Pour répondre à ton message, j'ai eu l'impression en te lisant que l'intérêt, voire l'attrait que tu pourrais avoir pour le féminisme était contrebalancé par la
peur que tu avais de te laisser gagner par de mauvais sentiments (qui s’appuieraient justement sur cette cause, le féminisme).
Et que le féminisme t'arracherait encore un peu plus à ta culture dont tu sembles t'être extraite.
Ne te demandes-tu pas si le féminisme sera "constructeur" ou destructeur pour toi?
D'accord.
Ça s'en approche, même si les mots me semblent un peu fort pour ce dont il s'agit.
Je sens que ça peut me fragiliser de me pencher sur la façon dont je suis femme dans la culture où je vis, et dont les hommes et les femmes sont traités de façon plus générale.
Je trouve ça déjà tellement difficile d'approcher de ces questions dans l'intime, je ne sais pas si je suis assez solide pour intégrer des idées sur la dimension sociale en étant capable d'un esprit critique, car certains discours tendent à susciter la peur ou la violence plus que la réflexion. J'ai bien dit certains. Et comme je ne m'y suis jamais vraiment penchée, j'ai sûrement été exposée par ceux là d'abord puisque ce sont toujours les extrêmes qui sont les plus exposés et véhiculés j'ai l'impression (quel que soit le sujet dont on parle).
(Bondieuquemesphrasessontlongues!)
Je ne redoute pas de me laisser gagner par de mauvais sentiments, j'en suis
déjà animée. Je pense, par exemple, qu'il y a déjà beaucoup de choses que l'on pourrait qualifier de sexiste dans mes comportements, mes idées, mes ressentis à mon égard et à celui des autres par exemple. J'ai peur que cela soit encore plus criant et que je perde encore un peu des illusions dont j'ai parfois besoin pour fonctionner dans ma culture sans me sentir seule et loin des autres.
Quand je parle de ma culture, je parle peut-être de la vôtre aussi, je n'en sais rien, je ne dis pas ça pour la différencier de d'autres, juste pour parler de façon large de ce à quoi je me sens un minimum appartenir et dont je sens mon identité empreinte. Rien de bien spécial là-dedans.
Bien sûr, en en prenant conscience, je peux aussi tendre à m'en éloigner au moins intellectuellement et surtout ne pas/plus agir en fonction. Seulement ça ne changera rien au fait que c'est là, que ça m'échappe, que je trouve ça effrayant.
Sinon, pour l'instant, je n'appréhende pas forcément le féminisme comme une cause. J'ai l'impression qu'il en est aussi une, évidemment, mais ce qui m'intéresse, c'est d'abord d'écouter les gens qui ont pris le temps de réfléchir et penser autour des rôles des hommes et des femmes dans ma culture et dans d'autres.
(et de pouvoir distinguer un peu les sources mais j'imagine que ça vient avec le temps)
Je ne vois pas comment je peux me positionner (favorable ou non, activement ou non) en faisant l'économie de cette attention avant.
Pour moi le féminisme c'est pas un objet à défendre ou à éviter et encore moins un phénomène extérieur à moi, tout comme ne le sont pas plus le sexisme, la violence, la discrimination, etc. Ce serait plus confortable sûrement...
Pour moi, c'est se pencher un instant, sous un certain angle, sur les enjeux subtils entre un individu et une culture, et à partir de là, à ma mesure et à ma manière, je me sens concernée.
mamykro a écrit:(et ça commence à être HS, donc je le dis tout bas, mais: Papille, est-ce que tu t'es posée la question de savoir pourquoi tu voudrais être jolie? Qu'est-ce que ça t'apporterait? Qu'est-ce que ça changerait pour toi? Est-ce que tu crois que cela ne pourrait être que positif? Bref, on n'est plus trop dans le féminisme, là, faudrait ouvrir un autre sujet ;) )
Je le dis tout bas aussi: oui, je me la suis posée et me la pose encore. :-)
J'ai trouvé ces discussions très intéressantes, même si cela n'ait pas été agréable pour tout le monde.
J'ai appris des choses.
J'espère que cela aurait été utile à Mycea pour les questions qu'elle se posait.
Je vais continuer de penser à tout ce que vous avez exprimé, merci.