Le parquet a autorisé l'autopsie qui a eu lieu hier. Apparemment, la thèse de la mort naturelle a été écartée. On attend maintenant les résultats des analyses toxicologiques.
On va la laisser en paix quand ?
J'écoutais hier le professeur Kahn qui défendait - très bien d'ailleurs - son point de vue contre l'euthanasie active. Il estime que la loi et la médecine disposent actuellement de suffisamment de moyens pour aider quelqu'un en fin de vie.
Mais Chantal Sébire n'était pas en fin de vie. La plonger dans un coma artificiel, comme on le lui avait proposé, l'aurait fait mourir sous 3 à 4 jours et c'était conforme à la loi. On lui reproche d'avoir refusé ce moyen.
J'ai envie de dire : mais qu'est ce que ça aurait changé ? On l'aurait plongée dans le coma et on aurait attendu 3 ou 4 jours (ou plus, finalement qui le sait vraiment ?) qu'elle décède. Ou bien on lui donnait la dose létale d'un produit et on attendait 10 minutes. A la fin ça change quoi ? On reconnait bien que le coma dans lequel on l'aurait plongé aurait été mortel à court terme.
Pour Chantal, ça n'aurait peut-être pas changé grand chose à partir du moment où on l'aurait endormie. Mais pour ses proches ? Attendre un jour, deux jours ou plus, quand celui ou celle qu'on aime est encore là alors qu'il est déjà parti...
J'ai quitté le milieu hospitalier il y a plus de 20 ans. A l'époque, l'euthanasie se pratiquait déjà, je l'ai vu faire plusieurs fois. Jamais je n'ai vu de dérive. Je n'ai vu que des médecins profondément humains, qui reconnaissaient être arrivés au bout de ce qu'ils pouvaient faire pour soulager la personne et qui apportaient une dernière aide. Certains refusaient de le faire, comme certains refusaient de pratiquer des avortements. Cela je le comprends. On ne peut pas imposer à quelqu'un, parce qu'il a choisi la médecine, de donner volontairement la mort. S'il y a une loi, elle devra prendre aussi ce paramètre en compte.
L'euthanasie active se pratique en Suisse, aux Pays Bas, en Belgique... Pourquoi pas en France ? Pourquoi y aurait-il plus de dérives qu'actuellement où on la pratique sans qu'elle soit encadrée ?
Au moins qu'on se penche sur les personnes comme Chantal Sébire, qui sont atteintes de maladies orphelines et invalidantes et qui ne rentrent pas dans le cadre de la loi actuellement en vigueur.
La loi permet de ne pas poursuivre les soins, de débrancher un respirateur, de ne plus alimenter un malade. Rien ne dit qu'on est autorisé à plonger une femme comme Chantal Sébire, qui était encore consciente, autonome et capable de donner son opinion dans un coma qui la conduira à la mort. Se retrancher derrière cette loi qui ne pouvait s'appliquer, c'est de l'hypocrisie pure et simple.
Nos animaux domestiques ont le droit de mourir dignement grâce à l'euthanasie. La souffrance serait-elle donc meilleure pour les humains ? Serait-elle plus noble ? Moi j'y vois encore des restes de notre culture judéo chrétienne qui dit que si nous souffrons dans cette vie, nous atteindrons le bonheur dans l'autre. Mais en attendant, ceux qui ne croient pas, qui ne croient plus en la vie éternelle, ou tout simplement ceux qui le souhaitent parce qu'ils ont des raisons de ne pas vouloir attendre que la mort décide pour eux, ne pourraient-il pas, dans le cadre d'une loi bien encadrée, avoir la même dignité dans la mort que des animaux domestiques ?