je viens de decouvrir ce message
il est d'un psychanalyste et artiste dont je lis depuis longtemps les contributions sur le net
Le président de la Maison des Artistes a pris position publiquement pour Nicolas Sarkozy. J’ai donc réagi sur le blog de la MdA et pointé deux ou trois choses qui me semblaient importantes à dire.
http://lamaisondesarti...om/2007/04/calmons-le-jeu.html
D'un radeau l'autre
J'ai été très surpris par les prises de position du président de la MdA, au nom même de celle-ci, et en tant que défenseur des artistes, et de sa charge contre Jack Lang.
Je ne suis pas un défenseur de Lang, je remarque simplement que l'art a pris une autre tournure lorsqu'il était au ministère, et qu'il faut remonter jusqu'à Malraux pour trouver un ministre de la culture qui fasse bouger les choses et les frontières.
Nicolas Sarkozy est dangereux pour l'art comme pour le reste ; sa structure psychique l'entraine dans des schémas qui vont au delà même du panoptique de Jeremy Bentham. La société est vue selon une architecture carcérale, où rien ne peut échapper à l'œil. En effet, on perçoit combien ce qui le met en danger est l'obscur, le flou, l'incertain, le caché, le secret. Or l'art ce n'est pas toujours la ligne claire, mais aussi et plus certainement la subversion.
Lutter contre les nouveaux académismes (il y a des gens qui ont bien du temps à perdre), c'est essentiellement se méfier de la perversion tant du discours que du système. Il n'y a d'enjeu dans le discours de Nicolas Sarkozy que narcissiques, dans son modèle politique il n'y a d'enjeu que néo-libéral (ce qui ne se confond pas avec le capitalisme du XIXe), dans son modèle social il y a la séparation la plus radicale entre les êtres, selon leur culture et leurs ressources. L'usage des signifiants clivants est à rapprocher du travail de Klemperer.
Contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, l'élection de Nicolas Sarkozy serait une véritable catastrophe pour les artistes. Il n'y a pas d'expression possible sous l'œil du despote, sous l'œil du roi. Il a exprimé dernièrement encore ses convictions, il croit en l'autorité, la punition. Dans une société où il n'y a plus d'Autre, sauf peut être celui que symbolisent les riches, l'Argent, le retour aux valeurs anciennes est un voile dommageable, glaciaire, aussi certainement morbide que ce qui s'est développé sous le stalinisme concernant la population en général et les artistes en particulier.
Ce Radeau de la Méduse sur lequel nous sommes embarqués prend l'eau de toutes parts. Nous obligera t-on à manger nos morts ?
La tentation totalitaire qui se lit dans le discours de Nicolas Sarkozy semble ne pas apparaitre clairement aux yeux de tous. Pourtant ce monsieur fera en effet très certainement ce qu'il dit. Et il dit essentiellement, au début de chaque phrase : "moi je".
L'enjeu n'est pas un enjeu politique tel qu'on pouvait le penser auparavant. Le mode de discours paranoïaque et pernicieux qui est induit dans le débat amené par le candidat de l'UMP réclame de toute évidence un arrêt, un Non catégorique et radical, qui aura pour fonction de ramener du sens en politique, et d'en finir avec l'infantile.
J'irai voter demain, contre Sarkozy. Je n'ai jusque là pas pris de position publique, étant occupé à d'autres choses. Mais la position très dangereuse du président de la MdA obliqe à mettre les points sur les "i".
Je voudrais pour finir faire entendre ceci : ne prenant position pour aucun candidat précis (mais contre Sarkozy pour des raisons d'ordre psychologique), on ne se permettra pas, sous quelque prétexte que ce soit, de positionner mon discours d'un côté ou de l'autre d'un échiquier qui n'a plus cours.
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Emmanuel Bing
Psychanalyste