Inès, je vais te donner mon point de vue, en espérant que tu n’y verras aucune agressivité ou malignité car je n’ai aucune mauvaise intention à ton égard – bien
au contraire.
En fait ce que je ne comprends pas, c'est ton besoin perpétuel de revenir sur cette sempiternelle question.
Tu dis que les gens ne parviennent jamais à parler calmement sur ce sujet, que tu ne comprends pas pourquoi cela suscite autant d'excitation voire d'énervement, pourquoi les gens se sentent agressés etc... Mais d'un autre côté tu ne peux t'empêcher de sans cesse revenir sur cette question.
Cela m'interpelle et du coup, on se demande si ce n'est pas toi qui a un problème avec cette question...?
Parce que si on a aucun souci avec son choix, ET qu'on ne juge pas les autres, comme tu le répètes souvent, en le pensant sincèrement je crois, normalement on n'a pas besoin de polémiquer constamment là-dessus.
Interroge-toi : Pourquoi cela te dérange-t-il autant de lire que le lait en poudre est une copie du lait maternel? Cela n'a rien de terrible, et après tout une copie n'est pas l'original. Alors pourquoi ce type de propos suscite donc tant d'émotion chez toi? Tu dis toujours vouloir comprendre les autres, mais te comprends-tu toi-même ?
Ceci étant dit, et pour répondre à ta question, je vais te donner mon sentiment de mère qui a choisi de ne pas allaiter, par pures raisons personnelles : cela me « dégoûtait » un peu (je parle de MON ressenti vis-à-vis de l’idée que JE puisse donner le sein, en aucun cas je ne dis que les mères allaitantes me dégoûtent alors pitié tout le monde, pas de surinterprétation), je voulais que mon mari donne autant les repas que moi, je ne voulais pas avoir les seins gorgés de lait, je voulais pouvoir picoler à ma guise, et je voulais pouvoir entamer un régime tout de suite après mon accouchement.
Je ne dis pas que ces raisons sont de bonnes raisons ou des raisons « suffisantes » au yeux du bon peuple, c’est simplement ce que je souhaitais moi, pour moi, et ce que j’estime que j’étais en droit de faire en tant qu’adulte libre.
Ce qui m’insupporte, ce n’est pas d’être taxée d’égoïsme car j’assume complètement d’avoir motivé mon choix de ne pas allaiter en fonction de ce que MOI je voulais. Je pars du principe que faire un enfant étant à la base un choix égoïste, répondant à une envie ou un besoin intime, je n’ai pas à me sentir blessée par ce type d’insinuations.
Non, ce qui m’insupporte, c’est qu’on préjuge de mon degré d’information à la lueur de mon choix. Comme si celles qui faisaient le choix de biberonner étaient obligatoirement celles qui en savent le moins sur la question, et qui auraient agi autrement si elles en avaient su davantage.
Donner le biberon peut être un choix parfaitement éclairé, qu’on se le dise.
Ce qui m’insupporte, c’est d’entendre ou lire mille commentaires alarmistes me prédisant un enfant, au choix, névrosé/triste/empoisonné/obèse/malade etc. Mon fils se porte extrêmement bien, merci, il n’est jamais malade et tout en haut des courbes.
Ce qui m’insupporte, c’est que nombre de pro-allaitement, ces bonnes âmes qui ne jugent personne comme chacun le sait, colportent mille articles tendant à prouver que l’allaitement est une panacée, mais tombent comme des harpies sur le moindre article ou rapport scientifique tendant à modérer cet engouement, quand bien même il serait sérieux et argumenté. Objectivité, bonjour !
Ce qui m’insupporte, c’est la condescendance de bien des pro-allaitement, qui vous disent en gros « ne culpabilise pas, tu as fait comme tu as pu ». Mais pourquoi devrais-je culpabiliser, exactement ? Comme j’ai pu ? Non, comme j’ai voulu.
Je suis un esprit et une femme libre, j’aurais beaucoup à dire sur tous ces bons samaritains qui veulent supprimer le lait maternisé des étals de pharmacie, donner moins de congés aux mamans biberonnantes, qui se répandent en hourras sur le modèle scandinave. Oui, bien des choses.
Mais parce que pour moi, mon choix n’est pas un problème, et parce que je ne juge véritablement pas le choix des autre et surtout n’essaie vraiment en aucun cas de les convaincre que ma façon de penser est meilleure (d’autant plus que je ne le pense pas !), je n’ai pas envie de perdre mon temps avec ça.
Ce qui me pose problème, donc, dans tes interventions sur le sujet c’est que, quoique tu en dises ou penses, elles virent souvent à l’argumentaire bien rôdé disséminé dans le but de convaincre les autres que ton choix est bon, bien, mieux. Comme si tu avais besoin de te l’entendre dire.
Pour être honnête, cela fait un peu « missionnaire qui part pour répandre la sainte parole de par le monde ». C’est ça qui me dérange un peu, et pas du tout tes choix de vie.
Et c’est pour cela, je pense, que plusieurs personnes sont irritées par tes interventions, et pas parce que ce sont des brutes incapables de discuter.
Malgré tout, je pense que certaines réponses qui t’ont été faites étaient inutilement agressives.
Voilà ma position, en tout cas, j’espère que tu y trouveras de réponses intéressantes par rapport à ton questionnement.