Prax a écrit:Ma première impression est qu'il est scandaleux qu'un magistrat républicain ait tranché selon ses bondieuseries. On peut constater également une fois de plus que les plus fervents catholiques sont les plus mauvais chrétiens. Les affligeants parents (intégristes cathos) en sont la preuve vivante. Qui a la place de ce pauvre homme désirerait continuer à "vivre" ? Personne, j'en suis sûr. Sans compter le coût journalier exorbitant (pendant qu'un travailleur pauvre n'arrivera pas à se faire rembourser une paire de lunettes par la sécu !), la mobilisation de personnels qui seraient plus utiles auprès d'autres patients.
Tant que l'Eglise continuera à avoir une telle influence en France, rien ne changera. Tous les maux viennent de la religion, avec qui les politicards font profil bas, de peur de perdre des électeurs. Et il ne faut pas croire que si cet homme (ou n'importe qui d'autre) avait signé LE document stipulant qu'en cas de "légumisation" il désirait qu'on mettre fin à ses jours, tout se déroulerait sans entrave. Il y aurait toujours de parents fanatiques, qui avec la complicité de juges pourris et d'avocats véreux tenteraient de contester et de freiner les procédures..........
Il y a plusieurs axes qui nourrissent le débat, je pense qu'il ne faut pas se tromper de directions.
Dans ce cas là, c'est plutôt "clair" : des directives anticipées orales avaient apparemment été transmises, elles se doivent d'être respectées. Toute la difficulté est que l'absence d'écrit rend les choses plus compliquées et ont permis à une partie de la famille de s'engouffrer dans la brèche.
Le 2ème axe "compliqué", c'est qu'appelle-t-on "l'arrêt des soins"? Quand le patient ne respire pas tout seul, c'est assez "facile". Là, il a une autonomie respiratoire, il est "juste" (le mot n'est pas bien choisi, on est d'accord) dépendant pour tous les soins de la vie quotidienne (alimentation, toilette, etc...)
Du coup, est ce justifiable d'arrêter ces soins de la vie quotidienne? De la même façon, pour une personne atteinte d'une démence qui aurait donné ses directives anticipées?
La "solution" la plus simple aurait été de ne pas traiter une complication respiratoire qui n'a pas du manquer de survenir au cours de ces années. Ca semble moins "litigieux" et plus acceptable pour beaucoup.
Enfin, je pense qu'il ne faut pas projeter ses propres angoisses/idées sur les autres. Nous sommes beaucoup à penser que nous ne voudrions pas vivre dans ce contexte. Et pourtant, je pense qu'on ne peut jamais savoir 1/ce que pensent les gens qui sont vraiment dans la situation 2/ce que nous penserions nous-même dans la situation.
J'ai en mémoire un souvenir extrêmement poignant d'un médecin généraliste qui avait eu un accident de ski. La famille nous avait dit qu'il était très dynamique, ne voudrait pas vivre ainsi, etc... Ce patient présentait un locked-in syndrome (tétraplégie complète mais conscience préservée), et lorsque nous avons réussi à communiquer avec lui (système de clignement d'oeil avec un alphabet qui défile), la première chose qu'il nous a dite fut "ne me laissez pas mourir".
Ca met en branle un certain nombre de certitudes...