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Une décision délicate à prendre

S
89 ans 4951
Mlle K, je n'avais pas du tout pensé que tu voulais moraliser et je comprends très bien ton point de vue.

Sibell, j'avais un peu pris comme un généralisation, mais  
tu t'es expliquée sur ce que tu voulais dire et je le comprends.

Effectivement en suisse c'est plus la norme que dans d'autres pays. Je précise que dans l'idéal j'aimerais que ma maman finisse ses jours dans sa maison et qu'elle meurt sans souffrances. J'aurai mal au coeur le jour ou elle irait en ems, il faudra négocier avec elle qu'elle vienne dans un établissement près de chez moi (à 2h de route) pour que je puisse la voir tous les jours. Toutes ses questions me préoccupent beaucoup, mais je sais au moins qu'on en parlé et que son désir est clair vis à vis de cela.

Maintenant je ne pense pas que le fait que cela soit une "obligation" dans d'autres cultures, soit mieux ou moins bien. Je rejoins lalwende que c'est plus les liens de l'amour qui devraient primer sur le lien du sang à mon sens. Si on veut garder ses parents, son conjoint en fin de vie à la maison, si on a les moyens de le faire et qu'on en ressent le besoin pour x raisons qui nous regarde c'est une très belle chose. Le grand-père de mon mari qui était d'une famille qui avait les moyens a pu mourir chez lui et sa femme a pu rester très longtemps malgré son alzheimer, il avait une infirmière de jour et une infirmière de nuit.

L'héritage familial ayant disparu, nous n'avions pas le choix que d'accepter une hospitalisation pour mon beau-père qui ne pouvait plus marcher, se lever, se laver, et avait des graves problèmes avec agitation, , crises d'angoisse, aucun médicament neuroleptiques ne fonctionnait sur lui à cause d'une résistance due à sa maladie nous a t on dit.

Cet homme n'était pas mon père et pourtant j'ai pleuré quand il a du repartir en soins palliatifs, 3 semaines avant sa mort. Il a retrouvé sa raison pour me dire en me serrant la main très fort "j'aurais tellement voulu rester, mais je sais qu'il n'y a pas d'autres choix".

Nous avions tenté un retour à la maison, il voulait tellement rentrer, mais pourtant l'aggravation de son état n'a pas rendu cela possible.

J'ai pleuré chaque jour durant les 19 jours qu'a duré sa fin de vie aux soins palliatifs et cet homme n'était pas mon père pourtant, je n'étais spécialement attachée à lui, en tout loin des sentiments que j'éprouvais pour mon père.

Je trouve très douloureux de voir vieillir ses parents et les gens qu'on aime et de devoir prendre ce type de décision. Heureusement que ma mère l'a prise pour nous et c'est ce que je ferai pour mes enfants.

Je ne comparerais pas l'amour que j'ai pour mes enfants avec celui que j'ai pour ma mère ou même mon conjoint, le lien et le rôle sont différents à mon sens.
60 ans 91 25732
Ma grand-mère maternelle vivait seule. Un jour cela n'a plus été possible, mais elle conservait tout de même une certaine autonomie. Elle est donc allée dans un foyer logement. Au bout de quelques années, son autonomie a encore diminué et elle ne pouvait plus rester dans cette structure. Il lui fallait une présence constante et l'assister pour le lever, la toilette, les repas, le coucher.

Ma tante l'a prise chez elle quelques temps, mais étant elle-même en mauvaise santé (elle est d'ailleurs décédée bien avant ma grand-mère), elle n'a pas pu continuer. Mon autre tante vivait seule et travaillait en horaires décalés. Il ne restait que la solution de la maison de retraite, ou chez nous (mes parents et moi).

Nous l'avons donc prise chez nous, ce qui a nécessité une organisation particulière. On a d'abord sacrifié le bureau de mes parents pour en faire une chambre. Le matin, maman s'occupait du lever, du petit déjeuner et de la toilette avant de partir au travail. Ma grand-mère restait à l'étage. Je prenais le relais le midi, je rentrais du boulot pour lui faire à manger (que je luis servais toujours dans sa chambre à l'étage et je repartais. Mon père rentrait le premier le soir et s'occupait d'elle, il la portait pour la faire descendre. Nous dinions ensemble, nous regardions la télévision (enfin on essayait, car ma grand mère passait son temps à demander qu'on change, rien ne lui plaisait), puis papa la portait à nouveau l'étage, où maman et moi nous occupions du coucher. C'était en 88 / 89, pas de possibilité d'avoi des aides, ou alors plein pot et on ne pouvait pas. Il fallait aussi s'occper de l'emmener aux toilettes, de l'essuyer. Quand on n'était pas là, elle y allait seule, mais en rentrant il fallait la laver.

