Je vous ai déjà dit tout ça mais ça me dérange pas de le répéter, parce que dire et redire, c'est forcément utile.
J'ai découvert le sexe et ses plaisirs à une époque où le sida n'avait pas encore été identifié. Beaucoup (presque toutes) les filles prenaient la pilule et on faisait l'amour sans capote. Puis le Sida est arrivé et au début même les chercheurs ne comprenaient pas tout. Ca peut paraitre trés space aujourd'hui mais je me souviens clairement qu'au début ils séparaient en deux populations les gens infectés par le HIV. Ceux qui étaient infectés et qui allaient mourir et ceux qui étaient "porteurs sains" et qui donc étaient comme immunisés. Trés vite on a compris qu'il s'agissait pas de ça. Pour le moment, la mort est toujours au bout.
Un des problèmes du Sida est qu'il est devenu une sorte de maladie mythologique et même romantique dans le sens littéraire du terme. Je sais que ces deux termes ont de quoi choquer mais j'vais vous expliquer ma vision.
C'est une maladie qu'on contracte par amour (même s'il n'est que physique), qui peut tuer et comme disait bataille, de laquelle on peut se protéger. Mais tout le monde n'en a pas envie. Tout le monde ne souhaite pas vivre vieux. Et certains parmi les gens de ma génération, sont parfois si cyniques et désabusés de la vie et du monde qu'ils décident de s'en remettre au hasard, et de le laisser décider de leur avenir. Un peu comme on déciderait de se suicider en jouant à pile ou face ou à la roulette russe. Comme avoir une possibilité de mourir mais sans en faire le choix soi-même.
Mais avoir le Sida, c'est tout sauf romantique. C'est ne pas faire de projets, c'est avoir un horizon plus qu'incertain, c'est souffrir, c'est faire souffrir ceux qui vous aiment.
Certains pensent aussi que le risque n'est pas si grand que ça. Possible, puisque finalement le nombre d'infectés est relativement faible. (Même si dans l'absolu, ça fait quand même beaucoup de monde). Alors la bonne question, c'est de se demander à partir de quel pourcentage de gens malades vous utiliseriez obligatoirement une capote. 10% ? 20%? 50% 95%.
Vous voyez la bétise de répondre à une question pareille ? Oui ?
Donc la seule bonne réponse serait de dire que tant que cette maladie existera, vous vous protégerez.
Et c'est pour moi, aujourd'hui la seule attitude à adopter, et en chaque occasion. Ne pas faire confiance à quelqu'un parce que ce même quelqu'un peut ignorer sa sérologie. C'est ne pas céder à l'envie de rapports oraux non protégés, donc souvent y renoncer tout court. Et ensuite lorsqu'on a été fidèles un certain temps faire un test conjoint et faire ensuite l'amour sans entrave, comme si on s'offrait une nouvelle virginité.
Il donc fallu que j'apprenne le réflexe capote, mais ça n'a pas été plus difficile que de me mettre à boire mon café ou mon thé sans sucre. Les deux ou trois premières fois, ça m'a paru trés bizarre. Mais maintenant c'est faire l'amour sans capote ou boire mon thé sucré qui me paraitrait space.
Pour finir cette réponse un peu longue, je voudrais juste dire un truc trés con (je sais bien le faire) mais pourtant trés juste.
Pour éradiquer le Sida de l planète, il suffirait que plus personne ne l'attrappe et dans deux générations on en aurait fini avec cette maladie de l'amour qui tue sans sentiment.
Donc protégez-vous.