J'ai pas de gêne à en parler en public, mais disons que je me vois mal raconter mon enfance dans le détail sans guideline pour expliquer comment je voyais ma mère.
Je me souviens que quand ma mère "n'allait pas très bien", mon père et elle avaient tendance à s'engueuler et que c'était assez violent. Je pense que mon père ne savait pas réagir face à sa détresse. En général elle se débrouillait pour s'enfermer quand ça n'allait pas. Je sentais bien que ça n'allait pas, mais je n'avais pas trop le droit de poser des questions. Je n'ai pas l'impression que ça ait été si fréquent que ça. Soit elle le cachait bien, soit je ne le voyais pas toujours, que sais-je...
Pour l'hypomanie, je crois que j'aimais bien, parce que j'avais l'impression qu'elle s'occupait plus de moi dans ces cas là. Elle entrait plus dans mon jeu. Comme mes parents étaient peu présents dans ma vie en général, ce sônt des souvenirs positifs. A l'époque, je ne savais pas que c'était une maladie. Je ne savais pas que c'était lié. C'est une conversation bien plus tardive avec mon père (plus une phrase d'un ami de mes parents à son enterrement qui avait dit "malgré sa maladie") que j'ai fait le lien. Bien sûr, je pense que j'aurais pû bien plus mal le vivre si je l'avais plus vue, ou si elle avait vécu plus tard dans ma vie. Peut-être aurais-je été embarassée par son comportement, une fois adolescente, par exemple.
Je sais que j'ai de grandes chances que ma cyclothymie évolue en trouble bipolaire, surtout dans les années à venir, surtout en changeant d'environnement (je finis mes études à la fin de l'année). J'avoue que ça m'angoisse un peu. Jusque là en fait, j'arrivais bien à vivre avec ma cyclothymie. En plus, comme c'est souvent en fonction de l'environnement, on est rarement dans un épisode dépressif en public. Au contraire, c'est des phases plutôt euphorique. Mais comme c'est moins visible qu'un trouble bipolaire, les gens le trouvent plus sympathique. J'aime bien. Je me sens très appréciée. Bon, à la limite j'ai une remarque de temps en temps comme quoi je suis hyperactive, mais plutôt avec un sourire qu'avec agacement.
En fait je dois t'avouer que même si j'en souffre un peu (les épisodes dépressifs, c'est dur à supporter, même si c'est assez peu intense par rapport à une vraie dépression. Je n'ai pas d'idées suicidaires par exemple. Surtout une sensation de grand vide et des grosses crises de larmes. Ca m'est arrivé trois fois seulement "en public". En général, c'est plutôt seule avec mon copain ou une amie proche), j'ai du mal à y voir une maladie. C'est encore assez proche d'un trait de caractère quelque part.
Je sais que si ça évoluait, j'en souffrirais probablement beaucoup plus. Je me pose la question de ce que je ferais si c'était le cas. Ma mère ne prenait que ses anxyolytiques de ce que je sais. Je sais par mon père qu'elle avait très mal supporté les antidépresseurs et qu'elle refusait d'en prendre. A quel point ça inhibait ses comportements, je ne sais pas... Je me demande si je serais prête à perdre mes phases euphoriques par exemple. Ca fait tellement partie de moi...
Je pense d'ailleurs que ça doit être la raison principale pour laquelle les gens ne prennent pas leurs médicaments. Quand on a l'impression qu'on essaye de supprimer son caractère, c'est difficile d'accepter un traitement. J'ai tout ça en tête en ce moment. Je me demande si je verrai que ça a évolué, si mon homme saurait assumer si cela évoluait, en quoi ça changerait ma vie. Quelque part, les témoignages que suscite ton post m'interessent également à cause de cela.
Voilà pour mon post fleuve. Si tu as éventuellement des questions tu es la bienvenue. Mais je pense que tu as plus d'expérience que ce que je ne peux t'apporter.
Pour ma part j'ai une question : Ton psy refuse de te mettre en relation avec d'autres personnes bipolaires pour quoi? Parce que ce sont ses patients (ce qui est normal : les patients ne doivent pas se connaitre) ou parce qu'il estime que tu risques d'en souffrir ou que ton état peut empirer?