avez vous un poids stable et depuis combien de temps?

jeu cruel : chaque fois que je vais aux toilettes, elles m’attendent à la sortie et m’obligent à me peser devant elles en se moquant de moi « mais qu’est-ce-que tu es lourde, regarde comme tu es grosse, etc. (craché juré c’est vrai). J’ai honte, je n’ose pas me plaindre et je n’ose plus aller aux toilettes à l’école, jusqu’au jour où je m’effondre en larmes et raconte tout à ma mère qui fonce illico à l’école demander des comptes. Nous sommes en 1972, les deux nanas me foutront désormais la paix mais n’ont jamais été inquiétées. J’en garde une horreur absolue des balances et l’envie à jamais de crever ces deux connasses.
A chaque visite médicale scolaire, j’entends la même rengaine comme quoi mon poids est trop élevé, que ma mère doit me faire trop manger, ce à quoi elle répond invariablement que je mange exactement comme mes frères qui sont maigres comme elle, alors que je suis ronde comme mon père (merci maman) ! Cependant mes parents qui ont toujours eu peur que je devienne obèse « comme ma grand-mère à qui je ressemble tant » sont sensibles aux discours ambiants et à l’âge de 7 ans un médecin me fout au régime. C’est en 1975 et le régime sans glucides et sans matières grasses : donc je n’ai droit qu’à viande/poisson/œufs cuits sans matière grasse, légumes verts, aucun féculent, pain, riz, pâtes ou pommes de terre. Le matin c’est deux biscottes avec 2 cuillères à soupe de gelée de groseille mélangées à de la paraffine (ben oui, sans ça avec ce régime à la con je serais constipée). J’ai tellement faim pendant quelques mis que je commence à voler des bonbons chez le buraliste qui finira par me choper (= méga culpabilité supplémentaire). Je fonds mais je ne suis pas heureuse, on arrête le régime-à-la-con et je reprends tout bien évidemment. Mes parents ne me parleront plus jamais de régime.
Hélas pour moi, je n’ai pas besoin d’eux pour être stupide. Et l’entourage se charge de me rappeler que je ne suis pas mince. Je fais de la danse classique, j’adore ça mais la prof n’est pas tendre avec mes rondeurs. A 15 ans, en cours de danse, je me trouve énorme et je me pèse en rentrant : 57 kg pour 1m65 ! Alors qu’il faut faire « 10 kg de moins que sa taille ». Je me mets au régime immédiatement, arrête la danse pour m’inscrire dans une salle de fitness. J’en prends pour 20 ans d’obsession du poids, des formes, des rondeurs, mais surtout de haine absolue de mon corps. Pendant ces 20 ans, mon poids varie entre 53 kg (le minimum du minimum, je n’ai plus du tout de poitrine) et 68 kg (probablement mon set-point, en tout cas le poids que je fais à 20 ans pendant une courte période où je ne fais pas de régime). Je me suis réduite à un chiffre sur la balance.
Début 2008, j’ai arrêté de fumer 4 mois auparavant et pendant les fêtes j’ai pris 3 kg. Je pèse 69,5 kg, me trouve énorme à nouveau et tente un dernier régime (semi-jeûne) qui me fait perdre 3,5 kg en trois mois. J’en reprends 5 le mois suivant, je découvre la section « R.A. » sur VLR et c’est le début du grand changement. Après être montée jusqu’à 78 kg en me jurant bien de ne plus faire de régime, j’ai le déclic en R.A. Je perds un peu, lentement, mais SURTOUT je commence enfin à m’aimer –et à croire mon copain quand il dit qu’il me trouve superbe, alors qu’auparavant je ne pouvais tout simplement pas concevoir qu’il soit sincère. Stabilisation depuis 2 ans et demi aux alentours de 72 kg, plus aucune obsession ni peur ni culpabilité vis-à-vis de la nourriture, je revis et pour la première fois de ma vie, j’aime et j’habite vraiment mon corps.

Je vous ai peut-être fait ch*er mais qu’est-ce que ça fait du bien !