anijo a écrit:Bon karen , maintenant que tu as mis le binz :D, qu'en penses tu toi , mere au foyer !!!!!!!!!!!!! ;)
:mrgreen:Je me doutais bien que le sujet ferait couler beaucoup d'encre, ici comme ailleurs...
Alors de mon point de vue, je suis assez partagée... Par exemple, j'ai suivie E. Badinter dans son idée qu'il n'y a pas d'instinct maternel (d'ailleurs, je lisais "l'amour en plus" à la maternité
Laughing )... mais... j'ai effectivement un soucis avec "le féminisme"... Le fait est que Mme Badinter reproche aux femmes d'aujourd'hui de préférer se consacrer à leurs enfants et à leur foyer plutôt que de continuer le combat qu'elle même a mené avec "nos mères" (la génération dont tu fais partie, chère Anijo Wink)... Sauf que ce combat, ben nous (ma génération et les suivantes), nous ne l'avons pas mené... évidemment parce que la génération précédente s'en était chargée déjà (et il est évident que nous bénéficions des avancées liées à ces "combats")... mais là où je ne la suis pas, c'est qu'elle considère que quelque part, par respect pour les femmes qui se sont battues pour pouvoir bosser et sortir de leur cuisine, ben on devrait faire pareil, au détriment de nos envies...
C'est le même soucis, à mon sens, que lorsqu'elle fustige les femmes qui portent le voile en France, alors que des afghanes se battent pour ne plus avoir à le faire... qu'une femme en France pose son voile ne changera rien à la condition de l'afghane... De même que de dire à un gamin de finir son assiette parce que des petits africains meurent de faim, que l'enfant la finisse, ça ne fera pas cesser la faim dans le monde...
Ben là, c'est pareil... tout devrait être une question de choix...
En ce qui me concerne, oui, je suis "femme au foyer", socialement, mais moi je ne me considère pas comme ça... Ma situation est particulière puisque j'étais fonctionnaire à paris, titulaire d'un poste, mais sans logement (je squattais un studio au 4e sans ascenseur à Pigalle qu'on me prêtait) et mon conjoint était à Nice, avec un appart, mais pas de boulot... Quand je suis tombée enceinte, le choix a été fait que je le rejoigne à Nice pour la fin de ma grossesse, accoucher, le congé maternel et qu'après on verrait bien, que je chercherais du taf dans la fonction publique et qu'il garderait la petite pendant ce temps... parce que lui dire de me rejoindre à paris dans 15m2 avec un bébé, ben... voilà, quoi... Les choses se sont passées différemment, parce que d'une part à la fin de mon congé mat, je ne me voyais pas laisser mon bébé, donc j'ai choisi de prendre le congé parental... et à la fin de mon congé parental, mon conjoint a trouvé du boulot, ce qui fait que j'ai pu sans complexes me mettre en disponibilité pour rester à la maison avec notre fille qui a 18 mois...On vit avec 1200 euros par mois pour nous 3, c'est pas évident, mais je préfère ça plutôt que de bosser pour payer une assistante maternelle parce que je travaillerais... :roll: Faut voir ça aussi...
Les moments que je passe avec ma fille sont précieux... et je suis heureuse d'avoir fait ce choix, et qu'on puisse l'"assumer", même si on mange des cailloux depuis 18 mois... Cela dit, si j'étais restée à Paris, ben j'aurais pas eu le choix, j'aurais du reprendre mon poste pour payer le logement, etc... et j'aurais du laisser ma fille à je ne sais qui... et j'aurais surement raté plein de trucs...
Je ne regrette pas d'avoir mis "ma carrière" entre parenthèses pour les vivre, ces instants-là... Et maintenant, je me dis que si j'ai un autre gamin (ce qui n'est pas prévu au programme, mais sait-on jamais), ben je referai pareil, si c'est possible... on a bien le temps de bosser, ces moments-là filent à une vitesse folle et on ne peut pas les revivre...
Concernant les inégalités hommes/femmes, même si je suppose qu'elles existent (on en parle assez), personnellement, je ne les ai jamais constatées, dans mon parcours... j'ai travaillé comme aide de vie avec des personnes handicapées pour payer mes études, comme archéologue/anthropologue (contractuelle et également chargée d'étude pour le CNRS), comme vendeuse en pompes funèbres, et finalement comme adjointe d'accueil et d'insertion dans un CHRS de la mairie de Paris... et j'ai toujours été payée autant que mes collègues masculins, autant considérée qu'eux... j'ai même fait de l'interim dans le déménagement, seule femme parmi 7 hommes... :roll: je n'ai jamais subi de discrimination concernant mon sexe... Et je n'ai jamais pris le parti de me réfugier derrière une pseudo-discrimination pour expliquer certains de mes échecs (attention je ne dis pas que les discriminations n'existent pas, simplement que moi je ne tiens pas compte de cette idée, et ça a toujours bien fonctionné comme ça pour moi). Si je veux un truc, je me bat pour l'avoir, j'ai le sentiment que si je pars avec cette idée que "je suis une femme donc je risque de pas avoir le boulot...", ben je me reconnais comme inférieure, je manque de confiance, et ça va se voir...