Dans la journée, elle restait seule et faisait plein de "bêtises". :? Souvent quand papa rentrait le soir, elle était tombée parce qu'elle avait voulu descendre seule l'escalier (dieu merci elle n'a jamais fait de chute grave). Quand maman lui disait d'être raisonnable, elle se faisait engueuler. Quand mon père arrivait le soir, pas un bonjour, ma grand mère exigeait immédiatement qu'il lui ferme les volets de sa chambre (pourquoi ? on n'a jamais su) et l'accablait de reproches. J'avais droit à la même chose le midi. On était crevés, on finissait par se disputer, notre vie était complètment boulerversée.

Au bout de quelques semaines, on n'en pouvait plus. On a tenu un peu plus de 8 mois comme ça, mais ma grand mère devenait de plus en plus désagréable, on n'avait plus de vraie vie de famille, on passait notre temps à se faire engueuler..

La mort dans l'âme, maman et ses soeurs ont décidé de placer ma grand-mère dans une maison de retraite. Ca ne s'est pas fait immédiatement, car elles ont choisi un bon établissement, après avoir visité de vrais mouroirs. :?
Ma grand mère a vécu encore 8 ans dans cette maison de retraite, on allait la voir, on lui téléphonait, ça se passait bien.

Après son départ, papa a commencé à montrer des signes d'aggravation de la maladie cardiaque qui l'a emporté (il est mort 2 ans avant ma grand mère). Le médecin a dit que la fatigue accumulée pendant le séjour de ma grand-mère, notamment le fait de la porter, avait aggravé les choses.

Ma mère était très affaiblie, elle est tombée malade et attrapait tous les microbes qui passaient. Même si elle pensait avoir fait le bon choix, elle disait souvent "j'ai l'impression de l'avoir abandonnée". :(

Quant à moi, j'ai fait une espèce de "dépression" passagère et je me sentais très mal. On m'a découvert ma tumeur de l'hypophyse très peu de temps après. Impossible de dire si c'était lié, mais mon état de fatigue n'a rien arrangé.

Voilà notre expérience d'accueil d'une personne âgée dépendante chez nous. :? Ma mère m'a fait promettre de ne pas faire cela avec elle. Si elle devient dépendante, je devrai la placer dans une maison de retraite, je crois qu'elle a d'ailleurs prévu une assurance spécifique pour cela.

Certes ça me fendra le coeur. Mais j'ai vu ce que c'était et je reconnais que ça a été très très dur à vivre et très perturbant.

Après à chacun de faire ses choix, mais je crois qu'il ne faut pas culpabiliser de dire "non je ne peux pas", parce que c'est vraiment un bouleversement total qui peut avoir des répercussions sérieuses sur le mode de vie et sur la santé.
43 ans Thaïlande 1084
Sibell a écrit:
Je proviens d'une culture où laisser ses parents aller dans une maison de repos ( en passant, sans vouloir critiquer, c'est très suisse comme pratique ) est une honte.


Ta mère vient peut-être d'un pays qui est resté traditionnel et où les gens vivent encore beaucoup en famille à la campagne ? C'est le cas de mon mari, qui est thaï. Pour lui aussi c'est bizarre de placer les personnes âgées en maison de retraite. Dans son village, les vieux restent avec leurs enfants.

Mais voilà, la société a changé. De plus en plus de gens travaillent en ville, notamment à Bangkok. Ils envoient de l'argent à leurs parents. Mais quand ils ne pourront plus rester tous seuls, que se passera-t-il ? Pour le moment on trouve encore facilement une fille ou une nièce restée célibataire qui peut prendre en charge les parents vieillissants. Mais c'est de moins en moins le cas. A mon avis, la transition va bientôt commencer en Thaïlande et les premières maisons de retraite vont faire leur apparition. Et les autres pays suivront, parce que l'exode rural, l'urbanisation, la baisse du taux de natalité et plein d'autres facteurs ont modifié/vont modifier la société en profondeur.
S
35 ans 3465
Oui exactement. Elle est originaire d'un petit village, où il n y a rien de plus sacré que la famille. Qu'importe s'il passe leur temps à se bouffer (ce qui est sensiblement le cas), il n y a rien de plus important que les liens du sang pour eux.

