Coffexe a écrit:Un article sur ce sujet ds
Le Monde aujourd'hui.
Pour celles et ceux que ca interesse...
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ici<--
Voici l'article:
Le manque de sommeil augmente le risque d'obésité
LE MONDE | 08.12.04 | 13h52
Ce phénomène expliquerait l'épidémie de surpoids dans les pays industrialisés.
Selon une étude menée conjointement par des chercheurs de nationalités française, belge, turque et bulgare, le manque de sommeil provoque, entre autres conséquences physiologiques, une stimulation de l'appétit. D'autre part, si la réduction du temps de sommeil s'installe sur un mode chronique, elle augmente notablement le risque de survenue d'une surcharge pondérale, voire d'une obésité. Cette étude, publiée dans le dernier numéro, daté du 7 décembre, des Annals of Internal Medicine, a été dirigée par les docteurs Karine Spiegel (Centre d'étude des rythmes biologiques, Université libre de Bruxelles) et Eve Van Cauter (département de médecine, université de Chicago).
L'équipe du docteur Van Cauter avait déjà établi un lien entre la baisse de la qualité du sommeil au fil de l'âge et l'augmentation de la quantité de graisse dans l'organisme. Dans un travail publié dans le Journal of the American Medical Association daté du 16 août 2003, elle expliquait notamment ce phénomène par une baisse de la production de l'hormone de croissance par l'organisme, phénomène ayant pour conséquence d'augmenter le volume des tissus graisseux.
L'étude avait alors porté sur 149 hommes, âgés de 16 à 83 ans. Elle démontrait que, passé 45 ans, les hommes ne peuvent pratiquement plus bénéficier des phases de sommeil dit "profond", phases durant lesquelles une région spécifique du cerveau synthétise l'hormone de croissance. "Nous savons actuellement que, si nous augmentons la quantité de sommeil profond, nous pouvons augmenter la quantité d'hormones de croissance", expliquait le docteur Van Cauter lors de la publication de ce travail.
Une étude, plus récente, de l'université Columbia (New York) avait déjà suggéré que le manque de sommeil pouvait être associé à l'obésité. Les chercheurs parvenaient à la conclusion que les personnes qui dorment moins de 4 heures par nuit ont un risque d'obésité augmenté de 73 % par rapport à celles qui dorment quotidiennement entre 7 et 9 heures. Cette proportion n'est plus que de 50 % pour les personnes qui dorment 5 heures, et de 23 % pour celles qui dorment 6 heures par nuit. De tels constats pouvaient apparaître quelque peu paradoxaux, si l'on considère que le sommeil correspond à une période de moindre dépense calorique.
Les conclusions de l'étude qui vient d'être publiée fournissent de nouveaux et séduisants éléments de compréhension. Les chercheurs ont observé 12 hommes volontaires, non fumeurs et en parfaite santé, tous âgés d'une vingtaine d'années. Ce travail démontre en effet, pour la première fois, qu'une réduction de la durée de sommeil provoque, chez des hommes en bonne santé, une élévation des concentrations sanguines d'une hormone stimulant l'appétit (la ghreline). Dans le même temps, cette réduction de sommeil est associée à une diminution des concentrations de la leptine, hormone qui, physiologiquement, induit une sensation de satiété et donc une réduction des apports alimentaires.
Ces perturbations hormonales sont observées après deux nuits consécutives d'un sommeil d'une durée inférieure à 4 heures. A ce stade, l'augmentation du taux de concentration de ghreline est déjà de 28 % et celle de leptine de 18 %. "La privation partielle de sommeil s'accompagne effectivement d'une augmentation de la faim et de l'appétit, et l'importance de cette augmentation est proportionnelle à l'importance des modifications hormonales", concluent les auteurs de ce travail. Ils précisent aussi que les différences dans les comportements alimentaires sont importantes entre les volontaires ayant passé deux nuits avec moins de 4 heures de sommeil et ceux qui ont bénéficié de deux nuits avec 10 heures de sommeil chacune.
A partir de ces résultats expérimentaux, les auteurs ne craignent pas d'extrapoler. "La réduction du temps de sommeil, qui caractérise l'évolution des sociétés industrialisées depuis un demi-siècle, pourrait jouer un rôle déclenchant - ou à tout le moins favorisant - de l'épidémie d'obésité qui sévit aux Etats-Unis et qui progresse dans de nombreux autres pays, dont la France", soulignent-ils.
Aux Etats-Unis, la durée moyenne du sommeil quotidien a été réduite de près de 2 heures, passant de 8 heures et demie dans les années 1960 à un peu moins de 7 heures aujourd'hui. Durant la même période, la proportion des jeunes adultes dormant moins de 7 heures par jour est passée de 15,6 % à 37,1 %. A l'inverse, la proportion des personnes dormant 8 heures ou plus est tombée de 40,8 % à 23,5 %. En 1960, aux Etats-Unis, on comptait un obèse pour neuf adultes. Aujourd'hui cette proportion est d'un sur trois.
Pour le docteur Spiegel, il convient, d'ores et déjà, de tirer les conséquences de ces observations. "Jusqu'à présent, la prise en charge médicale de l'obésité et du surpoids se fondait sur une restriction des apports caloriques et une augmentation des dépenses via l'exercice physique. Il faut désormais y ajouter des conseils comportementaux concernant le sommeil", souligne-t-elle.
Pour Karine Spiegel, les résultats de ces études plaident en faveur d'un retour à des durées de sommeil supérieures à celles observées dans les pays industrialisés. "C'est d'autant plus vrai, explique-t-elle que l'augmentation du temps de veille concerne des personnes sédentaires qui réduisent leur durée de sommeil pour, le plus souvent, regarder la télévision."
Jean-Yves Nau
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Maigrir en dormant plus longtemps ?
Le hasard veut que les résultats de l'équipe dirigée par le docteur Karine Spiegel (Université libre de Bruxelles) soient confirmés par la publication, sur la revue en ligne PloS Medicine, du travail d'un groupe américain dirigé par Emmanuel Mignot (Institut médical Howard Hughes, université Stanford, Palo Alto, Californie). Ce travail a été mené sur 1 024 volontaires souffrant de différentes formes de troubles du sommeil.
Les auteurs de cette publication observent que les personnes dormant moins de 8 heures par nuit sont, plus que les autres, exposées à un risque de surcharge pondérale et d'obésité. Ces observations sont, là aussi, confortées par des analyses biologiques concernant les concentrations sanguines de leptine et de ghreline. Selon ces chercheurs, des travaux doivent être menés au plus vite pour déterminer si le fait de dormir au moins 8 heures par nuit peut aider les personnes obèses à perdre du poids.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.12.04