60 ans
91
25732
Ma grand-mère maternelle vivait seule. Un jour cela n'a plus été possible, mais elle conservait tout de même une certaine autonomie. Elle est donc allée dans un foyer logement. Au bout de quelques années, son autonomie a encore diminué et elle ne pouvait plus rester dans cette structure. Il lui fallait une présence constante et l'assister pour le lever, la toilette, les repas, le coucher.
Ma tante l'a prise chez elle quelques temps, mais étant elle-même en mauvaise santé (elle est d'ailleurs décédée bien avant ma grand-mère), elle n'a pas pu continuer. Mon autre tante vivait seule et travaillait en horaires décalés. Il ne restait que la solution de la maison de retraite, ou chez nous (mes parents et moi).
Nous l'avons donc prise chez nous, ce qui a nécessité une organisation particulière. On a d'abord sacrifié le bureau de mes parents pour en faire une chambre. Le matin, maman s'occupait du lever, du petit déjeuner et de la toilette avant de partir au travail. Ma grand-mère restait à l'étage. Je prenais le relais le midi, je rentrais du boulot pour lui faire à manger (que je luis servais toujours dans sa chambre à l'étage et je repartais. Mon père rentrait le premier le soir et s'occupait d'elle, il la portait pour la faire descendre. Nous dinions ensemble, nous regardions la télévision (enfin on essayait, car ma grand mère passait son temps à demander qu'on change, rien ne lui plaisait), puis papa la portait à nouveau l'étage, où maman et moi nous occupions du coucher. C'était en 88 / 89, pas de possibilité d'avoi des aides, ou alors plein pot et on ne pouvait pas. Il fallait aussi s'occper de l'emmener aux toilettes, de l'essuyer. Quand on n'était pas là, elle y allait seule, mais en rentrant il fallait la laver.
Dans la journée, elle restait seule et faisait plein de "bêtises". :? Souvent quand papa rentrait le soir, elle était tombée parce qu'elle avait voulu descendre seule l'escalier (dieu merci elle n'a jamais fait de chute grave). Quand maman lui disait d'être raisonnable, elle se faisait engueuler. Quand mon père arrivait le soir, pas un bonjour, ma grand mère exigeait immédiatement qu'il lui ferme les volets de sa chambre (pourquoi ? on n'a jamais su) et l'accablait de reproches. J'avais droit à la même chose le midi. On était crevés, on finissait par se disputer, notre vie était complètment boulerversée.
Au bout de quelques semaines, on n'en pouvait plus. On a tenu un peu plus de 8 mois comme ça, mais ma grand mère devenait de plus en plus désagréable, on n'avait plus de vraie vie de famille, on passait notre temps à se faire engueuler..
La mort dans l'âme, maman et ses soeurs ont décidé de placer ma grand-mère dans une maison de retraite. Ca ne s'est pas fait immédiatement, car elles ont choisi un bon établissement, après avoir visité de vrais mouroirs. :?
Ma grand mère a vécu encore 8 ans dans cette maison de retraite, on allait la voir, on lui téléphonait, ça se passait bien.
Après son départ, papa a commencé à montrer des signes d'aggravation de la maladie cardiaque qui l'a emporté (il est mort 2 ans avant ma grand mère). Le médecin a dit que la fatigue accumulée pendant le séjour de ma grand-mère, notamment le fait de la porter, avait aggravé les choses.
Ma mère était très affaiblie, elle est tombée malade et attrapait tous les microbes qui passaient. Même si elle pensait avoir fait le bon choix, elle disait souvent "j'ai l'impression de l'avoir abandonnée". :(
Quant à moi, j'ai fait une espèce de "dépression" passagère et je me sentais très mal. On m'a découvert ma tumeur de l'hypophyse très peu de temps après. Impossible de dire si c'était lié, mais mon état de fatigue n'a rien arrangé.
Voilà notre expérience d'accueil d'une personne âgée dépendante chez nous. :? Ma mère m'a fait promettre de ne pas faire cela avec elle. Si elle devient dépendante, je devrai la placer dans une maison de retraite, je crois qu'elle a d'ailleurs prévu une assurance spécifique pour cela.
Certes ça me fendra le coeur. Mais j'ai vu ce que c'était et je reconnais que ça a été très très dur à vivre et très perturbant.
