J'ai très peu de temps en ce moment mais j'ai bien envie de répondre à ça tout en évitant un concours de misérabilisme.
Je crois que les femmes ont encore des avancées à faire pour elles dans la société française car effectivement elles sont encore "coupées" de certaines choses. Que cela soit en matière de politique, de vie de famille ou d'écarts de salaires et Allégorie a raison (et ce n'est pas tout bien sûr). Avoir des enfants ne doit pas être un frein à la vie professionnelle si on le désir et des choses doivent évoluer. Les avancées tardent et sont lentes malheureusement... À quand une femme présidente de la république? (j'y crois perso pour les prochaines élections)
Si elles ont besoin d'avancer dans la société et je le pense profondément, il est aussi de mon avis que tout n'est pas si rose pour les hommes et les idées de dualisme entre les causes des genres me choquent. On a pu voir que quand j'ai voulu défendre la cause des hommes il a été admis que je devrais être contre celle des femmes. Peut-on penser que cette attitude serait révélatrice d'une autre? J'admets parfaitement que la société peut être emprunte d'un certain "machisme" et que les hommes doivent changer. Mais si cela est vrai, je crois aussi qu'il faut savoir relativiser, que le terme de machisme est galvaudé et que les caricatures sont nombreuses.
Wiltendercat a de mon point de vue raison quand il parle de l'échec scolaire et du milieu carcéral. Néanmoins, je ne le dirais pas de la même manière que lui et avec plus d'explications pour éviter les réponses faciles. Ce qui me choque est que cela n'intéresse pas outre mesure les femmes visiblement, leurs mères, qui restent en grande majorité les personnes qui élèvent les garçons comme les filles, surtout dans les familles séparées. Cela me laisse perplexe... Il est néanmoins vrai que les pères devraient davantage participer à l'éducation. Là aussi des choses évoluent à leur rythme...
Plutôt que de développer sur des idées je vais vous décrire ma vie ou du moins la façon dont je l'ai vécue à travers les yeux du genre que l'on m'a imposé.
Je suis né dans les années 80. Ma naissance n'a pas été mieux accueillie que celle d'une fille et ma mère a refusé à notre père de voir ses enfants pour de pures raisons relationnelles entre elle et lui (je l'ai su adulte). On ne peut pas vraiment dire que mon père ait été dominant sur ce point. D'ailleurs, ma mère n'arrivant pas à assumer seule ses enfants j'ai grandi en famille d'accueil. L'endroit où j'ai ouvert les yeux était assez "traditionnel" voir "vieillot". La femme de la famille d'accueil gérait la maison et l'éducation de ses enfants. Son mari partait au travail, revenait usé et toujours dans un certain mutisme faisait les comptes de la famille le week-end sous le regard de sa femme. La personne qui gérait la maison au quotidien était une femme et il ne m'est même pas venu à l'esprit pendant des années que les choses pouvaient être différentes.
Ainsi, la personne à qui je demandais si je pouvais "sortir jouer", "quitter la table" où que sais-je du quotidien était une femme et c'est aussi elle qui me donnait des obligations. Plus tard, en revenant les voir, je me suis rendu compte que la personne que je ne connaissais pas était l'homme de la famille. Quel manque...
À l'école, mes institutrices (d'ailleurs j’emploie naturellement un terme féminin) étaient des femmes et il en fut de même pour l’immense majorité de mon enseignement scolaire. Quand il y avait quelque chose à reprocher à un genre, c'était toujours celui des hommes je trouve, du moins c'est ainsi que je l'ai vécu. Sur les sujets des "guerres", des "droits masculins du passé" et j'en passe... J'ai perçu les réflexions positives comme étant pour les filles :"vous pouvez parfaitement faire cela de votre vie..." ou "une fille peut aussi..." et tant mieux pour elles! Mais quand on ne s'adresse qu'aux garçons sur leur avenir, le ton change, ils "doivent", ce qui bien plus réducteur. Cette notion de devoir ne sort pas de n'importe où d'ailleurs, elle est intimement liée au genre des hommes. J'ai compris bêtement que je devais assumer l'histoire en tant que garçon, quel lourd fardeau! Une vision surtout bien réductrice et parfaitement fausse. Au point où j'ai été poussé à aller passer mon bac à 30 ans après des études ratées en vue de faire une fac d'histoire pour enfin me faire une idée de tout cela. Je me suis finalement orienté ensuite vers la psychologie.
