86892 a écrit:j'ai tendance a croire que c'est pas totalement faux...il n'y a pas de fumée sans feu...
C'est quand même un dicton assez idiot, ça : à Outreau, il n'y avait pas de fumée sans feu ? Patrick Dils, il n'y avait pas de fumée sans feu ? Tous ceux qui ont passé des années en prison alors qu'ils étaient innocents, de même que tous ceux qui ont vu leurs vies détruites à cause de fausses rumeurs, te remercient de cet adage...
En fait, moi ce qui me tue, c'est qu'à chaque fois on est dans l'émotionnel. "S'il faisait ça à mes enfants, je voudrais le tuer, et bla bla". Ben, oui, c'est humain ; ça s'appelle la sensibilité et quand on touche à quelqu'un qu'on aime, forcément, on a envie de répliquer.
Maintenant, la justice, ce n'est pas le lieu de l'émotion ; d'ailleurs ceux qui rendent la justice sont des personnes neutres, justement pour éviter que les sentiments prennent le pas sur la raison pour la bonne tenue d'un procès équitable. On réfléchit, avec notre cerveau, pour savoir comment indemniser au mieux les victimes et essayer de punir de même que protéger la société d'un individu dangereux.
Je ne suis pas juge mais clairement, la bonne décision est de laisser Dutroux là où il est, car il ne pourra jamais se réinsérer, quand bien même il aurait changé. Maintenant, il y a quand même un énorme problème dans notre système, c'est qu'on ne peut pas connaître de manière fiable et précise la dangerosité d'une personne. Ce qui explique qu'il y a parfois de la récidive, parce que les psychiatres et travailleurs sociaux ne peuvent pas prédire si la personne qui ressort est totalement inoffensive ou non.
Maintenant, faut aussi arrêter de rêver : oui, les médias font leurs choux gras d'un cas de récidive, et encore plus s'il s'agit d'une petite fille violée (ça émeut toujours la ménagère), sauf que les médias n'évoquent jamais les cas de réinsertion réussie et pourtant, ça correspond à la grosse majorité de ceux qui sont passés par la prison. Et je parle même de délinquants ou criminels sexuels : certains finissent leurs jours tranquillement sans plus jamais agresser personne. Mais c'est sûr, ça on ne vous le dira pas...
Et avant qu'on me fasse la leçon à base de "tu n'as pas de coeur", je sais aussi tout à fait ce que c'est que d'être une victime, et je sais aussi qu'on ne s'en sort pas en passant sa vie en collant sur son front l'étiquette "femme violée". Je refuse que mon agresseur conditionne ce que je suis et ce que je serai à l'avenir, et j'essaie de me dire que ce qui ne m'a pas tuée me rend plus forte, même si ce n'est pas toujours facile.
Mais gardons à l'esprit cela : la justice, ce n'est pas la vengeance, ce n'est pas l'émotion. La justice ne peut pas se comporter comme ses délinquants ou ses criminels, elle doit être au-dessus d'eux, et nous devons nous aussi nous élever un peu pour ne pas rejoindre l'animalité de nos agresseurs.