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lafeenoire :
Mais d'où tu crois que vient ce comportement détestable ?
Ton exemple le montre bien, ces jeunes n'ont de repères qu'au travers de
stéréotypes publicitaires et de frénésie consumériste.
Ils absorbent plus que quiconque les signaux et les valeurs transmises par l'ultra-libéralisme ambiant.
On le voit bien en analysant leur discours, le plus souvent il n'a aucun sens logique.
Ils se revendiquent ennemis de l'Amérique mais passent leur vie en Nike, Marlboro, iPhone, McDonald's et MTV.
Ils dégainent le racisme à longueur de journée, mais en te traitant de sale blanc par ailleurs.
Ils aspirent à une reconnaissance de la République mais "baisent la France" et ne parlent que du Maghreb.
Cette bouillie psychologique sans queue ni tête est le signe d'une perte de repères majeure et multifactorielle.
Les parents, les politiques, l'enfermement de quartier, la télévision, la discrimination, la crise...
L'époque est particulièrement propice à ces dérives, mais vu son ampleur il est évident qu'elle est encouragée en haut lieu.
On ne peut pas constater un tel désastre et un tel échec de toutes les bonnes volontés sur le terrain (associations, école, politiques locales etc...) sans se poser sérieusement des questions...
Ces jeunes sont avant tout des humains comme tout un chacun.
Ils ne sont pas nés avec un gène particulièrement propice à la connerie.
Au même endroit et dans les mêmes conditions sociales et familiales, nous serions absolument comme eux.
Plus ou moins selon les personnalités et les parcours bien sûr.
Mais fondamentalement une grande part de leurs comportements est conditionnée par des forces qui les dépassent.
Ils ne savent même pas pourquoi ils sont comme ça au fond.
Leur parcours les a poussé à n'avoir que ça comme modèle, et à apprendre que la violence paye mieux que le respect.
Et je suis désolé, mais cette dernière assertion est de plus en plus vraie.
Le petit gars "moyen" en France se fait entuber de tous côtés et en permanence : par l’État, pas les employeurs, par les autres...
Ce qui devrait être la norme (la classe moyenne) devient la pire place de la société, la plus invivable.
Seuls le haut et le bas de l'échelle sont récompensés, et le plus souvent au travers de magouilles.
Tant qu'ils ne peuvent atteindre la place du haut (ce qui est bien sûr le lot de l'immense majorité) alors autant rester dans celle du bas.
Parce que même si elle est crasseuse, au moins ils en connaissent les codes et que ses magouilles leurs rapporteront au moins autant qu'un smic.
Mais en même temps, ils n'en sont évidemment pas heureux pour autant et le vivent comme une frustration indépassable.
Alors ils choisissent pour certains le mode d'expression qu'on leurs a appris : écrase les autres, coûte que coûte.
Et la cible est toute trouvée : toujours les mêmes, les "moyens", ceux qui ne trouvent grâce aux yeux de personne.
Mais qui leur a vraiment appris ce mode d'expression à bien y réfléchir ?
Avant d'être celui de la cité, c'est surtout celui de la télé, du monde politique, des écoles de commerce, des entreprises !
La violence pré-existe largement dans la société, ils ne l'inventent pas en venant au monde !
On leurs inculque d'écraser les autres, on les gave de publicité et de consommation, on leurs donne pour seuls modèles valables
des truands ou des magouilleurs, on fait de l'argent le seul moteur et la seule échelle de valeur, on les abreuve de musique
abrutissante et de clips misogynes et puants, de starlettes médiocres qui ne doivent leur place qu'à un écartement de jambes,
de politiques ouvertement véreux mais jamais inéligibles, de services publics en délabrement et en sous-effectifs.
On leurs fait comprendre que l'école, la recherche et la culture ne sont que des préoccupations de seconde zone que l'on
doit à tous prix rendre compétitives au même titre que le supermarché du coin, qui d'ailleurs se doit lui d'ouvrir absolument
le dimanche et ne plus respecter le code du travail, les horaires ou ses employés tant que ça rapporte quelques euros de plus.
On achète des wagons entiers de tasers mais on supprime 500 postes de professeurs, tout est normal !
Nos gouvernements font du vivre ensemble une jungle froide et intrinsèquement violente, pourquoi s'étonner alors de ce qui arrive ?
Quoi de plus normal que les plus violents deviennent alors les maitres des lieux, que la connerie prennent le dessus sur le respect ?
Mais le drame dans cette histoire, c'est qu'au fond nous nous élevons contre la même chose !
Leur désespoir et le nôtre sont les mêmes !
Simplement la division des esprits nous a tellement été inculquée que plus personne n'arrive à y croire.