D'ailleurs deux dictons qui viennent de ce pays m'ont toujours énormément marqués. L'un dit " On ne peut pas séparer l'ongle de sa chair" et l'autre " Les fesses, ce sont les miennes, je les couperai, mais jamais un étranger ne les coupera".
43 ans Thaïlande 1084
Il reste des jeunes au village pour s'occuper des vieux le temps venu ? Je n'ai jamais abordé la question avec des Thaïs parce qu'ils n'ont pas de vision à long terme, mais je pense que dans 20 ou 30 ans beaucoup de gens devront trouver des solutions qui n'existent pas encore.
35 ans Dans le sud ;) 5608
Patty, merci d'avoir partagé ce témoignage très touchant avec nous, il m'a énormément émue.

D'ailleurs, ton histoire se déroule à la fin des années 80, penses-tu que si elle avait eu lieu de nos jours cela se serait déroulé de la même manière ?

Pensez vous en règle générale que sur une si petite période ( 20 ans, c'est pas bien long ), les choses et les mentalités ont changées ?
47 ans Belgium (one point) 251
le frère de ma grand-mère avait repris chez lui mon arriére grand-mère.

c'était déjà une femme méchante avant, mais chez lui, ça a viré au cauchemar.

elle est restée avec lui et sa femme plus de 10 ans et pendant toutes ces années, ils n'ont pas pu faire une seule nuit sans être réveillés pour des queues de cerises.

elle les injuriait, essayait de les frapper avec sa canne, rien n'allait jamais comme elle le souhaitait.

quand ils avaient le malheur de partir quelque part sans elle (elle ne pouvait plus monter en voiture à cause de sa jambe), elle faisait des bêtises exprès pour les punir... jusqu'au jour où ils sont rentrés et qu'elle avait allumé les boutons de la cuisinière au gaz... là ils ont décidé que c'était trop pour eux et ils l'ont placée dans un chouette endroit (où elle a vraiment été tyrannique avec le personnel).

j'espère pouvoir, le moment venu, reprendre mes parents avec moi jusqu'à la fin si c'est possible sauf si la situation devient trop dangereuse pour eux et pour moi (j'avoue le coup de la cuisinière au gaz, ça m'a marquée
S
35 ans 3465
NamManao a écrit:
Il reste des jeunes au village pour s'occuper des vieux le temps venu ? Je n'ai jamais abordé la question avec des Thaïs parce qu'ils n'ont pas de vision à long terme, mais je pense que dans 20 ou 30 ans beaucoup de gens devront trouver des solutions qui n'existent pas encore.


Il y a toujours quelqu'un pour s'occuper des vieillards, oui. Les gens sont solidaires et savent apporter une aide sans attendre forcément le retour. Bon ma mère n'est pas thaï. Mais je dirai que globalement plus un pays évoluent industriellement, plus certaines valeurs se perdent. Est-ce que c'est mal pour au tant? Je n'en sais rien.

Mais les gens deviennent de plus en plus individualistes, et moi la première malheureusement. C'est trop souvent du " chacun sa merde, chacun pour sa gueule". Mais bon, ça apprend aussi aux gens à se débrouiller tout seul.
52 ans 35 10308
Sibell a écrit:
Il y a toujours quelqu'un pour s'occuper des vieillards, oui. Les gens sont solidaires et savent apporter une aide sans attendre forcément le retour. Bon ma mère n'est pas thaï. Mais je dirai que globalement plus un pays évoluent industriellement, plus certaines valeurs se perdent. Est-ce que c'est mal pour au tant? Je n'en sais rien.

