J'avoue n'avoir pas lu toutes les 10 pages de cette discussion je vais donc livrer ma vision des choses, même si je pense qu'elle va sans doute faire redondance avec pas mal des réponses données ci-dessus
Je suis totalement contre cette vision de Mme Badinter, personne que j'apprécie pourtant dans l'ensemble.
Je ne sais pas si c'est une question de génération ou de tempérament mais je pense que sur ce coup là elle se trompe de combat.
Ce qui me gène dans les propos de Mme Badinter c'est qu'elle fait exactement la même chose en version "féministe" que ce qu'elle reprocherait à un gouvernement phalocrate.
La différence c'est qu'on est passé de l'image obligée de la femme au foyer des années 60/70 à l'image obligées de la super woman qui maîtrise tout des années 80/90.
L'image à certes changée, elle est peut être certes plus avantageuse mais elle reste une norme, un formatage, une petite case dans laquelle les femmes sont priées de rester bien sagement enfermées.
Hors, je sais pas trop d'ou ça me vient, mais j'ai une sainte horreur des cadres dans lesquels on veut me mettre.
Mme Badinter dit que l'allaitement est une aliénation de la femme. Peut être. Mais Nestlé et Avent sont une aliénation de mon porte monnaie et de mon cerveau. Franchement, je vois pas en quoi aller filer mon fric à l'industrie du lait en poudre et des biberons aux bisplénol A est plus "liberateur" pour moi en tant que femme que de filer le sein gratos à un truc glouton que j'ai, comble de l'horreur, choisi de faire (au lieu de rester bien sagement au turbin à faire profiter des mes innombrables compétences un patron qui ne voit en moi qu'une variable d'ajustement pour satisfaire ses actionnaires).
Bref, ce que je lui reproche sur ce coup là, c'est de croire que les femmes se sont faîtes avoir par un discours machiste qui les pousse à rester bien sagement à la maison alors qu'elle ne voit pas elle même que, quelque part, en cautionnant cette image obligées de femme active et épanouie, elle aussi aliène les femmes dans un rôle voulu et créer de toute pièce par un pouvoir, financier cette fois, qui ne nous voit que comme des consommatrices en puissance.
Croit elle que le fait de créer des dictats de la minceur, de la mode, du fitness et autres trucs à la con bien "féminins" aident à mieux nous émanciper ?
Edwige Antier est elle plus néfaste que cosmopolitan ? Perso je trouve que ça se discute.
Il y a plein de combats à mener encore en tant que femme. Le droit à l'avortement qui est de plus en plus compromis faute de suffisamment d'établissements et de personnels dispos. Le droit à avoir un travail décent qui permette de gagner correctement sa vie au lieu d'être cantonner dans des mi-temps cache misère, etc.....
Bref, ce ne sont pas les combats qui manquent.
Ce qui me chagrine c'est qu'au lieu de favoriser la possibilité des femmes de faire ce qu'elles ont envie de faire (de leur corps, de leur vie et de leur statut), elle fustige au contraire le choix de certaines au prétexte qu'elles se sont faites bernées par les nouveaux exemples de "mères" au détriment de leur vie de femme indépendantes et socialement intégrée. Mais est ce vraiment être "indépendantes" que de devoir se plier pour concevoir ou élever ses enfants aux normes sociales, sont elles donc si épanouissantes que ça pour les femmes, ces femmes "modernes" ne se sont elles pas faites avoir elles aussi par les beaux discours marketing ventant l'individualisme exacerbé ?
N'a t'elle tout simplement pas vu que le problème est un peu plus complexe, un peu plus profond qu'un trip à la mode bobo?