Après à chacun de faire ses choix, mais je crois qu'il ne faut pas culpabiliser de dire "non je ne peux pas", parce que c'est vraiment un bouleversement total qui peut avoir des répercussions sérieuses sur le mode de vie et sur la santé.
Ma tante l'a prise chez elle quelques temps, mais étant elle-même en mauvaise santé (elle est d'ailleurs décédée bien avant ma grand-mère), elle n'a pas pu continuer. Mon autre tante vivait seule et travaillait en horaires décalés. Il ne restait que la solution de la maison de retraite, ou chez nous (mes parents et moi).
Nous l'avons donc prise chez nous, ce qui a nécessité une organisation particulière. On a d'abord sacrifié le bureau de mes parents pour en faire une chambre. Le matin, maman s'occupait du lever, du petit déjeuner et de la toilette avant de partir au travail. Ma grand-mère restait à l'étage. Je prenais le relais le midi, je rentrais du boulot pour lui faire à manger (que je luis servais toujours dans sa chambre à l'étage et je repartais. Mon père rentrait le premier le soir et s'occupait d'elle, il la portait pour la faire descendre. Nous dinions ensemble, nous regardions la télévision (enfin on essayait, car ma grand mère passait son temps à demander qu'on change, rien ne lui plaisait), puis papa la portait à nouveau l'étage, où maman et moi nous occupions du coucher. C'était en 88 / 89, pas de possibilité d'avoi des aides, ou alors plein pot et on ne pouvait pas. Il fallait aussi s'occper de l'emmener aux toilettes, de l'essuyer. Quand on n'était pas là, elle y allait seule, mais en rentrant il fallait la laver.
Dans la journée, elle restait seule et faisait plein de "bêtises". :? Souvent quand papa rentrait le soir, elle était tombée parce qu'elle avait voulu descendre seule l'escalier (dieu merci elle n'a jamais fait de chute grave). Quand maman lui disait d'être raisonnable, elle se faisait engueuler. Quand mon père arrivait le soir, pas un bonjour, ma grand mère exigeait immédiatement qu'il lui ferme les volets de sa chambre (pourquoi ? on n'a jamais su) et l'accablait de reproches. J'avais droit à la même chose le midi. On était crevés, on finissait par se disputer, notre vie était complètment boulerversée.
Au bout de quelques semaines, on n'en pouvait plus. On a tenu un peu plus de 8 mois comme ça, mais ma grand mère devenait de plus en plus désagréable, on n'avait plus de vraie vie de famille, on passait notre temps à se faire engueuler..
La mort dans l'âme, maman et ses soeurs ont décidé de placer ma grand-mère dans une maison de retraite. Ca ne s'est pas fait immédiatement, car elles ont choisi un bon établissement, après avoir visité de vrais mouroirs. :?
Ma grand mère a vécu encore 8 ans dans cette maison de retraite, on allait la voir, on lui téléphonait, ça se passait bien.
Après son départ, papa a commencé à montrer des signes d'aggravation de la maladie cardiaque qui l'a emporté (il est mort 2 ans avant ma grand mère). Le médecin a dit que la fatigue accumulée pendant le séjour de ma grand-mère, notamment le fait de la porter, avait aggravé les choses.
Ma mère était très affaiblie, elle est tombée malade et attrapait tous les microbes qui passaient. Même si elle pensait avoir fait le bon choix, elle disait souvent "j'ai l'impression de l'avoir abandonnée". :(
Quant à moi, j'ai fait une espèce de "dépression" passagère et je me sentais très mal. On m'a découvert ma tumeur de l'hypophyse très peu de temps après. Impossible de dire si c'était lié, mais mon état de fatigue n'a rien arrangé.
Voilà notre expérience d'accueil d'une personne âgée dépendante chez nous. :? Ma mère m'a fait promettre de ne pas faire cela avec elle. Si elle devient dépendante, je devrai la placer dans une maison de retraite, je crois qu'elle a d'ailleurs prévu une assurance spécifique pour cela.
Certes ça me fendra le coeur. Mais j'ai vu ce que c'était et je reconnais que ça a été très très dur à vivre et très perturbant.
Après à chacun de faire ses choix, mais je crois qu'il ne faut pas culpabiliser de dire "non je ne peux pas", parce que c'est vraiment un bouleversement total qui peut avoir des répercussions sérieuses sur le mode de vie et sur la santé.