Ce post m'inspire deux pistes de réflexion pour alimenter le débat :
- Le texte que Lenore a reproduit (très intéressant d'ailleurs) est de la plume d'un psychanalyste. Or, il est courant que la psychanalyse, celle de Freud en tout cas (je ne connais pas les évolutions ultérieures), considère en général que, loin d'être innocent, l'enfant est livré à son "ça", et donc à des obsessions sexuelles, avant que la société ne vienne y mettre bon ordre en organisant son "surmoi". La thèse inverse donc, les enfants seraient obsédés par le sexe. C'est un point qui a suscité beaucoup de controverses, et la psychanalyse a souvent été attaquée sur le sujet.
Moi je n'en sais rien, je note juste que l'approche psychanalytique de l'enfant comme curieux du sexe revient en force, après avoir décriée, et s'inscrit peut-être un peu trop caricaturalement en opposition au cliché "enfant innocent et pur". La vérité est peut-être entre les deux ? Bref.
- Second point, qui rejoint des choses qui ont déjà été un peu abordées, et pour répondre plus spécifiquement à ta question Darlee (pourquoi ce culte de l'enfant pur, en gros) :
D'après ce que j'ai pu lire, la place essentielle que l'on accorde à l'enfant aujourd'hui vient d'une profonde mutation de la cellule familiale, qui remonte non à 3 ou 4 générations, mais bien plus loin. Quand on étudie l'histoire des idées contemporaines, on remarque que l'époque romantique marque un véritable bouleversement des mentalités. Grosso modo, fin XVIIIe siècle, après le siècle des Lumières et son culte de la raison, l'individu commence à vouloir exprimer SON ressenti, à vivre SA vie, pour compter dans le monde. Avant la révolution, seule la vie des privilégiés (et de facto la vie des enfants de privilégiés) comptait. Paysan tu naissais, paysan tu restais, paysans seront tes enfants. Dans cet ordre immuable des choses, l'avenir de ton marmot, à toi petit rien dans l'histoire du monde, bof.
Avec la Révolution naît le peuple, et la conscience du peuple. Napoléon est quand même l'exemple que l'ambition et la valeur personnelle peuvent faire d'un soldat un empereur. La génération romantique veut s'exprimer, remettre le "moi" au centre du monde.
Je ne vais pas détailler ici, mais toute l'histoire des XIXe et XXe siècle tend vers l'émergence, puis vers le triomphe, de l'individu. Chacun veut trouver un sens à sa vie, cherche l'épanouissement personnel, et de fait rêve d'un avenir meilleur pour son enfant, voit en lui un condensé de potentialités à réaliser. Sacrée pression de nos sociétés post-romantiques.
Bon, je ne vous expose pas les corollaires de l'émergence de l'individu, qui sont assez logiques : si ta vie compte, celle de ton enfant aussi, du coup on tend à faire moins d'enfants, justement pour assurer à ceux présent le maximum d'attentions pour leur avenir, etc. etc. Et on glisse gentiment vers le culte de l'enfant.
C'est très résumé et brouillon, je m'en excuse. J'ai des références plus précises mais bon, je vais pas vous gonfler plus longtemps avec ça :lol:
Merci à Darlee, Lenore et Lexy pour leurs super interventions ;)