Salut,
J'ai été victime d'abus sexuel de 4 ans à 12 ans. De mon beau père. Et son fils a fait pareil un peu plus tard.
Je n'ai jamais rien dit. Jusqu'à l'âge de 18 ans. Quand ça a commencé à aller très mal pour moi. Dépression, tentatitve de suicide, anorexie, boulimie, auto mutilation.
J'ai porté plainte, c'est d'ailleurs comme ça que ma famille l'a appris. Il y a eu une enquête. J'ai du tout dire. Tous les détails. J'ai eu une confrontation avec lui. Il a toujours nié. Il a été jusqu'à dire pendant la confrontation que s'il avait fait ça... ça serait un monstre.
Un non lieu a été rendu mais il écrit dans ce document... malgré les plus forts doutes.
Ma reconstruction a été très longue, d'ailleurs elle continue car j'ai recommencé une thérapie. J'ai perdu tous mes souvenirs de 4 à 13 ans. Il ne me reste que les abus. Donc aujourd'hui, j'ai besoin d'en finir. De recoller tous les morceaux. C'est extrêment dur. Chaque après séance est terrible. Mais depuis, j'ai commencé à perdre du poids, alors qu'après multitudes de régimes et même la pose d'un anneau, qu'on a du retirer un an après, je n'ai jamais rèussi à perdre beaucoup.
Mes nuits restent difficile. Je me réveille très souvent assise sans aucun souvenir de mes cauchemars. Mais je ne prends plus aucun médicaments.
Ma vie sexuelle a été très ... perturbée. J'ai tout fait. Plusieurs relations d'un soir. L'échangisme. Fréquenté des lieux vraiment pas fréquentable. Deux mariages mais je n'étais pas satsifaite. Je me suis souvent considérée bisexuelle. Mais ça ne collait pas. Pendant ces 2 mariages, je rêvais de femme. Suite à mon 2 eme divorce, j'ai pris le temps pour moi. De vivre, de m'écouter. J'ai apprécié la solitude, celle que je fuyais par tous les moyens avant.
J'ai rencontré mon amie ( aussi une ancienne victime ), on est ensemble depuis plus d'une année. L'amour avec un grand A. C'est la première fois que je suis aussi bien depuis....
J'ai participé à une émissino télé pour témoigner. Ecrit dans les journaux. Pousse mon coup de gueule régulièrement.
Parler, ne pas se taire, ne pas avoir honte, ne pas culpabiliser.
Le problème c'est que maintenant nous voyions le problème avec nos yeux d'adulte. Ce qui fait que beaucoup de victimes culpabilisent en disant qu'elles se sentent coupable. Parce qu'elles ont accepté sans dire non. Sans jamais rien dire. Remontez le temps. Regardez avec les yeux de la petite fille ou petit garçon que vous avez été. Que pouviez-vous faire à 4, 5, 6 ans ou plus ? On ne dit pas non à l'adulte en face de nous.
De plus, ce sont des pervers qui savent exactement ce qu'ils font. Ils sont manipulateurs. Arrivent à nous faire croire que c'est "normal".
Mon ex beau père est mort l'année passée. J'ai été le voir dans son cercueil. Pour être sure que...
Je vous mets un texte que j'ai écrit. Si vous avez des questions ou juste envie de dire, n'hésitez pas. Parler c'est le début de VOTRE vie.
Désolée d'avoir été longue...
On s’en sort promis !
J’ai fait une grave dépression. De 1991 à 1999.
J’ai pris conscience, il n’y a pas longtemps que j’étais morte pendant cette dépression, que j’étais le vide. Le néant était en moi. Il restait l’enveloppe, mon corps. Ce corps dont je ne voulais plus. Ce corps qui me faisait mal. Je n’étais plus rien. Je ne me voulais plus. Enfermée dans mon corps. J’ai connu l’enfer du silence, l’enfer de n’être plus rien.
Je suis resté couchée des mois. Les infirmiers venaient me chercher pour me mettre à table. Me ramener dans ma chambre. Ils m’accompagnaient au wc, restaient derrière la porte. Je ne pouvais pas m’enfermer dans la douche, fallait que je sois atteignable en cas de pépins. Quand j’étais pas dans mon lit, j’étais dans un coin recroquevillé. On me mettait dehors avec les autres, fallait m’aérer. Ils m’avaient mis sous perfusion pour que je dorme. Même dormir, je ne pouvais plus. On m’amenait deux fois par semaines dans un bureau. J’étais assise sur une chaise en face de moi, une psy. Trois ans de silence. Mais quand même deux fois par semaine. Le silence parlait, le silence disait mon ras le bol. Elle avait entendu. Tous les soirs, le veilleur devait passer me dire bonne nuit. Un ordre des médecins. Ils l’ont tous fait. Tous fait différemment mais ils l’ont fait. Je n’étais qu’un corps. Un vulgaire corps. Une poussière sur la planète. Un déchet de plus.
Eh puis un jour, enfin un soir après un tentative de suicide, je me suis retrouvée aux soins intensifs. J’ai vu la mort. Ainsi que la mort de cet adolescent. Mort trop jeune. Il est parti mais il m’a laissé la vie. C’est à ce moment là, que j’ai pris conscience que je vivais.
Gentiment, j’ai repris possession de mon vide. J’ai commencé à ressentir. A parler un peu.
Mon corps se remplissait de moi. J’ai tout réappris. A m’aimer, à aimer les autres. Apprendre à partager avec l’autre. Ne plus voir tous les autres comme des monstres.
Aujourd’hui, je vais super bien. J’ai encore des moments pénibles mais ils sont rares. Et quand je ne vais pas bien, je le dis et je pleure. Je lâche prise.
Et pour être honnête, je suis fière de moi, de ce que j’ai accompli. Mon passé sera toujours là. Mais aujourd’hui, c’est une chance que j’ai. Car il me sert tous les jours. Je vis mieux que la plupart des gens qui passent à côté de leur vie. Il m’aide à comprendre mieux. Etre plus compréhensive. Je prends le temps. Le temps de m’épanouir devant une belle fleur, des choses simples de la vie.
Maintenant, vous êtes mal, vous êtes au fond du trou, vous ne voyez plus rien. Tout vous fait peur. Je vous comprends. Je veux juste vous dire que c’est possible mais que c’est dur. Oui, c’est dur mais vous allez réussir. La vie est ce qu’elle est. Il n’y a pas longtemps que je pense tout ça mais je tiens à partager avec vous que l’on y arrive. Vous n’êtes pas rien, vous êtes en peine. Vous avez le droit. Croyez en vous, en vos capacités. Nous avons tous un chemin. Ce chemin c’est le nôtre, et nous avançons chacun à notre rythme. Nous reculons jamais, nous tombons mais on se relève et on repart. Vous avez un doute sur votre avance ? alors, prenez le temps de vous retourner et de voir toute l’avance faite. Maintenant que vous avez vu, continuez et soyez fier de vous.
Nathalie
Jamais se taire