Face à un ado en surpoids, je suis découragée

respect33 a écrit:
L'adolescence est une période difficile. C'est particulièrement vrai pour une personne obèse, ou en surpoids. Mais de là à dire qu'on ne peut pas être heureux, c'est un peu fort. Ça mériterait presque une dissertation sur le bonheur, qui n'est pas un état permanent ni un bloc monolithique, mais bon. Donc pour te répondre, je te dirais que j'ai été une adolescente en surpoids. J'ai été complexée mais j'étais heureuse globalement.

respect33 a écrit:
Le mythe de l'obèse qui ne peut pas être heureux, parce que c'est juste pas possible. Et si on dit le contraire, c'est juste qu'on est frustrés et dans le déni :roll: .

Alors oui, j'ai eu des moments de honte dus à mon surpoids, j'ai pas toujours assumé comme maintenant, et encore aujourd'hui je ne pense pas m'assumer complètement. Mais contrairement à ce que tu crois (et peut-être ce que tu vis), je ne passe pas ma vie à ressasser ces moments-là et à en souffrir. En fait, en y pensant, tous les moments vraiment difficiles de ma vie, ceux que j'aimerais éradiquer complètement de ma mémoire et celle des autres, n'ont absolument rien à voir avec mon poids.

respect33 a écrit:
Tant de clichés... Les gens y sont méchants, le monde il est pas beau, les gros y sont malheureux... Je pense que tu serait temps que tu enlèves le filtre sombre qui obscurcit ta vision du monde. Tu verras qu'on n'est peut-être pas au monde des Bisounours (parce que chez Candy c'était plutôt pas la joie - hs off), mais que oui, on peut être bien dans sa peau et heureux et même ne pas se prendre des tomates quand on sort dans la rue, tout en étant en surpoids ou obèse.

Ici, on ne prône pas de rester obèse toute sa vie. Mais on dit qu'il faut d'abord s'accepter avant tout. Ceci pour deux raisons :
- Maigrir n'est pas LA solution magique. Bien souvent, le mal-être est ancré si profondément (et parfois est bien antérieure au surpoids) que la personne va continuer à se voir trop grosse, ou focaliser sur un autre 'défaut' physique.
- On peut aussi tomber dans une 'euphorie' de l'amaigrissement, et devenir obsédé par la reprise de poids. A terme, anorexie, boulimie vomitive et autres TCA.

Quant au régime... Si ce site est anti-régime, ce n'est pas parce qu'on est méchantes et jalouses de celles qui ont de la volonté et ont réussi à perdre. C'est parce qu'on pense que TOUS les régimes sont inefficaces. Il y a 95% de chance que ta fille ait repris plus que ce qu'elle a perdu avant que 5 années se soient écoulées. Je ne lui souhaite pas, mais c'est la vérité. Et ça n'a rien à voir avec la volonté.

Je te conseille d'aller dans la section RA si tu veux en savoir plus.

respect33 a écrit:


Non, il n'a pas été mal interprété.
Il ne me semble pas y avoir eu de jugement, ni de critique facile.

Mon propos est, si tant est que je puis l'éclaircir, c'est qu'on ne devrait pas ériger de "normalité du poids". Ça ne devrait pas traverser l'esprit des parents de jeter un regard différent sur l'enfant parce qu'il est rond.

Parce qu'en lui suggérant un régime, en lui restreignant son alimentation, l'enfant forcément se voit comme anormal, comme une déception pour ses parents.

Peut-être que du côté parental, l'objectif premier est le bien être et la santé de son enfant. Mais ça il faut lui expliquer, avant de vouloir lui forcer la main. Et lui expliquer longuement, clairement. Et lui laisser le temps.

Rond, mince, maigre, petit, grand, il ne devrait pas y avoir de norme, mais on le sait, on vit dans une société de dictature de l'apparence. Chaque jour, on nous le rappelle. Que cela soit les affiches, les publicités, les médias constamment stigmatise notre ligne, et notre alimentation.

Dans sa famille, dans ce cocon comme ça a été si bien exprimé au dessus, l'enfant devrait être accepté pour ce qu'il est: l'enfant choyé, tel qu'il est. Sans qu'on lui dise qu'il devrait faire un régime, que contrairement à ses camarades, il n'a pas le droit au chocolat / nutella / bonbon.

La souffrance issue de l'extérieure ? Mais tous les enfants la vivent ! Si ce n'est pas le poids, ce sont les cheveux, les dents, les oreilles, les lunettes, que diable, même la famille peut être prétexte à moquerie et attaque.

On s'est moqué de moi parce que j'étais ronde ?! Et bien ma meilleure amie qui faisait 1m75 à 13 était tout autant moquée.

"Une adolescente obèse n'est jamais heureuse" -> "une adolescente est rarement heureuse". C'est une période où la confiance en soi, quelque soit son apparence, est en construction fragile et en proie aux doutes et à l'âge ingrat. Point.

Loin de moi l'idée de dire que "vous" en particulier dans votre parcours avez mal agi.

Ce que je regrette c'est qu'on nous foute pas la paix aux mômes, leur laissant le temps de mûrir et de faire le choix de ce qu'ils acceptent comme corps.

leelounath a écrit:
Je te le dis en tant que prof, tu devrais aller lui dire le fond de ta pensée à la "collègue", et aussi à sa hiérarchie, parce qu'on n'est pas censés enfoncer les gamins encore plus, au contraire, on doit leur apprendre respect et tolérance! :evil:

nina7878 a écrit:

C'est sans doute la même réflexion que c'est fait ma mère à mon propos.
Seulement cela n'a pas du tout créé l'effet escompté, mais tout le contraire.
Frustration, peur de manquer, vidage d'assiette systématique que j'ai encore faim ou non même encore parfois aujourd'hui ... tout cela m'a conduit à une perte de mes sensations alimentaires, des tca à l'adolescence et l'obésité plus tard.

A bon entendeur :)

respect33 a écrit:

Et la raison de sa prise de poids à l'époque, vous avez pu savoir ce que c'était ?