trashrap a écrit:poupoule a écrit:_Aphasie_ a écrit:Moi j'avoue que malgré le fait d'avoir compris (du moins je crois) cette subtile distinction, ben j'ai vécu la "modération" comme une restriction, même minime, et que ça a suffi à me faire partir en cacahouète :lol:
Ben oui! comme tu décris les choses, je ne vois rien d'autre dans cette modération qu'une restriction soft... maintenant, en l'absence de tca, peut-être que la restriction soft ne fait rien de grave (c'est fort possible). Mais pour une personne à passé très régimeur... c'est une autre histoire!!
Sans parler de TCA, ça dépend aussi de l'importance qu'on accorde à la nourriture. Pour moi (et une bonne part de ma famille), le repas est quelque chose d'important dans la journée, avec un rapport sociologique important. C'est aussi très important par rapport à la "quantité de plaisir" que ça m'apporte dans la journée. Pour beaucoup de personnes minces que je connais (pas forcément régulées pour autant), manger est une obligation, voire une corvée. Il est forcément plus facile pour ces personnes de contrôler leur apport de nourriture et de calories que pour des personnes comme moi.
Je pense qu'il se joue aussi quelque chose de cet ordre là en effet. Apfel insiste à plusieurs reprises sur la notion de deuil. Il développe beaucoup les exercices de laisser/jeter de la nourriture (peut-être plus que Zermati je trouve) et propose même d'intéressants "rituels" d'ordre psychologique. A un moment il explique que, oui, il est possible de sortir de table en ayant un peu faim, de choisir de manger moins au quotidien, et qu'on ne va pas en mourir.
L'idée est très intéressante en soi, mais quand on a des années de restriction derrière soi, elle me paraît difficile à intégrer réellement. Quand on a des années de restriction derrière soi, on apprend à se mentir sur ses motivations, à "tricher", "tromper" comme dirait l'autre, et du coup c'est compliqué de distinguer le lieu du contrôle. Cela dit Apfel propose plein de trucs pour travailler là dessus.
Le problème de cette notion de "décision", c'est que ça m'évoque trop ce fameux "déclic" que l'on lit fréquemment sur de nombreux blogs régime. "J'ai eu le déclic : j'en ai marre d'être grosse, maintenant ça suffit." De ce que je lis, ça marche parfois, et ça peut entraîner un changement à long terme, mais la plupart du temps ben... on en revient peu ou prou à la "volonté", et quand ça ripe, "décisions" ou "volonté" sont impuissants face aux EME/TCA tapis en embuscade, et renforcés par une sourde culpabilisation (Apfel dirait peut être "responsabilisation" dans sa logique décisionnelle).
Néanmoins, Apfel est un psy sérieux, du coup il fait bien ressentir que tout ceci est un travail de longue haleine, très difficile. Le souci, c'est que ça me paraît compliqué de lancer des gens sur cette voie-là sans accompagnement. Certes, il y en a qui parviendront à faire ce chemin seuls, soit parce que c'est le moment ou leur tempérament, que sais-je. Mais selon moi, ce type d'approche devrait presque être réservée à une thérapie personnalisée en cabinet...