J'ai lu toutes les réponses, et je tenais à apporter ma modeste contribution. Tout comme Mycea et Reinette, j'ai connu l'anorexie, et la boulimie vomitive, je vais fêter mes 1 an de guérison en Août, et j'en suis très heureuse. On ne dira jamais trop que la rémission est un retour à la vie, la fin d'un long combat, le retour à la lumière et à la vie. Pour autant, cette dernière s'aménage autour de celle qu'on est devenue au sortir de tout ça : il y a des séquelles, des fragilités qui persistent. Petit à petit, on apprend à arrêter de vomir, puis à accepter de reprendre du poids, à lâcher prise quant à la nourriture, à renouer avec les aliments que l'on s'interdisait, on relègue la nourriture au rang de plaisir de la vie, de nécessité, plus à celui d'obsession. Pour autant, la nourriture ne peut pas devenir du jour au lendemain un sujet naturel et non anxiogène pour quelqu'un qui sort de TCA. En ce qui me concerne, le sport a été ce qui m'a permit d'arrêter de me faire vomir 3 à 5 fois par jour et à me réapproprier mon corps. J'ai renoué avec moi même, avec mes capacités de mouvement, j'ai trouvé en mon corps un ami, et la prise de poids s'est faite en douceur, parce que le muscle était dominant. Certains y verront une technique de compensation : peut-être ; moi j'y vois ce qui m'a permis de sortir de cet enfer, entre autre. Il y a évidemment eu beaucoup de travail et d'efforts derrière tout ça.Mais le sport a indéniablement aidé.
J'en pratique aujourd'hui environ 7 heures par semaine, parfois plus, parfois moins. Je me déplace essentiellement à pied, pratique la course à pied, la natation de temps à autre, et le vélo elliptique ou la fitness me sont agréables de temps en temps. J'y trouve un plaisir énorme, j'adore ça, et je ne me force pas. Au début pourtant, je m'y contraignais , même quand l'envie n'était pas forcément là, parce que j'y voyais "la clé de mon équilibre". Avec le temps, j'ai appris à faire l'activité qui me tente le plus chaque jour, et quand je n'ai pas envie d'en faire, je me contente de mes déplacements habituels et de mes ados, et ça me vas. Les ajustements se sont faits tout au long de l'année ; au début, je ne mangeais pas le soir, même en ayant faim ; maintenant ça ne me pose plus aucun problème. Je compte environ les calories ingérées, parce que moi aussi ça me rassure. je peux ne pas le faire, ou en manger plus que prévu, ça n'est pas un drame. Ça ne m'est pas totalement indifférent, mais ça n'est pas un drame. Parce que je guéris chaque jour, parce que le passé est là et qu'il faut faire avec , parce que là où vous verrez peut être des signes de "régime", moi je sais que je mange absolument tout ce dont j'ai envie, que je ne suis plus sujette à aucune frustration quant à la nourriture, que le sport m'est indispensable parce que j'aime être en harmonie avec mon corps pendant l'effort, que c'est quelque chose qui me passionne, vous appellerez "compensation" ce que je vois comme un élément de mon équilibre.. Pour autant, je pense appliquer la majorité des principes de la RA, et je ne me lève plus jamais en me disant "aujourd'hui, tu vas maigrir". Non. Je suis bien, tout simplement, heureuse, et j'ai l'impression de me respecter et d'avoir fait de mon corps mon allié, de l'écouter, pas de le contraindre ou de vouloir le contrôler à coup de calculs. Je crois, qu'il est aussi beaucoup question d'interprétation, qu'il n'y a aucun principe universel, et que personne n'est apte à dire si telle ou telle chose est bonne pour telle ou telle personne ou non ; compter les calories n'est pas synonyme de trouble pour moi, ça peut juste être une manière de se rassurer, et après tout, est ce que tout le monde n'a pas besoin de se rassurer ? Qui serait-on pour dire à quelqu'un qu'il a tel ou tel rapport avec son corps et son alimentation sans avoir vécu ce qu'il a vécu ?
À chacun ses torsions, comme dit précédement, l'essentiel est que la forêt soit la plus saine possible non ?