Chacun désigne les boucs émissaires qu'on leurs montre du doigt pour mieux ne pas voir les véritables coupables.
Parce que si tout le monde se mettait à ouvrir les yeux, on se rendrait compte que nous sommes tous les victimes de la même chose.
Mais cette prise de conscience est ce qu'il y a de plus dangereux pour les pouvoirs en place, et le verrouillage des cerveaux est particulièrement efficace.
Alors on laisse s'installer la violence et la discorde toujours un peu plus.
On fait du FN le seul parti qui semble dire les choses avec justesse, même si ça n'est évidemment que de la poudre aux yeux.
Et même les plus intelligents finissent par désespérer et à se résoudre à penser que le salut n'est plus que dans la répression.
C'est faux, cent fois faux, cent fois prouvé par l'Histoire mais qu'importe...
Voter pour et encourager certains "petits" partis (tiens, comme par hasard ce terme méprisant vient des médias...) c'est la seule et unique solution.
Et se persuader encore et toujours que les coupables sont d'abord ceux qui ont la meilleure place pour influer sur les choses.
Et enfin que le bon choix politique ne réside pas dans celui qui gueule le plus fort, mais dans celui qui gueule le plus juste.
Ok, vous me direz, tout ceci est bien beau mais très théorique et ne change rien au fait de se faire emmerder à longueur de journée. Évidemment...
Mais mon discours ne se veut pas excusant n'importe quelle dérive, simplement il tente de les analyser pour en tirer les meilleures conclusions possibles.
Désolé du pavé, encore une fois. :roll:
A part =D> , je ne vois rien à ajouter...à part une illustration qui vient en plus...
UN exemple, du vécu...
J'ai bossé dans un quartier dit sensible, soit dit en passant, du coup, le recrutement est plus facile, parce que ,en tout cas quand j'avais postulé, très peu de personnes voulaient bosser là, et les portes s'ouvraient plus facilement^^... (et ceux qui y vivent globalement veulent en sortir et bosser ailleurs ,justement ...)J'étais anim famille en contrat aidé, donc, grosso modo, + multi tâches qu'anim , et plus sur le terrain que dans les salles d'anim, et pour cause, il n'y avait aucun public qui venait. Motif? La peur, il y avait eu des assez gros soucis auparavant, dans la structure socio-cu où je travaillais, et de ce fait ,personne n'y venait plus, ou si peu ...
Un jour, avec deux collègues hommes, je suis allée distribuer des flyers , de l'autre côté de la rue, dans la plus grande barre HLM d'Europe (qui ne l'est plus, puisque récemment, elle a été coupée...)
Les collègues sont partis à un endroit, on s'est plus ou moins partagé les entrées, et moi, toute "femme" mais pas toute fragile 8) , j'ai commencé ...
Dans une entrée, des jeunes ,capuches et tout et tout, pétard et cie, qui ont vérifié, j'ai vu , que je ne présentais a priori aucun danger et m'ont laissée entrer... j'ai dit bonjour, eux m'ont saluée aussi, m'ont proposé " vous en voulez un peu m'dame?? Ah vous bossez là bas, à la *** ,c'est ça hein? mais faut faire attention m'dame, c'est dangereux de se balader seule ici pour une dame hein..."
moi" ah? dangereux? je vous remercie de me prévenir , c'est gentil" et j'ai souri, je suis partie...
Entrée suivante, un autre groupe, pareil, qui me laisse entrer. je flye, normal... après salutations etc etc...
Je sors, je fais mon bonhomme de chemin, et ensuite, je fais demi tour et je me retrouve face à la première entrée où les jeunes m'avaient reconnue ... et là, il y a en a un qui sort et qui me dit" m'dame, vous travaillez vraiment là bas ? C'est dit disant la maison des jeunes mais nous, ils ne veulent pas nous. OK on a fait les cons, mais c'était pas méchant, pour la plupart. et pis, hé mdame, regardez bien ,là, depuis ici, il est où vot'batiment ,où vous bossez??"
Je me retourne et je lui dis" baaaaah,il est là, va ! et je montre du doigt, et soudain je me rends compte qu'on ne le voit pas !! les entrées sont tellement en contrebas que c'est comme si le monde extérieur était invisible, inaccessible , totalement... ISOLES tellement que forcément, leur immeuble devient LEUR territoire, je pense que c'est un réflexe humain, complètement. ATTENTION, je répète, ça n'est pas une excuse...
Là,il sourit et me dit" ah, vous avez compris ce que je voulais vous montrer, j'crois, m'dame... , bonne fin de journée, bye"...
Je suis partie, et suis restée songeuse un bon moment...