je sais que des personnes ne verront pas du tout leur scolarité ainsi, mais les époques peuvent changer et c'est simplement ainsi que je l'ai vécu. Ce n'est pas nécessairement facile d'être une filles, il y a du sexisme jusque dans la langue que l'on nous apprends. Mais je n'arriverais pas à dire que c'est mieux pour un garçon. Je ne suis pas en train d'argumenter, je vous dit ce qu'il se passait en moi et je vous remercie de le respecter. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas me proposer un autre vécu et je sais qu'il y en a. Mais venir me reprocher ce que je vivais dans ma chair me semblerait bien cruel.
Comme tout enfant placé j'avais une assistante sociale référée qui était une femme ainsi que la juge pour enfant que j'ai vue 2 fois dans ma vie. On peut y ajouté le passage chez la psychologue qui aussi était une femme.
Peut avant mon adolescence j'ai connu ma mère. Le choque de ma vie! Pas une seule demie-journée sans proférer des paroles négatives sur les hommes en pensant qu'elles ne faisait pas du mal à son fils. En fait, son enfant était selon ses paroles un accusé pour avoir été simplement élevé comme un homme. Il aurait été bien qu'elle le fasse elle-même ai-je pensé, mais c'est une autre histoire... Ce fut une véritable descente en enfer dans laquelle les relations avec la famille d'accueil étaient devenues un cauchemar (car je vivais tantôt chez ma mère et tantôt chez eux). Je trouvais ma vie bien triste... Étais-je la personne qu'elle décrivait? Un futur bourreau envers 50% de la population que sont les femmes? Comment vivre avec cela? Je vous invite à y réfléchir mais si un genre est responsable de tout ce que l'autre a vécu à côté de moi même Hitler était un enfant de cœur (je n'ai rien contre les enfants de cœur rassurez-vous)! J'aurais bien aimé avoir eu mes prétendus droits de garçons pour éviter d'autres choses aussi à cette époque, mais je ne rentrerai pas dans les détails...
J'ai ensuite continué ma vie en foyer où je dois admettre qu'enfin les choses étaient différentes! Face à des jeunes en difficulté les éducateurs et éducatrices savent avoir des réflexions positives et proposer des perspectives. Ce fut d'ailleurs la seule fois de toute ma jeunesses où j'ai été guidé par des hommes et des femmes. Cela a duré un an et demie mais n'a manifestement pas été suffisant...
Imbécile que je suis, je suis retourné chez ma mère en me disant que la personne qui avait instillé un tel mal en moi était peut-être la seule capable de l'enlever. Quelle naïveté...
Puis j'ai tout quitté... Et j'ai galéré...
Les enfants que j'aurais pu éventuellement avoir on tous été avortés et je n'ai pas pris part aux décisions. Ce n'est pas mon corps qui est en question sur ce sujet et je n'ai aucune difficulté là dessus, c'est bien normal! Mais pour la domination masculine il faudra repasser...
Aujourd'hui:
Quand je vais en Amphi faire des cours de psycho deux week-ends par mois, l'immense majorité des étudiantes sont des femmes (je dis d'ailleurs les "étudiantes") ainsi que l'équipe enseignante. Les ouvrages modernes liés à la matière sont plus souvent écrits par des femmes. Bien sûr il n'en va pas de même si je lis des choses qui ont plus de 100 ans. Mais bien que ses lectures soient intéressantes, Freud est un peu dépassé...
Ma vie amoureuse ou sexuelle est à des années lumières de tout ce que l'on peut reprocher aux hommes. J'apprends à chaque fois ce que je devrais être. Quelle horreur!
Où je travaille, la directrice est comme l'indique l'intitulé de son poste une femme ainsi que la comptable qui collabore avec elle main dans la main. L'équipe de travail est en immense majorité féminine aussi.
