Voici ma petite contribution de plusieurs histoires :
En Suisse, j'habitais dans une très vieille maison, avec plancher en bois, poutres en bois, etc.
Le plancher avait la particularité, lorsque ma mère venait me dire bonne nuit par exemple, de se bloquer lors de son passage, et quelques minutes après se débloquer. On entendait alors le trajet parcourut plusieurs minutes après.
Quand j'avais 7-8 ans, un soir, mes parents étaient sortis et mon frère dormait à l'étage au dessus. J'étais dans ma chambre, la porte ouverte, et dans l'entrée, je vois deux silouhettes. J'me dis que c'est mes parents qui rentrent, mais je comprend pas pourquoi ils n'allument pas la lumière. Je les vois se tourner, et je remarques que se sont deux hommes. La 30aine, et ils me regardent. J'me dis : surtout ne bouges pas, ce sont des cambrioleurs, ne bouges surtout pas ! Pourtant, quelque chose me dérange, ces personnes me disent quelque chose. Je les ai déjà vu, mais j'ai l'impression de les avoir vu "plus vieux".
Et puis, ils se dirigent vers moi, trop appeurée, je cours vers ma porte et la claque fort, en la vérouillant à clé. Je m'appuye contre la porte et je reste à sanglotter derrière.
J'entends murmurer, j'entend mon prénom, celui de mes parents, celui de mon frère, de mes oncles, de ma tante, de mes grands-mères. J'suis vraiment paniquée, alors je crie : PRENEZ TOUT CE QUE VOUS VOULEZ MAIS ARRETER DE PARLER !
J'entend murmurer à mon oreille, comme si on se tenait à côté de moi : tu diras à Kikole que j'entend tout ce qu'elle me dit, et que moi aussi je l'aime. Tu étais si belle avec ton pull à ourson bleu.
Et une autre voix me dit : Dis à Michele, que même s'il serait arrivé plus vite, ça n'aurait rien changer.
J'ai sursauté et j'me suis retournée pour voir s'il pouvait être à côté de moi. Mais rien, plus aucun bruit.
A peine deux minutes après j'entend le plancher craqué, j'ai pleuré comme jamais ! Puis quelques minutes après, j'entend la porte s'ouvrir et mes parents discutés. Je cours vers eux en pleurs, impossible de leur raconter ça ! Vont me prendre pour une folle !
Quelques semaines après, je demande à mes parents de leur parler seul à seul, et je leur explique ce que j'ai vu. Mes parents super sceptiques ne me croyent pas. Forcément, une gamine de 8 ans, seule à la maison, n'ayant pas très confiance dans la noir, on peut voir tout et n'importe quoi.
Et là je leur dis : oui mais voilà ce qu'ils m'ont dit. Ma mère blanchit jusqu'à devenir translucide. Elle pleure, fort et très longtemps. Elle me sert dans ses bras. Mon père fait pareil. Ma mère m'explique que son père l'appellait Kikole quand elle était petite. Et qu'il était le seul à l'appeller comme ça. Elle me dit qu'il m'adorait et que j'étais sa joie de vivre, qu'à ma naissance il m'avait offert un pull avec des oursons et il était bleu.
Mon père m'explique ensuite, qu'il s'en est toujours voulu de ne pas avoir été là plutôt lors de la crise cardiaque de mon grand-père paternel. Quelques minutes plus tôt et il aurai pu au moins lui parler une dernière fois.
Mon grand-père maternel est mort quand j'avais un an. Mon grand-père paternel est mort des années avant ma naissance. Je n'ai aucun souvenir d'eux, hormis de les avoir vu ce soir là. Il y a 4 ans, en fouillant dans des albums de photos de famille, je suis tombée sur des photos d'eux jeunes, et c'était trait pour trait ceux que j'avais vu.
Je regrette maintenant d'avoir eu peur. Il m'arrive de temps en temps, de sentir que j'suis pas seule. Et j'me plais à croire qu'ils veillent encore sur moi maintenant.
J'voulais aussi vous faire part d'une autre histoire, celle d'une ancienne collègue.
Elle toujours aussi ponctuel qu'une montre suisse arrive un jour en retard au travail. Rouge d'avoir courru, elle m'explique qu'elle ne comprend pas ce qu'il s'est passé. Qu'elle s'est levé à l'heure, et qu'au moment de prendre son café, elle s'est fait littéralement dessus. On en rit, et je lui lance une boutade sur son vieil âge (40 ans !).
Elle me dit : je me souviens encore l'heure, c'étais 7h20. Parce que quand je me suis faite dessus, j'ai crié après Vincent, j'ai eu peur, cela ne m'était jamais arrivé ! Et il m'a répondu : t'as pas autre chose à faire que de crier à tue-tête à 7h20 du matin !
La journée passe. Et le téléphone sonne, elle doit partir en 4ème vitesse à la gendarmerie. Je sais (pour avoir répondu au téléphone) que son ex-mari est décédé. Mais rien de plus.
Elle revient en fin de journée, blanche comme un linge. J'essaye de la consoler comme je peux, et elle me dit encore sous le choc :
Il a été tué, mais tu sais à quelle heure ? A 7h20, en tombant sous le choc, il a débranché son ordinateur portable et l'heure indiquée de la fermeture d'urgence c'était 7h20.
Je crois qu'elle était plus choquée de la relation entre le fait qu'elle se soit fait dessus, à l'heure précise ou sont ex-mari se faisait tirer dessus.
Et détail un peu crade. Il avait tellement peur devant son assassin, qu'il s'est fait dessus avant de mourrir.