipe nous avions souvent fait livrer nos dé^js et nos dîners par les traiteurs du coin. Plutôt orienté malbouffe donc, même si je ne crois pas que c'était si catastrophique que ça.
Elle m'a demandé si j'avais pris du poids. Je lui ai dit que je l'ignorais. Là elle me fait passer dans une autre pièce, son salon, où se trouvaient divers appareils de gym et une balance hyper technologique sur laquelle elle m'a demandé de grimper. J'ai refusé tout net, d'autant qu'avant d'entamer cette thérapie, je venais de dégager ma balance après une longue lutte. Et là elle s'est mise à m'incendier en ces termes, en substance : je n'ai pas à m'étonner d'être aussi grosse si je passe ma vie à m'empiffrer.
Et bim le cliché de la grosse qui passe sa vie à bouffer des paquets de chips devant la télé en poussant des petits soupirs lascifs.
J'ai claqué la porte, sans la payer. Je lui ai fait un mail pour exprimer ma déception (je l'ai retrouvé, j'écris sur cette base, c'est parce qu'il me reste cette trace écrite que j'arrive à être aussi précise), mail qui est bien sûr resté sans réponse.
Avec le recul je sais que le problème n'était pas forcément dans la RA, qui en l'occurence était complètement dévoyée, mais chez la thérapeute. Je suis mal tombée.
Je ne veux donc pas généraliser sur la RA à partir de mon cas particulier. Comprenez bien que tel n'est pas du tout mon propos.
Mon propos est de dire que, la RA, comme d'autres méthodes, peut donner le meilleur comme le pire selon la façon dont elle va être appliquée. Et là que tu t'appuies sur des bouquins (oui j'imagine que toi Poupoule tu es "bonne cliente" pour ce genre de support) ou des carnets alimentaires ou n'importe quoi d'autre, c'est le discernement du thérapeute qui importe, vis à vis du besoin de son patient.
C'est là que nos avis diffèrent, par conséquent. Pour moi, il n'y a pas de bonnes et de mauvaises méthodes. Il n'y a pas d'exclusivité d'utilisation de telle ou telle méthode. Je trouverais logique qu'un thérapeute s'inscrive dans la mouvance RA, tout en allant piocher des outils ailleurs.
Je ne suis même pas sûre, réciproquement, qu'il y ait, sauf exception rare, de bons et de mauvais thérapeutes. Leur trousse à outils, la façon dont ils vont mettre en oeuvre leurs thérapies, s'adaptera au patient qu'ils auront en face (si ce n'est pas le cas alors définitivement ce sont de mauvais thérapeutes :mrgreen: ) et la cohérence de l'ensemble sera assurée par ce en quoi ils croient.
Encore heureux que les thérapies suivies avec Zermati et Apfeldorfer themselves vont être extrêmement fructueuses, la RA est leur bébé, ils l'ont conçue à partir de leurs expériences et de leurs valeurs partagées.
Un certain nombre, que j'espère grand, d'intervenants du GROS partagent ces valeurs, et de par leur affiliation s'engagent, d'une certaine manière, à utiliser les outils de la RA. Je ne crois pas qu'on leur demande l'exclusivité, car celà reviendrait à renier leurs expériences précédentes, et donc forcément une partie de ce qu'ils sont professionnellement.
Je ne suis donc pas en train de dire que, la RA, c'est nul. Ce que je dis, c'est que la RA ne se suffit pas en soi. Il faut pour qu'elle porte ses fruits, un thérapeute qui saura l'utiliser pour trouver le chemin du mieux-être de son patient.
Ce raccourci, comme quoi la RA est LA méthode, me semble donc faux. Il n'y a pas de méthode qui marche à tous les coups. Ce n'est pas aussi facile. Et ça m'ennuie, de voir dans les discours ce raccourci lorsqu'on dit en substance : au lieu de faire un régime, suis la RA tu verras ça ira mieux.
Et de constater les gens en galère avec leur bouquin "Maigrir sans régime", qui finissent par abandonner parce que la clef de voûte de la démarche, son chef d'orchestre, le vrai garant du succès de tout ça, c'est l'adéquation thérapeute-patient.
Est-ce que vous comprenez mieux mon point de vue ?
PS : je suis contente qu'on ait cette discussion, notamment avec toi Poupoule, ça fait plusieurs années (oui !) qu'on n'arrive pas à se parler là dessus ;)