"Je suis même de plus en plus convaincue qu'on ne peut pas avoir le même plaisir de manger quand on mange trop." (Angia)
Voilà la phrase qui m'interpelle et devrait donner à penser à toutes celles qui s'imaginent qu'avec la RA elles n'auront plus leur dose de plaisir.
C'est rigoureusement le contraire ! Mon expérience depuis deux ans de RA me démontre que plus les prises alimentaires sont liées à la faim et plus la jouissance procurée par le fait de manger est grande, voire immense.
Mais je conçois que cela ne viendra pas d'un coup pour des personnes atteintes de TCA. Pour ma part je n'en ai jamais eu, j'ai simplement bousillé mon métabolisme en me maintenant artificiellement -c'est à dire par un régime plus ou moins continu pendant 25 ans- 10 à 12 kg en dessous de mon set-point. Il aura fallu l'arrêt de la clope (utilisée comme coupe-faim pendant 20 ans) conjugué à la découverte de ce site pour que je réalise que si je ne cessais pas les régimes j'allais droit vers l'obésité. Très curieusement, après 2 années de flottement puis d'ajustement des principes de la RA, j'ai enfin réussi à stabiliser mon poids mais surtout à voir mon corps de façon objective et à l'apprécier. Tandis que je le haïssais avec 12 kg en moins et étais incapable de réaliser que j'étais tout simplement mince. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut voir...
Aujourd'hui non seulement je me plais, ce qui aurait été inconcevable quand je vivais "en régime" permanent mais je mange ce qui me fait envie en prenant un pied énorme à chaque repas. Je ne suis pas allée consulter Apfel ou Zermatti, juste une endocrino du GROS, mais surtout j'ai lu, cherché à comprendre leurs principes et j'ai essayé de les mettre en pratique. Ça prend du temps même sans être hyperphage ni savoir ce qu'est une crise de boulimie. La perte est modérée et non, on ne mange pas tout ce qu'on veut, on mange juste ce dont notre corps a besoin et on le fait avec le plus de plaisir possible. Parce que "Je veux manger" ne veut pas toujours dire "J'ai faim".
Le plus important me semble être de faire la différence entre "J'ai faim" et "J'ai envie de manger". J'avais pris 10kg en arrêtant de fumer, je me suis stabilisée 6 kg en dessous avec la sensation d'être délivrée des problèmes de poids et de l'obsession de la peur de grossir. Cela demande un travail plus ou moins constant sur soi-même, travail d'analyse des sensations et des sentiments, mais c'est un fonctionnement qui s'automatise peu à peu. Pour la première fois de ma vie adulte je peux avoir des provisions d'aliments "interdits" par les régimes car je ne fais plus la moindre fixette dessus.
Dernière petite précision : pour des personnes ayant fait des régimes pendant très longtemps, le métabolisme est tellement abaissé que les quantités de nourriture dont le corps a besoin sont assez réduites. Mais cela aussi la RA permet d'en prendre conscience : si tu n'as besoin que de 1300 kcal/jour, tu seras rassasiée quand tu les auras ingérées sans même avoir à compter les calories. Les quantités varient selon chaque personne et varient d'un jour à l'autre en fonction de l'activité. Cela démontre encore plus l'idiotie de la restriction "cognitive" : un médecin qui considère qu'une femme adulte a besoin de 2000 kcal/jour et prescrirait un "régime" à 1500 kcal ne pourrait pas faire perdre de poids à une personne dont le métabolisme de base est en dessous de 1500 kcal/jour. Ensuite les besoins s'équilibrent plutôt sur la semaine, une ration journalière laisse supposer qu'on vit exactement la même chose chaque jour, ce qui est très très con. La RA vise donc à procurer à l'organisme ce dont il a besoin -rien de plus, rien de moins-au jour le jour en utilisant le SEUL mécanisme de régulation dont il dispose, à savoir les sensations de faim et de satiété.
Voilà pour ma petite contribution perso sur le sujet.