Dans ma vie, j'ai subi de nombreux revers, et je suis toujours retombée sur mes pattes, peut-être aussi parce que je ne me suis pas focalisée sur un choix de carrière en particulier... j'ai un bac + 4 en archéo, mais ça ne m'a pas dérangé de bosser à un niveau brevet des collèges... je m'en fiche, j'ai besoin de bosser, je bosse, même si je me "déclasse"... je me débrouille toujours, si c'est pas dans mon domaine, je change de domaine... j'ai bien conscience que tout le monde ne fonctionne pas comme moi, cependant, c'est peut-être ce qui fait que je ne m'inquiète pas de "gâcher ma carrière" pour élever ma fille... ;)
Encore une fois, tout doit rester une question de choix dans la vie, ce choix de m'occuper de ma fille, je l'ai fait et je ne le regrette pas... certaines personnes de mon entourage pensent que je n'aurais pas du faire ce choix si c'était pour galérer financièrement comme ça, mais moi j'avais une priorité : profiter de ces instants précieux... et ça mérite bien quelques "sacrifices"...
Concernant l'allaitement, pour moi c'était juste une évidence que c'était le meilleur pour ma fille, et si celui-ci avait fonctionné, et que je doive rebosser rapidement, j'aurais pris des disposition pour pouvoir le mener à bien...
Je ne me sens pas tenue de gérer ma vie en suivant les aspirations de ces femmes qui se sont battues pour... sans compter que c'est un peu cyclique, finalement... parce que ces femmes-là se sont engouffrées dans la brèche quand elles ont pu, pour se rebeller contre les conditions de vies qu'on leur promettait, elles avaient vu leurs mères au foyer, dépendantes des maris et pères, et dès qu'un vent de liberté a soufflé, elles ont souhaité autre chose et l'ont obtenu... sauf que les filles que cette génération d'amazones a généré, elles, ont sans doute souffert de ne jamais voir leurs mères qui travaillaient, sans compter le nombre de divorces qui a explosé... et cette génération d'enfants du divorce a peut-être envie d'un retour à la famille plus traditionnelle, peut-être que ces filles de suffragettes ont envie de faire avec leurs enfants ce que leurs propres mères n'ont pas pu faire, contre-coup de cette indépendance chèrement acquise... J'ai été élevée par ma mère seule, pas le choix, elle bossait, et j'avais une nounou qui s'occupait de moi quand j'étais petite, avant que j'aille à l'école... et bien ma mère a finalement peu de souvenirs de ma petite enfance, il y a plein de trucs flous pour elle, parce que par exemple, c'est chez la nounou que j'ai marché pour la première fois, il y a plein de trucs dont elle ne se rappelle pas, parce qu'à ce moment-là, elle était occupée à travailler... je ne lui en veux pas, évidemment, je ne dis pas qu'elle a fait le mauvais choix, puisqu'elle n'avait pas le choix, elle était seule à faire bouillir la marmite... mais du coup, il faut comprendre que moi, puisque j'estime avoir le choix, je me permette de m'arrêter de bosser pour profiter des premières années de ma fille... Et peut-être bien que ma fille, se dira que jamais elle ne restera à la maison avec ses gosses, comme j'ai pu le faire (mais en fait non, puisque je vais rebosser dès qu'elle aura une place en crèche, en septembre j'espère, ou au pire dès qu'elle ira à l'école)...
Tout ça pour dire que je suis en accord avec moi-même dans le fait d'élever ma fille et de mettre ma "carrière" entre parenthèses, et que je ne me sens pas un devoir de fidélité à une génération de femmes qui se sont battues pour sortir de chez elles...
D'ailleurs, comme l'a dit Triss (je crois), il me semble qu'elles se sont battues pour que les femmes soient libres de leur choix, pas pour qu'elles soient obligée d'aller bosser... :lol: En bref, je trouve le discours d'E. Badinter un peu poussé à l'extrême... Parce qu'en plus, je n'ai pas le sentiment qu'on fustige "les mauvaises mères" qui travaillent et n'allaitent pas... j'ai le sentiment inverse, à savoir que les femmes qui élèvent leurs gosses ou allaitent sont considérées socialement comme arriérées... comme quoi, tout est une question de point de vue... :roll:
Quand on parle de "mère au foyer", qui "reste à la maison" (Ellemir, j'hallucine quand je te lis, ta vision des choses est terriblement caricaturale) j'entends beaucoup de mépris dans les termes... Personnellement, je ne me sens pas "mère au foyer", je suis maman, certes, et j'ai interrompu mon activité pour profiter des premières années de ma fille, pour partager avec elle des moments précieux... quant à "rester à la maison", oui, j'avoue, hier, avec la neige qui tombait dru sur la ville, je suis "restée à la maison"... mais le reste du temps, on fait plein de trucs, on se promène, on va en courses, au parc, à l'aire de jeux, on va voir mes copines, on voyage (dans ma famille ou en vacances), on va au musée... et quand on reste à la maison, on fait des activités ludiques, on joue... et moi, ben je fais ce que j'aime, je surfe sur le net, je communique, je cuisine, je lis, je trouve même le temps d'aller à des cours de chant et de faire des photos... pas mal pour une "femme au foyer qui reste à la maison"... :mrgreen: Ensuite (Ellemir, toujours), je dirais qu'on a les ami(e)s qu'on mérite... perso, j'en ai pas mal, depuis des années, y en a qui bossent, d'autres qui élèvent leurs gamins, et d'autres qui n'ont pas de gamins mais qui ne bossent pas non plus... curieusement, on est toujours en contact, et on trouve toujours des choses à se dire... sans compter qu'avec les moyens de communication actuellement, on peut "rester à la maison" et savoir ce qui se passe dans le monde, voire même entretenir sa culture... alors les clichés... :lol:
Ouf, et maintenant je vais me reposer, parce que j'ai mal aux doigts d'avoir fait une telle tartine... :lol: