Bonjour,
je me suis créé un compte juste pour répondre à ce message (je passe de temps en temps pour lire certaines infos/conseils) parce que je pense que mon témoignage peut pencher dans la balance concernant ta décision... Je précise que je n'ai pas lu les trois pages mais quelques messages.
Contrairement à d'autres qui ont dormi jusque tard dans la chambre de leurs parents, moi qui ai vécu la même expérience, je ne l'ai pas DU TOUT bien vécu.
Nous avions une grande maison mais aucune chambre n'a été aménagée pour moi avant mon arrivée, ce que je trouve déjà fort problématique s'il y a la place et s'il y a l'argent pour (ce qui était le cas).
Dès ma naissance, j'ai dormi dans un berceau à côté du lit parental, avec le doigt de ma mère dans ma main. Ca a duré des années.
Mon premier souvenir :
J'avais entre un an et deux ans (oui, si jeune). J'étais couchée dans mon deuxième berceau, plus grand que mon couffin, qui avait été créé par mon oncle, qui s'était suicidé le jour de mon premier anniversaire. A deux ans, j'ai eu mon lit d'enfant, déjà.
Je me suis réveillée une nuit, dans le noir, avec juste suffisamment de lumière pour que je distingue les dessins que mon oncle avait peints sur l'intérieur de mon berceau blanc : Donald & Mickey, en l'occurrence. J'entendais ma mère crier, hurler, je pensais qu'on l'agressait. J'ai voulu parler, bouger, me lever mais j'étais incapable de tenir des propos compréhensibles expliquant ma peur et de me lever de manière autonome (j'étais donc entre le 12ème et le 13ème mois probablement). J'ai pleuré, je pense, j'ai dû émettre quelques sons et ça s'est arrêté. J'ai été angoissée pendant longtemps et j'ai fini par me rendormir. Personne n'est venu me bercer, ni quoi que ce soit.
Ensuite, depuis mon plus jeune âge, au moins une fois par semaine, j'entendais des bruits suspects dans le lit d'à côté. Je n'ai compris ce que ça signifiait que vers sept, huit ans, peut-être.
J'étais paniquée quand ça arrivait, je disais "maman ?" et on me disait "chut, dors".
A partir du moment où j'ai compris, j'étais dégoûtée, j'ai réclamé une chambre à corps et à cri. J'ai parlé des bruits que j'entendais, du fait que ce n'était pas normal et que mes copines voulaient voir ma chambre quand elles venaient à la maison. On m'a refusé une chambre. J'ai bataillé pendant des années pour ça.
Je déployais des stratégies pour éviter de devoir entendre tout ça : boules quiès, tousser pendant que ça se passe, me retourner, éternuer, faire du bruit et à une occasion, j'ai quitté la chambre en leur criant qu'ils étaient dégoûtants et je suis allée dormir avec ma grand-mère qui dormait dans une autre chambre.
Finalement, ce n'est qu'à l'adolescence que j'ai eu droit à ma chambre. Ce que j'ai ressenti ? De la honte, de la culpabilité, l'impression d'être salie et dégoûtante.
Tu n'en es pas là, j'en ai bien conscience, tu ne fais pas ce choix par facilité, en tout cas je ne le pense pas.
Toutefois, ce que je te conseille :
- Si tu ne peux pas faire sans avoir ton bébé dans la chambre, trouve d'autres endroits pour votre intimité.
- Si non, mettre le bébé à proximité avec babyphone évidemment dans le salon, un hall de nuit, dans un endroit cozy aménagé expressément, un petit coin sympa, c'est faisable aussi, j'imagine (je ne connais pas ton appartement mais je trouve que ce serait mieux).
- Lui permettre de faire ses nuits de manière indépendante. Ma mère m'a tenu la main jusque mes 5, 6 ans.
Aujourd'hui, j'ai la trentaine et je viens seulement d'apprendre à parler de ce que j'ai vécu. Je suis en couple depuis dix ans et j'en ai parlé à mon mari pour la première fois il y a six mois. Personne ne savait. Je trouve que c'est une forme d'agression sexuelle de type exhibitionniste. Je n'oublierai jamais ce que j'ai vu (plus tard, pénombre oblige) et surtout entendu.
Voilà, désolée si ça choque qui que ce soit, mais c'est de salubrité publique.