Chapitre 5
Finalement au bout de quelque temps je trouvai un autre emploi.
J’eus plusieurs aventures sans lendemain sur lesquels il n’y a pas grand chose à dire si ce n’est que cela me permit d’évacuer mon trop plein d’énergie sexuelle.
Je m’étonnais de l’imagination des mecs prêts à me raconter n’importe quelle histoire pour partir aussitôt vider.
J’affichais alors un visage compréhensif de circonstance, notais le faux numéro de téléphone qu’il me donnait sur un calepin laissé bien en évidence sur la table de chevet, tendais une bouche distraite pour un dernier baiser et refermais la porte consciente que je ne le reverrais plus jamais.
Une fois mon amant d’une nuit parti j’engouffrais des tonnes de glaces, des biscuits, des grignotines de toutes sortes telle une boulimique en manque de sucre.
Mon poids, cette éternelle obsession fluctuait au rythme des saisons et de la garde-robe sans cesse à changer parce que trop petite.
Un jour mon frère me donna son vieil ordinateur et je devins une internaute passionnée voir compulsive.
J’aimais visiter les musées virtuels, les sites de photographies etc.
Jusqu’au jour ou une collègue me parla d’un tchatte de rencontre.
- « Tu devrais aller sur « Love.com » je t’assure qu’il y a là des mecs d’ici et d’ailleurs qui sont supers ! »
Pourquoi pas ! Après tout j’avais fait le tour de mon terrain de chasse habituel et je n’avais rien à perdre.
C’est là où je fis la rencontre de Jalel. Tunisien, 48 ans, beau, brun, ténébreux, séduisant.
Ah comme il savait parler aux femmes !
Pendant des mois il me fit une cour intensive auquel je résistai bravement. Puis il m’annonça qu’il allait venir me voir. Il allait prendre l’avion pour venir me voir car il avait quelque chose de très important à me dire et il voulait me le dire de vive voix !
Je n’y croyais guère. Il n’allait tout de même pas faire sept heures de vol pour venir me parler !
Mais il le fit.
Notre première rencontre, ce jour là à l’aéroport, fut comme un feu d’artifice. Il était tellement beau ! Il resta deux semaines ! Ce furent deux semaines intenses et passionnées.
Contrairement aux amants Maghrébins que j’avais connu, il n’avait aucune réticence, aucun tabou, aucune limite.
Ça se voyait qu’il n’en était pas à ces premières armes !
Je l’avoue au bout des deux semaines j’avais du mal à tenir debout et j’avais mal partout tellement j’avais été pétri, palpé, mordu, léché etc.
Ce n’est qu’a son départ que j’ai compris qu’il m’avait contaminé. Le plus puissant venin coulait dans mes veines. J’en voulais encore de son amour. J’en voulais encore de son poison.
Tant et tant que je ne réalisai pas que je venais de nier ma promesse solennelle de ne plus jamais m’engager sentimentalement avec quelqu’un.
J’allai lui rendre visite en Tunisie. Le voyage fut magnifique. Toute la famille me reçut comme si j’étais une princesse et je fus inondé de cadeaux.
Un soir Jalel me demanda en mariage devant toute la famille et je dis oui.
Mes vacances se terminaient, je sentais Jalel nerveux à l’idée de me voir repartir loin de lui.
Finalement pour le rassurer sur la profondeur de mes sentiments j’acceptai de le marier avant de repartir. Un petit mariage simple devant un juge de paix et un prêtre. Jalel me traduisit plus tard les paroles prononcées en arabe. J’avais accepté de me convertir à l’Islam en acceptant de le marier !!! J’étais bouche bée. Mais Jalel m’embrassa tendrement et me dit que ce n’était pas obligatoire de ne pas m’en faire avec ça et que jamais il ne m’obligerait à le faire si je ne voulais pas.
Je repartis pour le Québec le cœur en peine et j’entrepris dès mon arrivée les procédures pour le faire venir.
Huit mois plus tard il était là, souriant, et plein d’enthousiasme.
Trois mois plus tard je vivais un véritable enfer. Il était toujours sans emploi. J’eus beau lui expliquer que ce n’est pas à 11h00 du matin qu’il fallait aller postuler pour des postes mais dès 8h30 rien à faire. Il me serinait à longueur de journée que les Québécois étaient racistes. Qu’il fallait l’aider ! Qu’ici comme ailleurs il fallait des « connections » .
Une amie me parla d’un poste disponible pour lequel Jalel avait toutes les compétences. Elle intercéda auprès de son contact au service du personnel et un rendez-vous d’embauche fut fixé.
Le soir en rentrant du travail je trouvai Jalel en train de naviguer sur le net.
- «Alors habibi comment s’est passé cette entrevue ? »
- « Je n’y suis pas allé ! »
- « Comment ? Mais, qui a-t’il ? »
- « Écoute, j’ai parlé avec le responsable du service du personnel au téléphone et la description qu’il m’a donnée du poste ne faisait pas du tout mon affaire. C’est un poste en dessous de mes compétences ! »
- « Mais Jalel ! Il te faut un emploi. Tu aurais pu prendre celui-là et continuer tes recherches. »
- « Toi tu ne penses qu’a toi ! Moi j’ai besoin d’avoir un travail qui me stimule, qui me passionne. »
J’étais si estomaquée que je me dirigeai vers la cuisine pour préparer le repas. Plus tard mon amie me téléphona pour savoir comment s’était passé l’entrevue. Honteuse je lui dis que Jalel avait préféré ne pas donné suite car cela ne correspondait pas à son domaine de compétences.
Les choses ne s’améliorèrent pas. Un jour je suis rentré plus tôt du travail car j’étais souffrante. Je le trouvai devant l’ordinateur en train de tchatter avec une femme à moitié nue sur la cam.
S’en était trop ! J’entrai alors dans une colère terrible ! Au lieu de s’expliquer il partit en claquant la porte.
Profitant de son absence je vis une petite recherche sur le net et je constatai qu’il avait une liste de contact impressionnante. Des femmes. De toutes les origines avec qui ils correspondaient depuis bien longtemps pour plusieurs.
J’eus mal ! Terriblement mal !
Il ne rentra pas pendant trois jours. A son retour il trouva la porte fermée. J’avais pris la précaution de changer les serrures. Et j’avais laissé ses choses dans la remise de jardin sur laquelle j’avais épinglé une note. Adieu !
Bien entendu il n’allait pas partir honorablement. Il demanda de l’assistance sociale et je du rembourser le gouvernement de toutes les sommes qui lui furent versée et ce, pendant 2 ans.
En fouillant dans l’ordinateur je découvris une lettre, envoyé à une certaine Samira.
… oui je sais que c’est long ma chérie mais c’est le prix à payer pour vivre libre au Canada et pour toi je suis prêt à tous les sacrifices.. Ne vas pas t’imaginer que c’est la joie pour moi. Juste de coucher avec cette horreur me fait mal au cœur. … mais non ne t’en fais pas je ne fais rien de mal … une femme comme ça … en plus je lui ai donné plein d’argent pour l’aider … elle ne travaille pas … c’est moi qui fait tout ici … en plus elle est malpropre ... s'habille de façon inconvenante ... j'ai honte de sortir avec elle devant les gens ...
A suivre …