Mes attributions sont en général exercées par des femmes dans la société (Je fuis les emplois exercés en majorité par des hommes pour de nombreuses raisons, ils sont tellement bien...). Ainsi, des fois, sans faire attention, pour parler de moi, les personnes disent "la (avec le nom du poste)" ou "la femme de la..." et me regardent ensuite comme si elles avaient commis une erreur sous un biais péjoratif. J'abonde en général dans leur sens, pour être franc, ça me fait du bien! Je leur dit que c'est pareil et qu'elles peuvent continuer en ce sens car être un homme ou une femme n'est qu'une attribution de normes sociales. Je ne veux quand même pas être transgressif.
Enfin, à force d'apprendre qui j'aurais dû être en tant qu'homme et à la vue de ce que cela m'apporte dans la vie j'ai simplement décidé d'être moi et d'éviter un genre tellement magnifique que je le trouve purement insupportable à vivre!
Je suis conscient que nous avons tous des vies différentes dans des environnements très différents et je ne suis pas là pour reprocher des choses à un genre ou à un autre. Mais quand on vient me parler de domination masculine ou de société machiste, au regard de ma vie je suis complètement consterné.
Même si tout cela ne me gêne pas : J'ai été élevé par des femmes, éduqué par des femmes, les seules maltraitances que j'ai connues ont été pratiquées par des femmes, les personnes ayant des droits sur mon placement dans mon enfance étaient des femmes et la personne m'ayant empêché de voir mon père était une femme. La possibilité pour mes enfants de simplement pouvoir naître revient aux femmes concernées, mes enseignantes à la fac sont des femmes et j'ai uniquement des supérieures hiérarchiques féminines au travail! je dois en revanche assumer d'être un machiste aux yeux de la société pour une vie que je n'ai simplement jamais connu. Je dois même maintenant assumer d'être un "porc" (et oui rien que ça!) pour une sexualité que je n'ai pas et des choses que je n'ai jamais dites ou jamais faites ainsi que jamais pensées. S'il avait fallu que je montre autant de respect aux hommes que j'en ai eu pour les femmes dans ma vie ils auraient eu l'impression que je leur lèche le ...!
Excusez-moi. Mais comprenez que certains hommes ne vont pas arriver à comprendre la façon dont sont proposées certaines revendications féminines. Car de leur vécu, non seulement ils ne vivent rien de ce qui leur est manifestement reproché mais en plus on leur colle une étiquette parfaitement injustifiée à assumer. Se sont sûrement eux qui vous diront que des choses sont à faire évoluer pour les hommes contrairement à la pensée dominante mais sur des sujets différents de ceux que les femmes mettent avant pour elles. Mais ils risquent de passer pour des machos, voir des masculiniste et pire des misogynes!
J'ai appris à apprécier ma vie et très sincèrement je ne m'en plains pas. Mais ma vie d'homme manifestement tant enviée, cela fait longtemps que je l'ai jeté à la poubelle! Alors on pourrait me dire dans ce cas, "pourquoi défendre les hommes"? Je le fais car je dois assumer ce que l'on fait assumer aux hommes envers la société mais aussi car je pense simplement aux nombreux autres hommes qui sont loin des images qu'on en fait.
Savez-vous ce que j'aurais aimé? J'aurais aimé être le macho de base qui peut dire aujourd'hui "oui, c'est vrai on peut se remettre en question par rapport aux femmes" et même faire mes excuses après "#metoo". Je ne me serais pas posé plus de questions que ça... Je me sentirais bien finalement. Comme un petit chien qui fait ce qu'on attend de lui et qui en plus à le droit à la parole en passant pour un "nouveau mec bien!". En ne remettant surtout pas en question la manière dont on me condamne de me comporter et depuis toujours, acceptant toute caricature de moi-même. En croyant que changer les hommes c'est simplement arrêter de faire des choses néfastes envers les femmes. Sauf que ma vie ce n'est pas ça! Là vérité est que pour les hommes rien a bougé et tout reste à faire...
Avant de vous quitter, j'aimerais faire remarquer que par cette contribution je ne suis pas en train d'inviter à un concours d'enfances malheureuses et que le but n'est pas de sortir les mouchoirs. Si on cherche pire il y a assez de misère humaine pour y parvenir sans problème. J'ai simplement voulu décrire en quoi ma vie ne correspond pas au clichés qu'on peut s'en faire. De plus le sujet concerne les hommes, du coup je ne me prive pas et j'invite tous les hommes qui pensent qu'ils n'ont rien à dire à se faire entendre.
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