Je vois dans ma famille aussi clairement le résultat de "l'ascenceur social". Jusqu'à la génération de mes grands-parents c'étaient des paysans ou des tous petits commerçants. Ils vivaient toute leur vie dans le village où ils étaient nés et ils n'étaient jamais loin de leurs parents/enfants. Mes arrières grands-mères ont fini leur vie pour l'une dans la maison de mes grands-parents et pour l'autre dans la maison en face. C'était "facile" de s'occuper les uns des autres lorsqu'on est géographiquement proches.
Après mes grands-parents ont beaucoup poussé pour que leurs enfants fassent des études. Ils ont bien réussi et le résultat c'est qu'ils ont quitté leur région (petit village de Charente) pour leur boulot. Ma mère est à Paris, ses deux frères en Bourgogne et en Savoie. Ça fait loin de la Charente. Quand ma grand-mère n'a plus pu vivre toute seule, il était difficile pour ses enfants de venir vivre chez elle à plein temps (leur vie était ailleurs), et impensable pour elle de quitter sa maison, son village, ses amies, ses habitudes. Alors il faut bien faire au mieux comme on peut, comme dit Saralou.
35 ans 193
Bonjour
je me faisais une réflexion car personne n'a vraiment abordé la question de couple
par exemple je comprends que l'une veuille amener son père ou sa mère chez elle pour s'en occuper mais le conjoint aura-t-il envie de vivre avec un de ses beaux-parents? Et, vous comment le vivriez-vous? J'imagine que si l'entente est bonne ça peut se gérer mais ce n'est pas toujours le cas

des avis? :)
S
35 ans 3465
Bonne question. Disons que le sens de la famille est une des qualités principales que je recherche chez un homme. Je n'imagine pas trop faire ma vie, avec un homme qui n'est pas trop famille. Déjà pour mes futurs enfants et moi, mais aussi justement au cas où un des membres d'une famille où de l'autre aurait besoin d'aide.

Maintenant c'est clair qu'il y a plusieurs paramètre à prendre en compte. Que mon mari, plus tard, me dise: 'non je ne veux pas de ta mère à la maison, parce que elle me dérangera'... Il va très vite être dérangé par une autre personne. :lol: Par contre si vraiment l'entente entre les deux ne marchent pas... Mais dans mon cas c'est presque impossible, parce que ma mère, même si elle peut être chiant, question vie quotidienne elle est plutôt conciliante et facile à vivre.

Et dans le cas inverse, je me vois mal refuser d'héberger un de ses parents, vu que je compte lui imposer ma mère, à part en cas de conflits insurmontables. Mais là pareil, si sa mère est une vieille sorcière qui ne m'aime pas d'emblée et qui n'aura pour bute que de me mener la vie impossible... J'accepterai de faire un essai sous réserve de la mettre dehors en cas de litige trop important.
33 ans 182
Je suis un peu comme Sibell, là-dessus.
Par contre, la différence c'est que nous en avons déjà parlé. Mes parents et Chéri s'entendent à merveille, ma mère dit souvent qu'elle a un fils mais qu'elle n'a pas eu a l'élever ( :lol: ) et mon père lui a fait faire une clé de chez eux... Comme quoi...
La seule chose qui m'inquiète, c'est si nous prennons sa mère avec nous. Elle est plutôt autoritaire (bien qu'elle soit très gentille, hein, faut pas croire) et les choses doivent être faites à sa manière. Mais bon, j'ai aussi mit les choses au clair avec lui: elle n'aura pas son mot à dire quand aux règles de la maisonnée, ça c'est certain. Autrement, je l'aime bien et c'est réciproque, alors tout va bien :D
40 ans 5932
Honnêtement, je ne serais pas prête à accueillir la famille de mon copain parce que ce sont des gens toxiques. Par contre, si mon copain ne voulait pas de ma mère, je montrerais les dents parce qu'elle ça fait des années qu'elle lui montre qu'il fait partie de la famille, qu'il est accepté tel qu'il est et qu'il aura toujours du soutien chez elle.

Par contre, si ma mère entretenait avec lui de mauvaises relations, je ne pourrais pas la lui imposer.
46 ans 1114
Aucun souci, pour l'un comme pour l'autre, si les conditions le permettent (voir plus haut ;) )
Je suis prête à vivre avec mes beaux-parents et lui avec les siens.
35 ans Dans le sud ;) 5608
Tout pareil que Sibell, et comme je l'ai déjà dit plus haut, le fait que mon conjoint accepte qu'un membre de ma famille vienne vivre chez nous en cas de pépin est une condition indispensable
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